Les députés sud-coréens ont voté, hier, la destitution de la présidente Park Geun-Hye, la privant de ses vastes pouvoirs exécutifs. Cette décision est la conséquence d'un gigantesque scandale de corruption qui a précipité dans la rue des millions de personnes et paralysé le gouvernement. Le texte adopté par 234 voix contre 56, soit largement la majorité des deux tiers des 300 votes nécessaires, a déclenché des manifestations de joie parmi les opposants à la Présidente rassemblés devant l'Assemblée. L'adoption par l'Assemblée nationale de cette motion transfère l'autorité de Mme Park au Premier ministre. Mme Park conserve son titre le temps que la Cour constitutionnelle entérine ou non sa destitution. Ce processus pourrait prendre jusqu'à six mois. « Je suis tellement désolée pour tous les Sud-Coréens d'avoir créé ce chaos national par ma négligence », a-t-elle dit dans une adresse télévisée. « Nous ne devons pas baisser la garde une seule minute, compte tenu de la gravité de la situation ici et à l'étranger, du point de vue économique et de la défense nationale », a-t-elle ajouté. Après un peu moins de quatre ans de mandat, elle affronte la perspective de devenir le premier chef de l'Etat sud-coréen démocratiquement élu à être mis dehors. Sur le papier, la Cour constitutionnelle - qui compte neuf juges nommés par Mme Park ou son camp, lui est favorable - mais cette instance sera soumise à une très forte pression de l'opinion pour valider son départ. La motion de censure accuse Mme Park de violations de la Constitution et de délits pénaux, corruption, abus de pouvoir... Cette destitution s'explique en bonne partie par les manifestations qui ont vu des millions de Sud-Coréens en colère exiger le départ de la Présidente. Le scandale qui fascine le pays et l'étranger est centré sur Choi Soo-Sil, amie proche de la Présidente. Arrêtée début novembre, cette confidente de l'ombre attend son procès pour extorsion et abus de pouvoir. La « Raspoutine » sud-coréenne est accusée d'avoir utilisé ses relations d'amitié avec Mme Park pour forcer les groupes industriels comme Samsung à verser environ 70 millions de dollars à des fondations douteuses, et de s'être servie de ces dernières comme tirelire personnelle. Elle est aussi soupçonnée de s'être mêlée des affaires de l'Etat. La Présidente est accusée de complicité et pour la première fois, un chef de l'Etat en exercice a été qualifié de « suspect » par le parquet.