Dans une allocution prononcée jeudi à Genève lors du débat de haut niveau de la Conférence internationale sur "la prévention de l'extrémisme violent", tenue les 7 et 8 avril courant, et en présence du secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, du chef du département fédéral des Affaires étrangères de la Confédération suisse, Didier Burkhalter, de ministres et de chefs de délégations étrangers, le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, a affirmé que la stratégie mise en œuvre par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a permis de "contrer efficacement" le discours extrémiste, tout en rappelant les dispositions de la Constitution amendée dans ce sens. M. Messahel a indiqué que c'est "sous l'impulsion" du Président de la République qu'a été mise en œuvre, depuis plus d'une décennie, une stratégie de lutte contre l'extrémisme violent et de dé-radicalisation. Relevant que cette stratégie, a permis de "contrer efficacement le discours extrémiste et ses effets néfastes et de réduire sensiblement son impact sur la société et la jeunesse en particulier", arguant du "nombre fort réduit de combattants terroristes étrangers sortis d'Algérie". M. Messahel a relevé que la Constitution révisée souligne, que "le peuple entend garder l'Algérie à l'abri de la fitna, de la violence et de tout extrémisme, en cultivant ses propres valeurs spirituelles et civilisationnelles de dialogue, de conciliation et de fraternité dans le respect de la Constitution et des lois de la République". Détaillant le contenu de la stratégie de lutte contre l'extrémisme en Algérie, M. Messahel a indiqué que celle-ci repose, en premier lieu, sur "la conviction que la démocratie constitue le meilleur rempart et la meilleure arme pour lutter contre l'extrémisme violent et le terrorisme, en ce qu'elle permet de montrer la réalité du discours extrémiste ainsi que les dangers et les menaces qu'il véhicule. Elle permet de le marginaliser, de le discréditer et de le faire rejeter par la société". Elle s'appuie, en second lieu, sur la place accordée à "l'approfondissement constant de l'Etat de droit et au respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales, ainsi que la mise en place d'institutions et de normes fondées sur cette base", a-t-il poursuivi. En troisième lieu, il s'agit de "la promotion de la bonne gouvernance en adéquation avec les normes les plus exigeantes en la matière soutenue par la promotion de la justice sociale, l'égalité des chances et une lutte sans répit contre les fléaux sociaux, lesquels sont effectivement des motifs à ressentiment et à exploiter par les tenants de l'extrémisme violent". Il a, en outre, évoqué la mise en œuvre de la politique de réconciliation nationale ayant incité des milliers de repentis à se rendre de leur "propre gré" permettant, par conséquent, à un grand nombre d'entre eux une réinsertion sociale, en même temps que le retour à la stabilité politique, économique, sociale et institutionnelle au pays, pour "consacrer ses énergies à la construction et au développement dont il a tant besoin". La stratégie de lutte contre l'extrémisme appliquée en Algérie repose également sur "l'importance centrale de la construction d'un Etat fort et juste, fondé sur la primauté du droit au service exclusif de la nation, capable de garantir la pérennité de l'ordre constitutionnel librement choisi par le peuple et d'offrir à ce dernier la sécurité et la protection dont il a droit face aux menaces de l'extrémisme violent et du terrorisme", a-t-il ajouté.
Intégrer la jeunesse algérienne à l'économie nationale En sixième lieu, le ministre a cité la mise en œuvre de politiques économiques et sociales "guidées par le souci d'offrir à la jeunesse les opportunités d'emplois qu'elle recherche ainsi que des perspectives réelles d'épanouissement individuel". Il a relevé, entre autres incitations à l'intégration de la jeunesse algérienne à l'économie nationale, la facilitation de l'accès au crédit et la création de micro ou de petites entreprises ainsi que la formation professionnelle ayant contribué à "réduire sensiblement le chômage et à détourner la jeunesse du discours extrémiste". En septième lieu, M. Messahel a évoqué la réforme de l'école algérienne avec, l'objectif de "développer chez l'enfant l'esprit critique, la connaissance des valeurs nationales et universelles ainsi que les fondements de la citoyenneté et les responsabilités qu'elle implique". La stratégie en question a englobé, par ailleurs, des mesures judiciaires et pénitentiaires autour de "la suppression des juridictions d'exception et leur remplacement rapide par des pôles spécialisés, le maintien du moratoire sur la peine de mort décidé en 1993 ainsi que la mise en œuvre en milieu carcéral d'un ensemble de mesures fondées sur le principe de la défense sociale", a-t-il soutenu. Selon lui, il s'agit de "faire de l'application des peines un moyen de protection de la société et visant à éliminer l'influence du discours extrémiste et offrir à ses partisans des opportunités de repentance et de réinsertion dans la société", ajoutant que ces mesures incluent aussi la promotion de la formation scolaire, universitaire et professionnelle des détenus. En neuvième lieu, a poursuivi le ministre, "d'importants efforts et moyens ont été mobilisés pour consolider les fondements du référent religieux national par la promotion d'un Islam authentique fait d'humanisme, de tolérance et d'harmonie sociale". Le développement d'un ensemble de politiques centrées sur la famille, la société civile et l'environnement social afin de les mobiliser dans cette lutte contre l'extrémisme violent, représente le dernier axe de cette stratégie, a indiqué M. Messahel, rappelant l'organisation, par l'Algérie en juillet 2015, d'une "importance" conférence internationale sur cette question, donnant lieu à un ensemble de "conclusions opérationnelles", consignées dans un recueil et officiellement remis à la direction exécutive du contre-terrorisme des Nations Unies pour diffusion aux Etats membres.
Des phénomènes de portée globale "L'extrémisme violent, comme le terrorisme, sont des phénomènes de portée globale dont aucune région ni aucun pays n'en sont à l'abri. Ils représentent un défi qui interpelle nos pays respectifs, collectivement et individuellement, de par les dangers qu'ils font peser sur les valeurs de paix, de tolérance, d'ouverture, de dialogue et de coopération qui nous unissent", a-t-il poursuivi. Ceci, d'autant plus que "grâce au prodigieux développement, au large et facile accès aux nouvelles technologies de l'information et de la communication, les tenants de l'extrémisme violent portent, aujourd'hui, leurs messages destructeurs et leur propagande sectaire auprès de larges couches de la population mondiale, en particulier les jeunes et les couches les plus vulnérables". D'un autre coté M. Messahel, a estimé que cette conférence ainsi que le Plan d'action pour la prévention de l'extrémisme violent soumis par M. Ban Ki-moon "attestent de la prise de conscience collective de la gravité de cette menace et de l'urgence de sa prise en charge par une action qui doit nécessairement s'inscrire dans le long terme". Soulignant que le Plan d'action, "représente un effort louable pour mieux comprendre, cerner et combattre l'extrémisme violent ". M. Messahel a plaidé, en conclusion, pour un travail en commun pour le "rejet des extrémismes quelles que soient leurs formes d'expression, y compris aujourd'hui l'islamophobie et la xénophobie, que le Plan soumis gagnerait à inclure, tout autant d'ailleurs qu'une définition plus complète et plus précise de l'extrémisme violent, afin que les efforts à fournir sur le long terme, à cette fin, ne soient davantage influencés par la seule conjoncture actuelle dominée par la lutte contre le terrorisme".