Hier, le président français " doutait " de l'utilité d'une rencontre avec Vladimir Poutine. Aujourd'hui, il se dit prêt à le rencontrer " à tout moment ". Ce week-end encore, François Hollande qualifiait la Russie de pays discrédité aux yeux du monde; aujourd'hui, il insiste sur des pourparlers… Monsieur Hollande, il serait temps de se décider! Ce dimanche, François Hollande se posait " encore la question " de la nécessité recevoir Vladimir Poutine lors de sa venue à Paris le 19 octobre, compte tenu des " crimes de guerre " commis à Alep, et le prix à payer, " y compris devant la Cour pénale internationale ". Mais juste après l'annulation par Vladimir Poutine de sa visite à Paris, le président français a changé d'avis et s'est dit " prêt " à rencontrer le président russe " à tout moment ". Une démarche, déjà qualifiée par certains hommes politiques français de " diplomatie d'opérette ". " A un moment où on a besoin d'avoir une discussion franche avec la Russie, on verse dans la diplomatie d'opérette avec un président (…). C'est affligeant ", a commenté le président du groupe LR à l'Assemblée Christian Jacob. Quant à la discussion… Après le veto mis par Moscou sur un texte français sur la Syrie à l'Onu, le président de la République disait refuser tout dialogue avec Vladimir Poutine. Mais les tensions diplomatiques entre Paris et Moscou liées à la guerre en Syrie ont débouché sur l'annulation de la visite de Vladimir Poutine. Un résultat auquel ne semblait pas s'attendre le président français. " Avec la Russie, le dialogue est nécessaire mais il doit être ferme et franc ", a déclaré le président français devant l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe. Le bon sens a-t-il finalement triomphé, ou le président français nous fait-il tout simplement part de ses états d'âme? Dans tous les cas, les observateurs commencent à avoir du mal à suivre. Irresponsable "Comment trouve-t-on des solutions si on ne parle pas?". L'ex-président français Nicolas Sarkozy a sévèrement critiqué l'approche adoptée par son successeur François Hollande dans les relations avec la Russie. Suite à l'annulation de la visite du président russe Vladimir Poutine en France, l'ex-président de la République et le candidat à la primaire de la droite Nicolas Sarkozy a fustigé la politique de François Hollande à l'égard de la Russie. " Je regrette la politique conduite avec constance vis à vis de la Russie. J'ai des désaccords avec Monsieur Poutine mais je considère que le devoir de la France, l'intérêt de la France et de l'Europe, c'est que la Russie, la France et l'Europe dialoguent ", a-t-il déclaré lors d'une visite en Haute-Savoie. " Comment va-t-on arranger la situation si on ne parle que par communiqués interposés, si on se fait la tête, si on entre dans une nouvelle Guerre froide? C'est irresponsable", a lancé Nicolas Sarkozy avant de marteler: " Comment trouve-t-on des solutions si on ne parle pas ? " L'ex-premier ministre français et candidat à la primaire de la droite François Fillon a lui aussi critiqué la position du président. " On peut contester et réprouver la stratégie russe mais il ne servait à rien d'humilier la Russie. De Gaulle discutait et s'alliait avec Staline pour abattre le nazisme. Hollande, lui, esquive Poutine alors que tout devrait être entrepris pour juguler le totalitarisme islamique et trouver une issue à la guerre ", a-t-il déclaré dans un communiqué. Maladroit François Hollande, comme président français, s'est montré maladroit, ayant rendu publiques ses hésitations concernant la réception de son homologue russe, qui a finalement ajourné sa visite officielle à Paris, a déploré le sénateur de Paris Yves Pozzo di Borgo dans une interview accordée à Sputnik. " Tout d'abord, je trouve que François Hollande a été maladroit. Parce que le dialogue ne se fait pas comme ça publiquement. Hollande s'est cristallisé sur cette affaire de Syrie ", a poursuivi le parlementaire, même si le programme de la rencontre a été changé par l'Elysée. Selon lui, cette non-visite, qui accentue les tensions actuelles franco-russes, est d'autant plus déplorable dans le contexte d'un dialogue discret entre les deux numéros un. " On a besoin de l'accord de la Russie pour trouver des solutions en Syrie. Quand les Américains bombardent l'hôpital de Médecins sans frontières, tout le monde se tait. Les hôpitaux en Afghanistan de MSF ont été bombardés par les Américains, et la seule enquête, américaine, a dit : non. (…) Je trouve ça excessif ", a estimé M. Pozzo di Borgo. D'après l'expert, " on ne comprend pas la politique de Hollande " dans cette situation. Le 9 octobre, la Russie a, comme elle l'avait annoncé, mis son veto à une résolution présentée par la France à l'Onu, qui appelait à une cessation immédiate des bombardements à Alep, et a proposé son propre texte à l'Onu, mais il n'a pas recueilli le nombre de voix nécessaires. Vladimir Poutine devait se rendre à Paris le 19 octobre prochain. Dimanche, François Hollande s'interrogeait sur la nécessité d'une rencontre avec le président russe. Jean-Marc Ayrault assurait quant à lui que s'il y avait une réunion, elle devrait porter sur la Syrie. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a annoncé le 11 octobre que le président russe avait annulé sa visite à Paris en raison de la modification du programme des évènements prévus à Paris.