Le monde n'est pas à l'abri d'une nouvelle épidémie d'Ebola mais il y sera "mieux préparé", a affirmé jeudi à Conakry la directrice générale de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Margaret Chan, en visite en Guinée. La Guinée fait partie, avec le Liberia et la Sierra Leone, des trois pays sévèrement affectés par Ebola en Afrique de l'Ouest entre fin 2013 et 2016. L'épidémie a été déclarée terminée dans la région en juin 2016, après avoir causé plus de 11.300 morts sur quelque 29.000 cas recensés, à plus de 99% dans ces trois pays. Ce bilan, sous-évalué de l'aveu même de l'OMS, est sept fois supérieur en nombre de morts à celui cumulé de toutes les flambées d'Ebola depuis l'identification du virus en Afrique centrale en 1976. Durant l'épidémie, l'OMS a été critiquée pour son manque de discernement sur la gravité de la crise, en ayant perdu des mois avant de déclarer la guerre à Ebola. "Les scientifiques ne savent pas encore avec exactitude où, dans la nature, le virus Ebola se cache entre deux flambées, mais presque tous les experts conviennent qu'une nouvelle épidémie est inévitable", a déclaré la directrice générale de l'OMS, Dr Margaret Chan, lors d'une réunion d'un jour consacrée aux vaccins anti-Ebola. Cependant, "lorsque cela se produira, le monde sera beaucoup mieux préparé" à y faire face, a précisé Dr Chan, en présence du président guinéen Alpha Condé, de la responsable de l'OMS Afrique, Dr Matshidiso Moeti, ainsi que d'experts et autorités sanitaires, dont des délégations venues du Liberia et de la Sierra Leone. Selon la directrice générale de l'OMS, l'espoir d'une meilleure réaction face à une éventuelle nouvelle épidémie se fonde sur les "mesures de contrôle établies" comme la mise en quarantaine ou en isolement, auxquelles s'ajoute la "nouvelle approche pour le contrôle d'Ebola (qu'est) la vaccination en anneaux" ou en ceinture. Cette méthode consiste à vacciner des cercles ou groupes de gens en contact avec un malade, d'abord des proches, puis des sujets qui ont été en contacts avec eux et ainsi de suite. Elle a été utilisée pour éradiquer la variole. "La stratégie peut avoir un impact significatif, même si les stocks de vaccins sont dans un premier temps limités", a ajouté Margaret Chan. En décembre, l'OMS a annoncé qu'un premier vaccin - sur une quinzaine en cours de développement aux Etats-Unis, en Europe, en Russie et en Chine - était "efficace jusqu'à 100%" contre le virus Ebola. Il s'agit du rVSV-ZEBOV, développé par l'agence de santé publique du Canada grâce à des financements divers. Des essais ont été conduits notamment en Guinée. Le président Alpha Condé a exhorté à un partage des connaissances par "les chercheurs des pays industrialisés et des grandes institutions financières à travers le monde". "Il est temps que le continent africain bénéficie du transfert de technologies de pointe notamment dans le domaine des sciences biomédicales", a-t-il dit. Le ministre guinéen de la Santé, Abdourahmane Diallo, s'est également déclaré optimiste pour la lutte contre Ebola, en raison de la mobilisation constatée durant la crise et des recherches concernant "des maladies contagieuses à potentiel épidémique". M. Diallo a appelé à "accroître les capacités en recherche et développement en Afrique" et "la vaccination en ceinture dans les treize pays à risque de flambée d'Ebola" en Afrique. Selon un responsable de l'OMS à Conakry, ces pays comprennent la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone, mais aussi la République démocratique du Congo, où le virus a été identifié pour la première fois, et le Gabon, entre autres pays d'Afrique centrale.