Les marchés boursiers chinois ont continué de reculer hier, au lendemain d'un plongeon spectaculaire qui a affecté les places mondiales et malgré les nouvelles mesures d'urgence annoncées par Pékin. Ces derniers jours, l'inquiétude des investisseurs a été renforcée par la publication d'une série de mauvais indicateurs concernant la deuxième économie mondiale avec notamment la contraction de la production manufacturière en juillet, au plus bas depuis 15 mois, selon une étude préliminaire. Hier, au terme d'une journée en montagnes russes, qui l'a vu chuter de plus de 5%, l'indice composite shanghaïen a finalement cédé 1,68%, ou 62,56 points, à 3663 points, dans un volume d'affaires de 685,1 milliards de yuans (99,7 milliards d'euros). La Bourse de Shenzhen, deuxième place de Chine continentale, a aussi limité la casse: l'indice composite a perdu 2,24%, ou 48,39 points, à 2 111,70 points, dans un volume d'affaires de 618,8 milliards de yuans (90,1 milliards d'euros). Après avoir ouvert sur un plongeon de plus de 4%, la Bourse de Shanghai est donc parvenue à éviter une réédition de la dégringolade catastrophique de lundi (-8,48%), la pire de l'indice en plus de huit ans, qui a affecté l'ensemble des grandes places boursières dans le monde. Ce nouveau plongeon a conduit le régulateur chinois à assurer lundi soir qu'il allait continuer sa politique de rachat d'actions pour tenter d'endiguer la débâcle entamée le mois dernier. "L'intervention gouvernementale n'a pas suffi pour enrayer la glissade du marché, elle n'a fait que la retarder", a commenté Castor Pang, chercheur chez Core-Pacific Yamaichi à Hong Kong, cité par Bloomberg News.
Pas de retour à la confiance Pékin semble donc atteindre les limites de son action pour stabiliser ses marchés où, contrairement à d'autres pays, on compte parmi les investisseurs une écrasante majorité de particuliers, au comportement jugé imprévisible. "Je me suis débarrassé de 90% de mes titres après avoir lu que les marchés allaient (encore) subir une correction", a ainsi confié Ling Lihui, manager d'un bureau d'études, qui a vendu ses actions vendredi. Pour enrayer la débâcle des Bourses de Shenzhen et de Shanghai --cette dernière avait plongé de quelque 30% en trois semaines après la mi-juin-- les autorités avaient déjà déployé ces dernières semaines une batterie de mesures. Les régulateurs ont interdit aux actionnaires possédant plus de 5% dans une entreprise cotée de vendre leur participation au cours des six prochains mois. Des opérations de police ont été également lancées contre des ventes à découvert jugées illégales. Une centaine de grands groupes étatiques chinois se sont par ailleurs vu interdire de vendre les actions de leurs filiales cotées. De son côté, la banque centrale chinoise (PBOC) a assuré qu'elle fournirait des liquidités abondantes pour stabiliser les Bourses, via le financement des "opérations sur marge" (achats d'actions par endettement).
Impact limité sur l'économie réelle En outre, les 21 principales maisons de courtage chinoises se sont engagées à investir au moins 19 milliards de dollars supplémentaires sur les marchés. La correction des Bourses chinoises avait elle-même suivi une envolée de 150% de la Bourse de Shanghai en douze mois, en déconnexion flagrante avec l'économie réelle en douloureux ralentissement. La Bourse de Shanghai était repassée au-dessus du seuil symbolique des 4000 points mardi dernier. Vendredi, elle a terminé sur une baisse de 1,29%, mettant un terme à six séances consécutives de hausse. Avant de s'effondrer lundi. Certains analystes relativisent toutefois la portée de cette correction boursière. "Nous estimons que ces ventes massives d'actions boursières (en Chine) n'ont qu'une conséquence limitée sur l'économie réelle", a estimé mardi la banque Nomura. La banque ANZ dit refuser de son côté de parler de crise financière mais prévient que les marchés boursiers chinois vont demeurer "très volatils malgré l'ambitieux programme d'assistance lancé par le gouvernement ces dernières semaines".