«S'ils ne travaillent pas sérieusement (contre le dopage), je pense que quelqu'un le fera pour eux», avait averti sans détour en début de semaine Dick Pound, président de la commission d'enquête de l'AMA, citant notamment un reportage de la télévision allemande ARD à l'origine des investigations contre la Russie et qui accusait aussi de dopage des athlètes kényans. «Cette affaire constituait un signal d'alarme honteux, nous avons été unanimes à considérer que l'escroquerie à ce niveau ne pouvait plus être tolérée», a déclaré le nouveau président de l'IAAF, Sebastian Coe. C'est un appel de dernière minute qu'a lancé Yelena Isinbayeva, ce vendredi, à la fédération internationale d'athlétisme. «Une ou cent, cela n'a pas d'importance», a-t-il laconiquement expliqué à l'agence R-Sport. Jeudi également, le Laboratoire suisse d'analyse du dopage de Lausanne (LAD) s'est défendu d'avoir détruit des échantillons sanguins provenant de Russie, «sans avoir respecté les directives» de l'Agence mondiale antidopage (AMA), et a annoncé l'ouverture d'une enquête pour déterminer les causes de l'incident. Championne du monde de saut en hauteur à Pékin, en août, Maria Kuchina a jugé «sévère» la décision de l'IAAF de suspendre provisoirement la Russie pour «dopage organisé». Elle implique qu'aucun athlète de Russie ne pourra concourir aux Jeux olympiques, pour le moment. L'IAAF n'avait pas vraiment le choix Priver les athlètes russes des JO ou des Mondiaux serait «stupide» a lâché le ministre russe des Sports vendredi, dans un dernier plaidoyer pour son pays, accusé de «dopage organisé», quelques heures avant le vote de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) sur une suspension de la Russie de toute compétition d'athlétisme, à neuf mois des jeux olympiques de Rio. Depuis Sotchi (Russie) mercredi, le président russe Vladimir Poutine a joué l'apaisement, demandant une enquête interne et préconisant des sanctions personnalisées plutôt que collectives. Frapper les seuls fautifs avérés ou taper du poing sur la table en sanctionnant un système: c'est tout l'enjeu du vote de l'IAAF, très attendu. Car la Russie est depuis toujours une nation majeure de l'athlétisme, le sport olympique N°1. Cet énorme scandale rappelle le dopage institutionnalisé mis en place du temps du bloc soviétique, notamment en RDA. Rien n'est sûr. L'Iaaf n'a pas évoqué de date de fin concernant la suspension de l'Araf et pourrait donc la lever avant l'été prochain.