Safran a annoncé vendredi viser pour 2017 un résultat opérationnel courant stable et une croissance organique modérée après des résultats 2016 conformes aux attentes, alors qu'il compte investir cette année quelque 850 millions d'euros pour soutenir la montée en cadence du moteur LEAP, son défi majeur. Le groupe international de haute technologie, équipementier de premier rang dans les domaines de l'Aéronautique de l'Espace, de la Défense et de la Sécurité, qui a présenté une offre amicale de rachat de Zodiac Aerospace en janvier, précise dans un communiqué viser en 2017 un ROC proche des 2,404 milliards d'euros de 2016 (+5,4%) Implanté sur tous les continents, le Groupe emploie 66 500 personnes (Sécurité comprise) pour un chiffre d'affaires de 15,8 milliards d'euros en 2016 (excluant les activités de Sécurité). Composé de nombreuses sociétés, Safran occupe, seul ou en partenariat, des positions de premier plan mondial ou européen sur ses marchés. Pour répondre à l'évolution des marchés, le Groupe s'engage dans des programmes de recherche et développement qui ont représenté en 2016 des dépenses de 1,7 milliards d'euros (hors Sécurité). Le groupe, dont l'Etat français détient encore 14,0%, vise aussi une croissance de 2-3% de son chiffre d'affaires ajusté en 2017, une fourchette de 2-4% hors effet de la mise en équivalence depuis juillet 2016 d'Airbus Safran Launchers, sa coentreprise de lanceurs spatiaux avec Airbus. A 10h08, l'action cède 0,68% à 65,54 euros, surperformant légèrement le CAC 40 (-0,44%) et portant son recul depuis le début de l'année à 4,2% (contre +0,36% pour l'indice parisien). Sandy Morris, analyste chez Jefferies, a noté la bonne résistance de la marge de la propulsion aérospatiale (à 19,0% en 2016, soit -0,7 point) alors même que la montée en cadence du LEAP a commencé à peser au cours de l'exercice écoulé. "La prévision d'Ebit pour 2017 est peut-être un peu inférieure à la nôtre, mais il y a des années qui ne sont pas très significatives et c'est probablement l'une de celles-là", note-t-il. Le directeur général du groupe Philippe Petitcolin a fait état lors d'une conférence téléphonique de 12.000 livraisons de moteurs LEAP à fin janvier. L'avionneur chinois Comac démarrera d'ici deux semaines les essais de roulage du C919, équipé d'un LEAP, et pourrait effectuer en avril le premier vol de l'avion, destiné à concurrencer les monocouloirs Airbus et Boeing. En 2016, Safran a réalisé un chiffre d'affaires ajusté de 15,781 milliards d'euros, en hausse de 1,6% sur un an, soit une croissance organique de 3,9%, grâce à la propulsion et les équipements aéronautiques. Le groupe prévoit aussi pour cette année une croissance de ses activités pour les moteurs civils comparable à celle de 6,9% enregistrée en 2016 en dollars américains.
Grace à la défense le chiffre d'affaires augmentera Philippe Petitcolin a également dit prévoir une hausse du chiffre d'affaires tiré de la défense en 2017, observant une prise de conscience depuis quelques semaines en Europe sur la nécessité d'accroître les budgets militaires. "C'est d'abord bien entendu l'effet Trump, mais il y a également l'effet Brexit et surtout la prise de conscience que les Allemands, eux, ont décidé d'aller très vite", a-t-il déclaré. Deux surprises de 2017 - le vote des Britanniques en faveur de la sortie de l'Union européenne et l'élection de Donald Trump à la Maison blanche - ont renforcé la détermination de l'Allemagne à porter son budget de défense à 2% de son produit intérieur brut, soit l'objectif fixé par l'Otan. En France, les industries de défense demandent au président de la République qui sera élu en mai de remonter vers ce seuil, notamment pour assurer l'entretien d'équipements très sollicités par les interventions à l'étranger de la décennie écoulée, a noté Philippe Petitcolin. Safran, qui a amélioré son bénéfice part du groupe de 21,7% à 1,804 milliard d'euros en 2016, propose de verser au titre de l'exercice écoulé un dividende de 1,52 euro par action, en hausse de 10,1%. Le groupe a ajusté ses perspectives 2020 présentées en mars dernier, abaissant sa prévision de chiffre d'affaires à cette échéance de plus de 21 milliards d'euros à plus de 19 milliards, avec un objectif de marge opérationnelle courante relevé de plus de 15% à près de 16%, afin de prendre en compte la cession en cours de ses activités de sécurité et avant son rachat de Zodiac qu'il espère finaliser début 2018. Philippe Petitcolin a déclaré qu'il ne pensait pas que les négociations de fusion allaient distraire Zodiac Aerospace de son nécessaire redressement, répondant à une inquiétude manifestée mercredi par Airbus, à qui l'équipementier fournit notamment les toilettes de l'A350 et des sièges. Le directeur général de Safran s'est montré jeudi convaincu de la capacité de Safran à redresser la marge opérationnelle courante de sa cible aux environs de 14%, son niveau avant la crise entraînée par des retards de livraisons. Dans une lettre publiée jeudi, Safran accuse le fonds spéculatif TCI de mener une "campagne publique de dénigrement" en menant la charge contre son projet de rachat de Zodiac Aerospace, dont le groupe défend le bien-fondé et les termes.