Le pétrole a confirmé hier matin son rebond sur les 97 dollars, après l'annonce de l'assassinat de Benazir Bhutto au Pakistan, jeudi. Dans les échanges matinaux, le baril de "light sweet crude" pour livraison en février gagnait 39 cents à 97,01 USD le baril. Sur l'Intercontinental Exchange de Londres, un baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en février également, s'échangeait à 94,81 USD, en hausse de 3 cents. Les cours avaient grimpé la veille à des niveaux plus vus depuis un mois : ils ont atteint 97,79 USD à New York, soit à 1,50 USD seulement du record historique de 99,29 USD atteint le 21 novembre. A Londres, les prix s'étaient hissés jusqu'à 95,87 USD le baril. Les cours du pétrole s'en ressentent car cet assassinat frappe une région stratégique. L'inquiétude gagne les marchés. La disparition de Benazir Bhutto suscite des inquiétudes sur la stabilité du Pakistan, qui est le seul pays islamique doté de l'arme nucléaire. "La mort de Bhutto pourrait aggraver les tensions géopolitiques, et faire ainsi monter les prix du brut", a estimé Prayoga Triyono, gérant chez Henan Putirai Asset Management à Jakarta. Les prix de l'or et du pétrole ont grimpé en Asie, le cours du baril se rapprochant de la barre des 100 dollars. L'attentat contre l'ancien Premier ministre pakistanais, combiné à de mauvais indices de l'économie américaine, ont convaincu des investisseurs inquiets de se positionner sur des marchés plus sûrs, ont expliqué des courtiers. En effet, les marchés boursiers en Asie-Pacifique ont reculé vendredi dans le sillage de Wall Street qui a enregistré de fortes pertes sur fond de craintes d'instabilité déclenchées par l'assassinat du chef de l'opposition pakistanaise. "Le marché a intégré aux prix du pétrole une prime liée à la montée du risque géopolitique consécutive à l'assassinat de Mme Bhutto", soulignaient les analystes de Sucden. La disparition de Mme Bhutto suscite des inquiétudes sur la stabilité du Pakistan, au cœur d'une région déjà très instable. Mais, passée la réaction réflexe du marché, certains analystes tenaient à relativiser la portée de l'évènement. "Les événements au Pakistan ont peu d'impact sur l'offre ou la demande de pétrole", explique Olivier Jakob, directeur du cabinet Petromatrix. "Nous considérons qu'une prime de risque est justifiée en ce qui concerne les tensions entre la Turquie et les rebelles kurdes d'Irak, et en ce qui concerne le Nigeria, mais nous n'exagérerons pas la portée des événements au Pakistan", a-t-il ajouté. Par ailleurs, les cours profitaient encore des nouvelles de mercredi sur les stocks américains. Les stocks de pétrole ont baissé de 3,3 millions de barils la semaine dernière, à 293,6 millions d'unités. Un repli plus fort que prévu par les analystes, qui tablaient sur un déstockage de seulement 1,2 million de barils. Une nouvelle qui a tout de suite fait grimper le brut sur le Nymex. L'or noir a pris 68 cents, soit une hausse de 1,3%, à 96,65 dollars le baril. Les stocks d'essence ont à l'inverse progressé de 700.000 barils, tandis que les réserves de produits distillés ont chuté de 2,8 millions de barils. Il s'agit de la sixième baisse hebdomadaire consécutive des réserves. Préoccupés par la perspective d'un ralentissement de la demande pétrolière dans le sillage de l'affaissement prévu de l'économie des Etats-Unis, les opérateurs avaient récemment négligé la baisse continue des réserves américaines. Mais les inquiétudes sur la précarité de l'approvisionnement se sont de nouveau matérialisées jeudi.