Les cours du pétrole reculaient mercredi en Asie à cause d'estimations sur une hausse importante des stocks américains qui alimentent les inquiétudes sur la surabondance de l'offre. Vers 03h45 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en avril, perdait 32 cents à 52,82 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour le mois de mai, reculait de 28 cents, à 55,64 dollars. La fédération American Petroleum Institute (API) a estimé que les stocks de brut américains avaient nettement augmenté, plombant le marché dans l'attente de la publication des données officielles du Département américain de l'énergie, relèvent les analystes. Ces chiffres sont un indicateur de la demande chez le plus gros consommateur de brut et ont pris le dessus sur des déclarations du ministre saoudien de l'Energie estimant que l'équilibre entre l'offre et la demande mondiale était en voie d'amélioration, grâce aux accords de limitation de la production de l'Opep, conclus fin 2016 en son sein et avec d'autres producteurs. "Le brut a pris des coups. Les commentaires optimistes de l'Arabie saoudite ont été supplantés par, d'une part, les propos du secrétaire général de l'Opep sur le fait que toute prolongation de l'accord de réduction doit inclure des pays non Opep puis par les estimations de l'API", a déclaré Jeffrey Halley, analyste chez OANDA.
Une nouvelle séance attentiste La veille, les cours du pétrole ont fini proches de l'équilibre, poursuivant une période hésitante face aux incertitudes sur les perspectives d'offre au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) comme des Etats-Unis. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI), référence américaine du brut, a cédé 6 cents à 53,14 dollars sur le contrat pour livraison en avril au New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord a perdu 9 cents à 55,92 dollars sur le contrat pour livraison en mai à l'Intercontinental Exchange (ICE). "Beaucoup de choses ont donné à réfléchir aujourd'hui... Mais rien qui n'ait un effet sur les cours", a résumé Matt Smith, de ClipperData. D'abord, le marché pétrolier, qui reste coincé à une grosse cinquantaine de dollars depuis la fin 2016, assimile le premier d'une série de trois rapports mensuels de grands organismes, celui du département américain de l'Energie (DoE). Avant l'Agence internationale de l'Energie (AIE) et l'Opep la semaine prochaine, le DoE a donné un tableau de l'état du marché et ses perspectives à moyen terme. "Ce qui est intéressant, c'est qu'il a relevé ses prévisions de production pour cette année et la suivante", a priori une mauvaise nouvelle pour les cours, a commenté M. Smith. "Intéressant, certes... Mais pas de quoi faire bouger le marché aujourd'hui". Les perspectives générales de production sont incertaines pour le marché car, d'un côté, l'Opep et d'autres pays participent à des accords de baisses de l'offre mais, de l'autre, les compagnies américaines semblent en profiter pour faire repartir leur activité. Au sujet de l'offre américaine, "les chiffres de demain sur les stocks devraient un peu animer le marché", a jugé M. Smith. Selon la prévision médiane des analystes sondés par l'agence Bloomberg, le DoE devrait annoncer une hausse des réserves américaines de brut, de 1,4 million de barils lors de la semaine close le 3 mars, qui atteindrait ainsi un nouveau record. Mais, parallèlement, "les marchés pétroliers (...) espèrent qu'un déclin des stocks de produits fasse plus que compenser la hausse attendue des réserves de brut", a écrit Tim Evans, de Citi. De fait, selon les analystes interrogés par Bloomberg, les réserves d'essence devraient avoir baissé de 2 millions de barils et celles de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage) d'un million de barils.
Contradictions Autre sujet d'intérêt, "un forum continue à se dérouler à Houston (Texas), avec des déclarations du ministre saoudien du Pétrole", a rapporté M. Smith. Reste que le ministre, Khalid al-Falih, n'a, là non plus, guère donné de direction au marché en s'abstenant de se prononcer en faveur d'une extension des accords de baisses de production, qui ne courent pour le moment que sur le premier semestre 2017. Or les observateurs s'accordent à souligner que c'est avant tout grâce aux efforts de l'Arabie saoudite, membre dominant de l'Opep, que le cartel réussit actuellement à quasiment respecter ses quotas de production. Par contraste avec son homologue saoudien, le ministre irakien du Pétrole s'est lui prononcé pour une prolongation des accords, à l'occasion du même forum... Mais l'Irak est, lui, bien loin de respecter pleinement ces pactes. "L'Irak n'a pour le moment appliqué que la moitié des réductions auxquelles il s'est engagé", ont écrit les experts de Commerzbank, citant des chiffres d'agences indépendantes et y voyant une "contradiction manifeste" entre les propos et les actes de Bagdad. Parmi les autres freins au marché, certains observateurs citent enfin le renforcement persistant du dollar, mauvais pour les cours puisque les échanges pétroliers sont libellés en monnaie américaine et deviennent donc plus coûteux. En fin de compte, "on attend toujours un moteur qui sortirait le marché de sa fourchette actuelle", a conclu Gene McGillian, de Tradition Energy.