Les cours du pétrole étaient orientés à la baisse mercredi en Asie, en raison d'estimations laissant penser que les réserves américaines de brut ont progressé. Vers 05H45 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en août, baissait de 14 cents à 46,26 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en septembre, reculait de 14 cents à 48,70 dollars. La fédération privée American Petroleum Institute a estimé que les réserves américaines de pétrole avaient augmenté, alors que la saison estivale, marquée par les départs en vacances, est traditionnellement une période de forte consommation. Ces estimations, qui seront à comparer avec les chiffres officiels du gouvernement américain, ravivent les inquiétudes sur l'impact de l'augmentation de la production américaine de pétrole de schistes, qui n'aide pas à remédier au problème d'offre surabondante. Les investisseurs s'inquiètent aussi du comportement de ceux des pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) qui ont été exemptés des efforts de réduction de production. "La Libye et le Nigeria ont récemment augmenté leur production et le marché demeure inquiet quant à l'offre surabondante", explique Jane Fu, analyste chez CMC Markets.
Entre Arabie saoudite et Equateur La veille, les cours du pétrole ont terminé en hausse entre interrogations sur une baisse potentielle des exportations saoudiennes et doutes sur le respect des quotas de production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) par l'Equateur. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI), référence américaine du brut, a progressé de 38 cents à 46,40 dollar sur le contrat pour livraison en août au New York Mercantile Exchange (Nymex). Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre a clôturé à 48,84 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 42 cents par rapport à la clôture de lundi. "Il y a eu des informations ce (mardi) matin indiquant que les Saoudiens allaient réduire leurs exportations", a mis en avant Bill O'Grady de Confluence Investment pour expliquer la bonne tenue des cours. L'Arabie saoudite est le premier exportateur de brut au monde et fait figure de membre dominant de l'Opep, engagée depuis le début de l'année dans une réduction de sa production qui doit se poursuivre jusqu'en mars 2018. Ce possible recul des exportations "est probablement saisonnier", a nuancé Bill O'Grady. "L'Arabie saoudite continue d'utiliser beaucoup de pétrole pour produire son électricité. Nous sommes en plein été, les températures dans cette partie du monde deviennent très élevées et l'électricité sert à la climatisation", a-t-il expliqué. "Les prix du brut ont été soutenus par la faiblesse renouvelée du billet vert, alors que le Congrès américain a souffert d'un nouveau revers" avec l'échec de la réforme du système de santé, a ajouté Michael van Dulken, analyste chez Accendo Markets. Le dollar évolue au niveau le plus bas depuis septembre face à un panier de six devises matérialisé par le Dollar Index. La baisse du dollar, monnaie de référence pour les échanges du pétrole, permet aux investisseurs utilisant d'autres devises d'effectuer des achats à bon compte.
Libye et Nigeria "Les récents évènements impliquant l'Opep et le prix du pétrole posent la question de savoir si le cartel a perdu la main qu'il avait sur le marché mondial", a complété Lukman Otunuga, analyste chez FXTM. "Le marché s'inquiète toujours d'un niveau conséquent d'excès de l'offre particulièrement après avoir vu l'Equateur annoncer, même si c'est un petit producteur, qu'ils allaient augmenter leur production parce qu'ils ont besoin de rentrées d'argent", a détaillé Andy Lipow de Lipow Oil Associates. "Nous avons besoin de fonds pour les caisses de l'Etat et nous avons donc pris la décision d'accroître peu à peu notre production", a déclaré lundi le ministre du Pétrole Carlos Pérez à une télévision locale. Même si cela ne représente qu'un montant relativement faible de pétrole supplémentaire sur le marché mondial, cela ouvre une brèche dans le front uni que l'Opep s'échinait à afficher jusque-là. Cependant, à l'issue d'une conversation mardi avec le ministre de l'Energie d'Arabie saoudite, M. Pérez a assuré dans un communiqué que l'Equateur continuerait à soutenir les efforts en vue d'une stabilisation du marché. Autre front pour le cartel pétrolier, "les exemptions que l'Opep avait donné à deux de ses membres sont revenues pour hanter le cartel, qui pourrait désormais avoir à demander au Nigeria comme à la Libye de réduire leur production", a ajouté Lukman Otunuga. La production des deux producteurs africains a largement rebondi ces derniers mois et ils ont été invités à la prochaine réunion technique de suivi de l'accord, le 24 juillet à Saint-Pétersbourg. Les marchés attendaient par ailleurs la publication mercredi en cours de séance des données hebdomadaires du Département américain de l'Energie (DoE) sur les réserves américaines. Selon la médiane d'un consensus d'analystes interrogés par l'agence Bloomberg, les réserves de brut auraient reculé de 3,5 millions de barils, celles d'essence de 1,3 million de barils tandis que celles de produits distillés auraient augmenté de 1,2 million de barils pour la semaine achevée le 14 juillet. Les deux semaines précédentes, les stocks américains de brut avaient fortement reculé.
L'Equateur augmente sa production L'Equateur, avide de devises à cause de la chute des cours du brut et d'un important déficit fiscal, va augmenter la production de pétrole en dépit de l'accord signé fin 2016 par les pays de l'Opep qui allait dans le sens contraire. "Nous avons besoin de fonds pour les caisses de l'Etat et nous avons donc pris la décision d'accroître peu à peu notre production", a déclaré le ministre du Pétrole Carlos Pérez à une télévision locale. Les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) étaient parvenus le 30 novembre 2016 à s'entendre sur une baisse de leur propre production en vue de faire remonter les prix. Pour l'instant, cette mesure a peiné à entraîner une hausse des prix, qui sont en nette baisse par rapport au 1er janvier, date du début de l'accord. Initialement prévue pour durer 6 mois, la mesure a été prolongée jusqu'à fin mars 2018, lors d'une réunion à Vienne en mai. L'Equateur "avait une restriction d'environ 26 000 barils quotidiens, selon l'accord avec l'Opep. Malheureusement, nous sommes à un niveau de réduction de quelque 16 000 barils par jour, nous ne sommes pas en train de répondre aux quotas qu'on nous a imposés à cause des besoins évidents du pays", a ajouté le ministre. Cependant, à l'issue d'une conversation mardi avec le ministre de l'Energie d'Arabie Saoudite, Khalid al Falih, M. Pérez a assuré dans un communiqué que l'Equateur continuerait à soutenir les efforts en vue d'une stabilisation du marché. "L'Equateur contribue à la marge à l'ensemble de la production de l'Opep, donc quoi que l'Equateur fasse ou cesse de faire, cela n'aura pas d'impact majeur sur la production totale de l'Opep", a-t-il ajouté. La production du pays sud-américain s'élève à 545 000 barils quotidiens, selon le ministre.