L'entreprise américaine a lancé une application mobile pour créer des vidéos et les agrémenter d'effets, un terrain occupé par Snapchat, Instagram et même Facebook. Annoncée il y a deux semaines, Clips vient d'être lancée. L'application d'Apple exclusivement disponible sur l'App Store permet de créer et partager des vidéos agrémentées d'"effets spéciaux" de manière simple. Elle reprend ainsi des fonctionnalités bien connues de Snapchat, copiées par Facebook, Instagram ou Twitter. À la place des filtres en réalité augmentée qui font ressembler à des chiens ou des pop-stars sur Snap, Clips suggère des filtres classiques que même les moins aguerris peuvent comprendre: noir et blanc, à effet bande dessinée ou à la saturation augmentée. En guise de "stickers" farfelus comme sur Messenger, Twitter ou Snapchat, Apple mise sur de sobres éléments graphiques baptisés "overlays". On peut ainsi ajouter l'heure, le lieu, voire apposer un "super!" entre deux séquences. Comme sur l'application Legend de Facebook, il est aussi possible de glisser du texte mis en forme pour soigner ses transitions avec des "posters". Ces différences de style et de vocabulaire n'ont pas manqué de susciter la perplexité. Face à tant de questions, Le Figaro Tech a saisi l'expert de Snapchat de la rédaction pour passer l'épreuve du test.
Etape 1: prise en main Clips s'ouvre directement avec l'écran de l'appareil photo (d'office en position de selfies ou front-camera, ce qui peut être assez déstabilisant pour l'estime de soi). Passé la surprise, l'application n'en offre plus vraiment: on retrouve, pour ceux qui pratiquent déjà un peu Snapchat et consorts, un gros bouton pour commencer la capture vidéo. La mention "maintenir pour enregistrer" vient même au secours de ceux qui auraient du mal. Les autres boutons servent ensuite à choisir les différents effets que l'on souhaite voir pour la séquence. Les 7 filtres rappellent les débuts de Photobooth. Quant aux stickers, ils sont pour l'instant très sages.
Etape 2: le tournage Une fois les différentes options de mises en scène sélectionnées, il s'agit principalement de maintenir le gros bouton rouge activé. La mise en place des sous-titres est peut-être la fonctionnalité la plus bluffante - mais aussi la plus étrange. Un léger délai rend soudain très conscient de son élocution et incite à loucher sur l'écran, mais sans doute est-ce une question d'habitude. Les erreurs de sous-titrage sont par ailleurs une source inattendue de "fun" sur une application qui, jusqu'ici, ne semble pas trop miser sur cet aspect. Merci donc de regarder la vidéo suivante avec le son, pour un rendu comique maximal.
Etape 3: la postproduction Le fait de pouvoir modifier a posteriori l'ordre des vidéos, leurs effets ou la bande-son est sans doute la force de Clips. Snapchat, Instagram ou les stories Facebook ne permettent pas cette fonctionnalité: ils misent tous sur une prise de vue directe, quasiment sans montage. Sur Clips, il est possible de faire repasser un bout de vidéo avant, après, voire d'en sélectionner qui ont été tournés à un autre moment, grâce à l'accès à la bibliothèque. Le montage séquentiel se fait par un glisser-déposer enfantin. Si l'application est conçue pour créer des vidéos allant jusqu'à 30 minutes, on se demande cependant si ce système reste bien adapté. Autre surprise: les effets sonores. Plusieurs dizaines de sons libres de droits sont mis à disposition pour donner un tour tragique ou clownesque à vos vidéos. Hans Zimmer, le compositeur de la bande originale de Gladiateurs, signe l'un des morceaux (testé dans la prochaine vidéo).
Etape 4: le partage En théorie, Clips suggère des contacts auxquels envoyer votre création par iMessage grâce au même logiciel de reconnaissance faciale qui est intégré dans l'application photo. Qu'on soit bien d'accord, cette histoire d'intelligence artificielle ne fonctionne pas trop entre nos mains sans que cela paraisse hautement regrettable (il est assez facile de cliquer sur le répertoire). Les vidéos restent stockées sur le téléphone, avant d'être éventuellement partagées vers des applications comme Instagram, Tumblr ou Messenger. Le format carré limite toutefois les options. Apple laisse toutefois les possibilités à des développeurs de proposer des moyens d'intégrer les Clips.
Etape 5: l'appropriation Au final, Clips rappelle plus Vine ou le Snapchat des débuts: elle se concentre sur l'utilisation de l'appareil photo pour envoyer un message précis, et éventuellement pour faire preuve de créativité. Facebook a davantage misé sur le partage social que sur ces aspects d'utilité et de créativité: les masques, les filtres et les stickers à foison s'ajoutent à des tours de passe-passe pour forcer l'utilisateur à systématiquement créer et partager des contenus (fussent-ils totalement inutiles). Clips est beaucoup moins incitatif et joue même sur la contrainte (pour l'instant): peu de fonctionnalités insolites, pas de show-laser sur l'interface. Cela donne une application a priori sans grand intérêt, mais en fait très facilement appropriable, quels que soient les usages. Le fait de pouvoir ajouter sa propre musique par exemple peut recréer l'usage existant sur Musical.ly, où des adolescents se filment en train de chanter en play-back sur des leurs chansons préférés. Les amateurs de Vine peuvent s'amuser à créer des Clips et les partager en privé, comme en public. Pour les utilisateurs moins jeunes, Clips permet aussi de créer des diaporamas de photos et vidéos de vacances un peu plus soignés que ceux d'un PowerPoint.