Les députés sud-coréens ont commencé à voter hier une motion de destitution de la présidente Park Geun-Hye qui la priverait de ses pouvoirs exécutifs. Il s'agit d'un nouvel acte du scandale de corruption qui a précipité des millions de personnes dans la rue. Les 300 députés de l'Assemblée nationale déposaient leur bulletin dans l'urne pour ce scrutin anonyme. Pour l'emporter, la motion doit recueillir les deux tiers des voix. "Nous devons prendre une décision historique alors que tout le pays nous regarde", a déclaré le député d'opposition Kim Kwan-Young en présentant le texte. "La présidente Park a oublié sa mission de présidente (...) et violé le pouvoir qui lui est conféré par le peuple". Si le texte est adopté, Mme Park serait immédiatement suspendue de ses fonctions, qui seraient confiées au Premier ministre. Elle conserverait son titre de présidente, le temps que la Cour constitutionnelle valide ou non la motion, ce qui pourrait prendre jusqu'à six mois. Quelle que soit l'issue du vote, il s'agit d'une disgrâce pour la présidente, confrontée à la perspective d'être le premier chef de l'Etat sud-coréen démocratiquement élu à être mis dehors. Mme Park est entrée à la Maison bleue, la présidence sud-coréenne, en affirmant ne rien devoir à personne et être "mariée à la nation". Plusieurs accusassions La motion de l'opposition l'accuse de violations de la Constitution et de délits pénaux, échec à protéger le peuple, corruption, abus de pouvoir... La semaine dernière, le texte avait obtenu le soutien des 171 députés indépendants et de l'opposition. Il lui manquait donc celui de 29 membres du parti conservateur de Mme Park, le Saenuri. Les députés Saenuri anti-Park ont soufflé le chaud et le froid sur leurs intentions, mais semblent désormais décidés à voter le texte. Tous les députés de l'opposition ont menacé de démissionner en cas de rejet du texte. Cette motion de destitution s'explique en bonne partie par les manifestations de millions de personnes descendues dans la rue pour exiger le départ de la présidente qui refusait de démissionner. Le scandale est centré sur Choi Soo-Sil, amie proche de la présidente. Arrêtée début novembre, cette confidente attend son procès pour extorsion et abus de pouvoir. La "Raspoutine" sud-coréenne est accusée d'avoir utilisé ses relations d'amitié avec la présidente pour forcer les groupes industriels à verser environ 70 millions de dollars à des fondations douteuses, et de s'être servie de ces dernières comme tirelire personnele. Elle est aussi soupçonnée de s'être mêlée des affaires de l'Etat. La présidente est suspectée de complicité. Pour la première fois, un chef de l'Etat en exercice a été qualifié de "suspect" par le parquet.