La Fédération internationale d'athlétisme a fait savoir lundi soir que la Russie, bannie pour dopage institutionnalisé et déjà privée des JO de Rio, ne serait pas réintégrée pour les Mondiaux de Londres l'été prochain. Après les Jeux Olympiques de Rio, la Russie, bannie pour dopage institutionnalisé depuis novembre 2015, sera également privée des Mondiaux d'athlétisme de Londres, en août 2017. C'est ce qu'a annoncé lundi la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF). "La Russie n'est pas prête", a synthétisé le Norvégien Rune Andersen, président de la Task Force, cette structure mise en place par l'IAAF pour conduire une refondation de l'athlétisme russe et de ses pratiques en matière notamment de lutte contre le dopage. Le conseil de l'IAAF, son gouvernement réuni lundi au Cap-d'Ail près de Monaco, a donc suivi les recommandations de l'équipe de Rune Andersen, en prolongeant la suspension de l'athlétisme russe. Les sanctions prises à l'égard de l'athlétisme russe avaient déjà été prolongées en mars et juin 2016. Puis, à l'issue de ce Conseil, Sebastian Coe a précisé que la Russie ne pourrait pas réintégrer, en tant que pays, la famille de l'athlétisme avant au moins novembre 2017. Après les Mondiaux donc.
31 athlètes sous drapeau neutre ? A côté d'avancées significatives, comme les rencontres en janvier à Moscou avec le nouveau ministre des Sports Pavel Kolobkov et les dirigeants de la Fédération russe (Rusaf), la Task Force a relevé des points négatifs, dont les prises de position agressives d'officiels à l'encontre de l'IAAF, et les difficultés de la Fédération russe d'athlétisme à opérer plus de contrôles. Cela ne signifie pas pour autant qu'il n'y aura pas d'athlètes russes à Londres. Les meilleurs athlètes du pays, dont plusieurs champions du monde, peuvent encore espérer participer à ces championnats sous drapeau neutre. La Fédération russe a dévoilé le 1er février les noms des 31 athlètes qui ont postulé à ce statut. Rune Andersen a d'ailleurs précisé que, s'il répondaient aux exigences requises, ces athlètes étaient éligibles dès les championnats d'Europe en salle de Belgrade, début mars. Les candidats au drapeau neutre doivent "n'être d'aucune manière directement impliqués dans l'échec de leur fédération nationale dans la mise en place d'un système adéquat pour promouvoir des sportifs propres". Parmi les plus connus, on trouve Ivan Ukhov, champion olympique du saut en hauteur en 2012, Sergei Shubenkov, champion du monde du 110 m haies en 2015, ou encore Maria Kuchina, championne du monde du saut en hauteur en 2015. L'IAAF a également ouvert la porte des compétitions internationales aux moins de 15 ans russes.
Fin des naturalisations et réforme pour la désignation des villes hôtes Autre sujet sensible : l'IAAF a bloqué les transferts d'allégeance (changements de nationalité de jeunes athlètes), qui dépeuplent de ses talents précoces l'Afrique de l'Est (Kenya, Ethiopie) au bénéfice des monarchies du Golfe et de la Turquie principalement. "Les règlements actuels ne sont plus suffisants pour protéger des abus", a souligné Sebastian Coe. "La situation actuelle est mauvaise. Il y a un marché de talents africains ouvert aux plus hautes enchères", a remarqué Hamad Kalkaba Malboum représentant de l'Afrique au sein du Conseil et particulièrement impliqué dans le groupe de travail. Sebastian Coe a aussi évoqué une réforme pour la désignation des villes hôtes des grands championnats, en particulier des Mondiaux en plein air. L'attribution des Mondiaux 2019 à Doha, au Qatar, et à Eugene (Etats-Unis), pour 2021, a soulevé des questions et des suspicions. A l'avenir, Coe souhaite que l'IAAF cible mieux les candidats en fonction des besoins de l'athlétisme et des villes préalablement sélectionnées. Sans passer par des enchères douteuses.