Les prévisions de la croissance de la demande de pétrole de l'Opep pour 2008 demeurent inchangées. Dans son rapport mensuel sur les marchés pétroliers, publié vendredi, l'Opep estime la croissance de la demande mondiale de pétrole à 1,3 million en 2008, estimation inchangée par rapport à la précédente. "Les perspectives de 2008 sont de plus en plus assombries par le ralentissement prévisible de l'économie des Etats-Unis et d'autres économies de l'OCDE et par les turbulences constantes des marchés financiers à la suite de l'intensification de la crise du crédit immobilier subprime", lit-on dans le rapport. Par ailleurs, l'Opep, qui fournit environ 40 % du pétrole brut mondial, a déclaré dans son rapport que certaines des conditions ayant conduit le pétrole à atteindre des niveaux record ont récemment diminué. "L'amélioration de la situation géopolitique et les perspectives de ralentissement économique devraient permettre de détendre un peu plus les pressions sur le marché", expliquent les économistes de l'organisation, basés à Vienne. Les prévisions de l'Opep sur la demande mondiale de pétrole en 2008 est nettement inférieure à celles de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). En effet, l'AIE est plus optimiste. Dans son rapport mensuel sur le marché pétrolier publié le même jour, elle prévoit que la demande va progresser de 2,1 millions de barils par jour (bpj) l'année prochaine, soit 200.000 bpj de plus que sa précédente projection. L'AIE y trouve deux raisons principales ; demande croissante chez les pays non-OCDE (Organisation de coopération et développement économiques), et l'arrivée d'un hiver normal début 2008 dans les Etats membres après la température plus douce de fin 2007. "Une grande partie de cette demande vient de pays hors OCDE, où nous n'avons pas de révisions à la baisse des prévisions de croissance économique", a expliqué Lawrence Eagles, qui dirige la division industrie et marchés pétroliers de l'AIE. Cet écart entre les prévisions de l'Opep et celles de l'AIE illustre, selon les analystes, la réticence de l'Opep à accroître officiellement sa production, même après les récents records des cours, avec un brut léger américain qui a avoisiné les 100 dollars le mois dernier. L'AIE a incité pendant une bonne partie de l'année l'Opep a augmenter sa production, pour permettre aux pays consommateurs d'augmenter leurs stocks pétroliers et entraîner une baisse des cours. Selon l'agence qui défend les intérêts des pays consommateurs, les stocks des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (0CDE) ont diminué de 22,4 millions de barils en octobre, pour représenter 52,6 jours de demande, juste en dessous de la moyenne sur cinq ans. Mais l'Opep a décidé, à l'issue de sa dernière réunion, le 5 décembre dernier, de laisser en l'état ses volumes de production, après avoir observé que les fondamentaux du marché n'avaient globalement pas changé, que le marché continuait d'être bien achalandé et que les réserves de brut et de produits commerciaux restaient à un niveau confortable. Concernant les prix du pétrole, l'AIE estime que "le prix de 90 dollars reflète la perturbation qui continue de marquer le marché", lit-on dans le document qui "écarte toute stabilité avant la fin de la saison des grands froids". La hausse cyclique des prix sur le marché, durant le deuxième semestre de l'année prochaine, pourrait faire progresser le prix du baril à 105 dollars à la fin 2008, ajoute le document.