Les opérations de relogement dans le nouveau pôle urbain de Belgaïd à Oran-Est ont changé la vie de milliers de familles oranaises qui, pendant des décennies, habitaient des logements déclar és précaires et des quartiers défavorisés, à la merci des intempéries, des effondrements et de l'insalubrité. De l'aveu même des familles relogées, leur vie, marquée jusque- là par la précarité et l'incertitude, a pris un tournant décisif leur permettant aujourd'hui de faire de nouveaux projets et de mieux appréhender l'avenir. "Mon relogement à Belgaïd a complètement changé ma vie et celle de ma famille. Même notre façon de penser a changé. Aujourd'hui, de nouvelles perspectives s'offrent à nous. Des projets que nous avions enterr és refont surface. Notre avenir se dessine mieux", confie Tewfik, 38 ans, enseignant de son état, relogé dans un F3 neuf à Belgaïd, il y a près de deux années, avec sa mère, son épouse et ses deux enfants. "Nous vivions dans la promiscuit é, dans deux petites chambres et une petite cuisine dans un vieux haouch, à Sidi El- Houari, qui avait plus d'un siè- cle d'âge. Les sanitaires étaient collectifs. Les effondrements avaient commencé depuis quelques décennies et notre vie a été un véritable calvaire, car nous vivions dans la peur d'être ensevelis sous les décombres", raconte Tewfik. Pour lui, les horizons étaient incertains. Il ne pouvait se projeter dans l'avenir. "Nous ne pensions pas à autre chose. Nous n'achetions pas de meubles et nous ne voulions pas renouveler quoi que se soit. Seul un nouveau logement décent pouvait changer tout cela. Et c'est arrivé !", se réjouit Tewfik. Houari, Mohamed et Djamel, respectivement infirmier, maçon et ouvrier menuisier, étaient les voisins de Tewfik à Sidi El-Houari et ils le restent à Belgaïd, car ils habitent le même immeuble, dans des F3 également. ASidi El-Houari, ils n'habitaient pas la même vieille bâtisse, mais leurs vies étaient presque identiques. Ils vivaient les mêmes appréhensions, les mêmes peurs, les mêmes perspectives incertaines et le changement, disent-ils, ne pouvait provenir que d'un relogement. UNE NOUVELLE VIE DANS LA SERENITE Après leur relogement et le changement radical survenu dans leurs vies et les sentiments de joie et de bonheur qui en découlent, les habitants des nouvelles cités de Belgaïd entament leur nouvelle vie avec sérénité. Au début, ces relogés ont éprouvé des difficultés, dues notamment au manque de commerces et de transports, même si le nouveau pôle urbain est doté de diverses commodités, dont particulièrement les établissements scolaires et bureaux de poste. " Au départ, il n'y avait aucun commerce dans les cités et le transport était plutôt rare. L'approvisionnement et les déplacements étaient de véritables casse-têtes. Nous devions faire pas mal de chemin jusqu'à l'ancien douar de Belgaïd ou à Bir El Djir pour faire nos emplettes quotidiennes. Les taxis et autres transporteurs clandestins avaient du pain sur la planche", se souvient Tewfik, ajoutant que le soir, après le travail, il revenait chez lui les bras remplis de sacs de victuailles. Néanmoins, petit à petit, les choses ont commencé à changer. Les commerces ont commenc é à "pousser" comme des champignons. "De nombreux magasins d'alimentation géné- rale ont ouvert leurs portes, ainsi que des marchands de légumes, des boulangeries, des supérettes, des salons de coiffure et même un supermarché", se réjouissent Tewfik et ses voisins, ajoutant que des lignes de transport urbain relient, désormais, les nouvelles cités de Belgaïd à Bir El-Djir, au centreville et d'autres quartiers de la ville. Quant aux relogés, ils ont pris leurs marques dans leurs nouvelles cités. Ils ont de nouvelles habitudes et ont tissé de nouveaux liens avec leurs nouveaux voisins venus d'autres quartiers d'Oran. Ils ont noué de nouvelles amitiés et adopté un nouveau style de vie. "Nous ne sommes pas dépays és. Beaucoup de nos anciens voisins habitent, aujourd'hui, les mêmes cités. Nous ne regrettons pas notre ancien quartier, car nous y avons vécu de longues années difficiles", indiquent Tewfik et ses voisins. Près de 6.000 familles issues de différents sites précaires d'Oran ont été relogées, ces deux derni ères années, au nouveau pôle urbain de Belgaïd dont 650 familles de Sidi El-Houari, 315 d'Ibn Sina, 300 de la rue de Mostaganem (secteur El Amir), 200 familles de Fillaoucen (ex- St Pierre) au secteur El Amir également, 189 autres familles de ce même quartier, ainsi que 2.700 et 1.430 des Planteurs (Ras El Aïn).