Coca-Cola, McDonald's, Visa et Budweiser: quatre des plus gros sponsors de la Fifa, plongée dans un vaste scandale de corruption, ont demandé vendredi à Sepp Blatter de quitter son poste sine die. Le Valaisan a aussitôt annoncé qu'il n'accéderait pas à leur requête. Lassés des péripéties judiciaires après l'ouverture la semaine dernière d'une procédure pénale en Suisse contre Blatter, les sponsors sont passés à l'attaque. Pour la première fois depuis le début du scandale de la Fifa, ils ont réclamé publiquement le départ du patron du football mondial. Ce sont d'abord Coca-Cola et McDonald's qui ont lancé une offensive, qui semble concertée, sous la forme de communiqués sans équivoque publiés simultanément. "Pour le bien du football, la compagnie Coca-Cola demande au président de la Fifa, Joseph Blatter, de démissionner immédiatement, afin qu'une procédure de réforme crédible et viable puisse sérieusement commencer", a indiqué le géant des boissons non-alcoolisées. "Une réforme globale et urgente ne peut être accomplie qu'à travers une véritable approche indépendante." "Les événements des dernières semaines ont continué de ternir la réputation et diminué la confiance du public en son leadership", a déploré de son côté McDonald's. Visa et Budweiser, a enfoncé le clou: "nous ne croyons pas qu'une réforme profonde de la Fifa puisse avoir lieu avec la direction actuelle, et après les événements de la semaine dernière, il est clair qu'il est dans les meilleurs intérêts de la Fifa et du football que Sepp Blatter démissionne immédiatement". Le groupe Anheuser Busch InBev, maison mère du brasseur Budweiser, a indiqué de son côté qu'il serait "bienvenu" que M. Blatter quitte son poste. "Nous croyons que sa présence est un obstacle au processus de réforme", a souligné le numéro un mondial de la bière.
Refus catégorique La réponse de Blatter n'a pas tardé: par la voix de son avocat américain, il a indiqué qu'il resterait à son poste jusqu'en février prochain. "Si Coca-Cola est un sponsor apprécié de la Fifa, M. Blatter est, malgré tout son respect, en désaccord avec sa position et pense que quitter son poste maintenant ne serait pas dans le meilleur intérêt de la Fifa ni ne servirait le processus de réforme. C'est pourquoi il ne démissionnera pas", a expliqué son avocat, Richard Cullen. L'offensive des sponsors a été saluée par le président de la Fédération anglaise (FA), Greg Dyke. "Je pense que c'est quelque chose qui peut changer la donne. Peu importe ce que dit M. Blatter maintenant, si les gens qui financent la Fifa veulent un changement, ils l'auront", a-t-il estimé. "Pour ceux d'entre nous qui veulent un changement radical, c'est une bonne nouvelle", a-t-il conclu.
Procédure pénale Depuis le 27 mai et l'arrestation de plusieurs hauts responsables du football mondial dans un hôtel à Zurich, sous l'impulsion de la justice américaine et sur fond de soupçons de corruption à grande échelle, la Fifa vit au rythme des révélations et des scandales. Vendredi dernier, le Ministère public de la Confédération (MPC) a annoncé l'ouverture d'une procédure pénale à l'encontre de Sepp Blatter, qu'il soupçonne de "gestion déloyale et, subsidiairement, d'abus de confiance". En cause dans cette affaire, le versement présumé illégal de deux millions de francs en faveur de Michel Platini, président de l'UEFA et favori, jusqu'ici, à sa succession. Le Valaisan, président de la Fifa depuis 1998, a remis son mandat à disposition le 2 juin jusqu'à de nouvelles élections le 26 février. Par ailleurs, dans une autre affaire, il est accusé par la justice d'avoir "signé un contrat défavorable" à la Fifa avec l'Union caribéenne de football (Concacaf). En clair, Sepp Blatter aurait vendu en dessous des prix du marché les droits de diffusion TV des Mondiaux-2010 et 2014.