Afin de contrer la menace terroriste aux Etats-Unis, selon Donald Trump, ce dernier a signé vendredi un décret intitul é "Sur la Protection de la nation contre l'entrée de terroristes étrangers aux Etats- Unis". Le document interdit pendant trois mois l'entrée sur le sol américain de ressortissants de sept pays musulmans, soit l'Irak, l'Iran, la Libye, la Somalie, le Soudan, la Syrie et le Yémen. Les mesures annonc ées par la nouvelle administration américaine figuraient dans le programme électoral du candidat républicain, qui avait également envisagé d'interdire à tous les musulmans de se rendre aux Etats-Unis. A cet effet, le Haut- Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, le Jordanien Zeid Ra'ad Al Hussein, a dénoncé hier le "manque de générosité" du décret anti-immigration du président Donald Trump, contraire aux droits humains. "La discrimination fondée sur la nationalité est interdite par les droits de l'Homme", a tweeté le haut responsable onusien, qui s'exprime très rarement sur les réseaux sociaux. Le décret "américain fait également preuve d'un manque de générosité et gaspille les ressources nécessaires pour lutter contre le terrorisme", a-t-il ajouté. Le décret controversé interdit l'entrée aux Etats-Unis à tous les réfugi és, quelle que soit leur origine, pendant 120 jours (et de façon indéfinie pour les réfugi és syriens). Il l'interdit aussi pendant 90 jours aux ressortissants de sept pays à majorité musulmane considérés comme des viviers terroristes par Washington: Iran, Irak, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen. Cette décision a déclenché des manifestations et condamnations internationales, mais aussi des situations confuses dans les aéroports américains et étrangers avec des personnes bloquées ou refoulées. Dans une déclar a t i o n c o n j o i n t e , l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), deux institutions de l'ONU, ont rappelé samedi que "le programme américain de réinsertion est l'un des plus importants dans le monde". "Les places de réinsertion offertes par chaque pays sont vitales. L'OIM et le HCR espèrent que les Etats- Unis vont continuer à jouer leur rôle important de leader et poursuivre leur longue tradition de protection de ceux qui fuient les conflits et les persé- cutions", ajoutaient leur déclaration. MERKEL DENONCE LE CARACTÈRE ANTIMUSULMAN DU DECRET DE TRUMP La chancelière allemande Angela Merkel a dénoncé hier les restrictions à l'immigration aux Etats-Unis, estimant que les musulmans étaient la cible de cette décision de Donald Trump qui va à l'encontre des principes de l'aide internationale aux réfugiés. "La lutte nécessaire contre le terrorisme ne justifie en aucune manière de généraliser le soupçon contre les personnes en fonction de leur croyance, en l'occurrence ici des personnes de foi musulmane, ou en fonction de leur origine", a-t-elle dit devant la presse, au sujet des restrictions visant les ressortissants de sept pays à majorité musulmane. L'exécutif américain s'est défendu ces derniers jours de toute discrimination religieuse, arguant qu'il s'agissait de décisions destinées à protéger le pays contre une éventuelle infiltration de "terroristes étrangers". Le décret, entré en vigueur vendredi et qui a suscité un immense tollé, interdit pour 90 jours l'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays jugés à risque par Washington: Irak, Iran, Yémen, Libye, Syrie, Soudan et Somalie. Mme Merkel a par ailleurs aussi relevé que les mesures adoptées par le nouveau président américain allaient à "l'encontre de (sa) vision des fondements de l'aide internationale aux réfugiés et de la coop ération internationale". Mme Merkel, qui a ouvert depuis 2015 l'Allemagne à plus d'un million de demandeurs d'asile, a été l'une des cibles de M. Trump. Celui-ci a régulièrement attaqué la politique d'accueil de la chanceli ère et même sous-entendu qu'elle était la cause de l'attentat commis le 19 décembre à Berlin par un demandeur d'asile tunisien débouté (12 morts). POUR TRUMP LES PROBLÈMES DANS LES AEROPORTS SONT LA FAUTE DES MANIFESTANTS ANTID ECRET Donald Trump a rejeté lundi la faute des problèmes rencontr és dans les aéroports américains après la signature de son décret anti-immigration, sur les milliers de manifestants qui se sont mobilisés pour le dénoncer et sur un problème d'ordinateur chez Delta. "Les gros problèmes dans les aéroports ont été causés par une panne d'ordinateur de Delta, les manifestants et les larmes du sénateur Schumer (un sénateur démocrate, NDLR)", a accusé le président américain sur Twitter, soulignant que seulement 109 personnes avaient été arrêtées à leur arriv ée sur le sol américain parmi les 325.000 passagers quotidiens. Le secrétaire à la Sécurité intérieure, John Kelly, "a dit que tout se passait bien avec très peu de problè- mes. L'amerique doit de nouveau être sûre!", a encore tweeté le président. "Essayer de trouver des terroristes avant qu'ils ne rentrent dans notre pays n'a rien de plaisant. Etudiez ce qui se passe dans le monde!". Le décret signé vendredi par le président, qui interdit temporairement l'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de sept pays musulmans ((Iran, Irak, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen) et gèle pour 4 mois toute entrée de réfugiés, a provoqué un tollé aux Etats-Unis et à l'étranger. M. Trump a été critiqué jusque dans son propre camp et des dizaines de milliers de manifestants à travers les Etats- Unis dénoncent un texte qu'ils jugent "anti-musulmans". La précipitation dans laquelle le décret - qui doit empêcher l'arrivée de "terroristes" aux Etats-Unis - a été appliqué et les termes très vagues dans lesquels il est rédigé ont provoqu é la confusion jusque dans les rangs de la police des frontières chargée de l'appliquer. Cette précipitation a d'ailleurs amené plusieurs juges à en suspendre temporairement certaines clauses, empêchant ainsi l'expulsion immédiate de personnes arrê- tées à l'aéroport. Le président a justifié la publication "surprise" en expliquant, d'un tweet, que "si l'interdiction avait été annoncée une semaine à l'avance les 'méchants' se seraient précipit és dans notre pays durant cette semaine. Il y a un tas de méchants 'gars' dans le monde!" Ce premier échec a poussé l'administration à mettre de l'eau dans son vin en particulier sur les détenteurs d'un permis de résident permanent, la fameuse carte verte, mais aussi sur les ressortissants des sept pays visés qui ont une double nationalité.