L'IAAF n'avait pas vraiment le choix. Dans son rapport, l'AMA avait été très claire : la Russie doit être suspendue de toute compétition en athlétisme, y compris, pourquoi pas, les JO-2016 de Rio de Janeiro (Brésil), tant qu'elle n'a pas démontré sa capacité à lutter efficacement contre le dopage. Certains pays avaient déjà été suspendus par l'IAAF, mais c'est la première fois que l'instance internationale qui préside aux destinées du sport olympique N.1 suspend une de ses fédérations membres pour dopage institutionnalisé. Un tel niveau de tricherie n'avait plus été vu l'époque du bloc socialiste, notamment en RDA. Vladimir Poutine, n'a donc pas été entendu. Le président russe, qui a fait du sport une de ses priorités stratégiques pour le rayonnement de la Russie, avait très clairement joué l'apaisement en milieu de semaine, et plaidé pour des sanctions personnalisées plutôt que collectives. Première conséquence pratique : la Russie, qui devait accueillir les Mondiaux juniors d'athlétisme à Kazan du 19 au 24 juillet, en perd l'organisation. De même pour la Coupe du monde de marche par équipes, qui devait avoir lieu les 7 et 8 mai à Tcheboksary. La décision ne l'IAAF ne doit pas faire conclure hâtivement que les athlètes russes ne seront pas présents à Rio pour les jeux Olympiques. D'abord parce que cette suspension n'est que provisoire. Aucune date de fin de suspension n'a été mentionnée par le conseil de l'IAAF, mais celui-ci se réunira de nouveau en mars 2016, à Cardiff, à l'occasion des Mondiaux de semi-marathon. Cela laisse suffisamment de temps, quatre mois, à la Russie, pour faire en sorte de répondre aux attentes de l'instance, et ainsi permettre une réintégration in extremis dans le giron sportif avant Rio (5-21 août 2016). L'IAAF a ainsi accompagné sa décision de mesures visant à permettre à la Russie de retrouver le chemin des pistes. Ces mesures n'ont pas été détaillées, mais une équipe d'inspection va être mise en place, présidée par le Norvégien Rune Andersen et trois membres du conseil de l'IAAF qui seront désignés dans les prochains jours. Elle aura pour mission d'établir si, oui ou non, la Russie fait suffisamment d'effort.