"Le gouvernement engagera une transition durant laquelle une adéquation des politiques publiques et sectorielles, une rénovation de la gouvernance économique et l'émergence de facteurs de marché qui permettront de mettre en place une économie où la forte dépendance aux hydrocarbures et la dépense publique seront réduites graduellement", indique le document sanctionnant les travaux de la 19eme tripartite (Gouvernement-UGTA-patronat) tenue sous la présidence du Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Et parmi l'un des secteurs sur lequel se base ce nouveau modèle économique annoncé à l'issue de la tripartite, il y a lieu de noter celui de l'économie numérique. Ce qui explique notamment le fait que le poste de ministre délégué auprès du ministre des Finances, chargé de l'Economie numérique et de la Modernisation des systèmes financiers, vient d'être créé à la faveur du dernier remaniement partiel du gouvernement décidé par le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika. Ce nouveau poste a été d'ailleurs annoncé d'une manière indirecte par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, lors de sa dernière visite dans la wilaya de Tizi Ouzou. En effet, lors de sa visite dans cette wilaya le 29 mai dernier, M. Sellal avait indiqué que l'un des points à débattre lors de la tripartite, figure la question du nouveau modèle économique et des mesures devant "nous permettre d'aller vers une politique de croissance qui constitue la seule solution pour nous". Il a relevé que "pour éviter l'endettement extérieur, nous devons apprendre à compter sur nos potentialités génératrices de richesse et de postes d'emplois". M. Sellal a noté, dans ce sens, que l'investissement devait être orienté vers l'industrie, l'agriculture, ainsi que vers l'économie numérique, annonçant "la possibilité même de créer un ministère dédié à l'économie numérique". C'est ainsi que le remaniement du gouvernement, décidé samedi dernier par le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, est marqué par la création d'un poste de ministre délégué chargé de l'Economie numérique et de la Modernisation des systèmes financiers, confié à M. Boudiaf Mouatassem. M. Boudiaf, expert en économie numérique et en systèmes bancaires, occupait le poste de DG du Groupement d'intérêt économique de la monétique. Dans une allocution, lue au nom de la ministre de la Poste et des Technologies de l'Information et de la Communication, par Mme Radia Belberkani, responsable au MPTIC, lors des travaux du 1er forum algéro-français sur le numérique, la ministre a affirmé que l'émergence de l'économie numérique ne peut se réaliser "sans une volonté forte" pour amorcer cette mutation économique et sociale. Pour elle, "cette économie du numérique devient réellement transversale avec les transformations qui touchent aussi bien l'industrie que les services et ce, dans tous les domaines d'activité comme la santé, l'agriculture, l'éducation, la sécurité, le bâtiment et la culture". Soulignant la nécessité de "favoriser" l'émergence d'une industrie des TIC, elle a indiqué que son ministère "concentre ses efforts" pour développer les capacités matérielles et humaines permettant de saisir les possibilités offertes par les TIC. "Notre secteur a engagé non seulement des réflexions mais surtout des actions favorisant l'émergence d'un environnement propice au développement d'une industrie des TIC en Algérie, tant sur le plan des affaires, des mécanismes de financement et de partenariat public/privé, que sur le plan réglementaire dans le but d'assouplir les procédures et les démarches administratives", a-t-elle fait valoir. Le développement de l'industrie numérique en Algérie, la lutte contre la fraude dans le domaine du paiement électronique, la promotion d'une industrie locale de développement du contenu numérique et de l'utilisation des TIC, sont donc bien lancés. Ce qui fait qu'on doit donc obligatoirement développer l'économie numérique et de la modernisation des systèmes financiers, pour concrétiser le nouveau modèle économique de croissance, qui vient d'être adopté et qui devrait à l'avenir "mener, selon une démarche graduelle, une politique de diversification économique, de transformation structurelle et de rénovation du modèle de financement de l'économie basée sur une vision économique et sociétale. Il y a lieu de noter que cela va de pair avec le développement du E-paiement alors que l'on doit surtout passer directement au m-paiement, les transactions par mobile. Puisqu'aujourd'hui le m-paiement est maîtrisé de par le monde et on parle de la banque mobile, de la poste mobile. Cela existe. Pourquoi passer par une phase intermédiaire qui est le e-paiement ", a expliqué la ministre des Télécommunications, le 16 février dernier. L'introduction du commerce en ligne est en phase de préparation. Selon la ministre, le volet réglementaire doit être réglé pour " préserver l'intérêt (du consommateur) et sécuriser les transactions en ligne ". Avant d'aller vers le m-paiement, la ministre des Télécommunications a insisté sur la diversification de l'industrie des contenus algériens. " Il faut que les internautes algériens puissent trouver un contenu national, un contenu industriel, un contenu économique. Il faut pouvoir payer en ligne, il faut pouvoir faire ses transactions en ligne, travailler en ligne, échanger, surveiller son domicile, se connecter à sa voiture à sa maison. C'est-à-dire tout ce que l'Internet des objets permet aujourd'hui. Mais il ne faudrait pas faire l'erreur de l'importer. Il faudrait le créer en s'appropriant cette technologie, l'industrie du contenu demande de la matière grise et rien d'autre ", a précisé la ministre. C'est la raison pour laquelle on parle bien de développer l'Economie numérique car il y a des étapes dans ce domaine et des réalisations qui ont été déjà mise en pratique. Un exemple à citer n'est autre que l'unité de fabrication de cartes à puce HB Technologies de Rouiba. Celle-ci a été visitée par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, au mois de juillet dernier. Située dans la zone industrielle de Rouiba, l'entreprise, créée en 2004, est considérée comme le "leader" du marché de production et personnalisation de cartes intelligentes et de développement de logiciels en Algérie. Dotée d'une certification iso 9001, HB Technologies fournit aussi des solutions pour le secteur de la monétique et l'identitaire. Elle produit notamment des cartes SIM (puces téléphoniques), cartes de recharges, de fidélité et d'identification bancaires, des puces de contrôle d'accès logique et des cartes pour le paiement électronique. HB Technologies fabrique principalement des cartes SIM pour les opérateurs de la téléphonie mobile Mobilis, Ooredoo et Djezzy, ainsi que les cartes électroniques CCP d'Algérie Poste. Elle réalise aussi, pour le ministère de la Justice, des cartes PKI (signature électronique) relatives au casier judiciaire, et, au niveau international, des cartes de carburant pour le groupe pétrolier Shell zone Afrique. HB Technologie, qui emploie actuellement 140 personnes, est une SARL au capital social de 990 millions de dinars avec un montant d'investissement de 1,4 milliard de dinars.