Tout en clamant être devenu plus mature au fil des années, le Portugais ne se prive jamais pour étaler le fond de ses pensées. Quitte à agacer. Mardi dernier, à l'occasion du match de League Cup entre Swansea et Manchester United, José Mourinho a vécu sa 500e sortie sur un banc en Angleterre. Que de chemin parcouru depuis 2004 et son baptême de feu avec Chelsea. Durant cette longue période de treize ans, The Special One a beaucoup évolué en tant qu'entraineur et son CV s'est aussi copieusement enrichi. Mais en tant qu'homme, est-il resté le même ? "Aujourd'hui, je suis plus mature", a-t-il rétorqué lorsque la question lui a été posée suite au succès contre les Swans. Doit-on le croire ? Chacun peut se faire une opinion à ce sujet, mais ce qui est certain c'est qu'il y a certaines facettes du personnage qui n'ont pas changé d'un iota. Et cela se vérifie dans sa communication depuis l'entame de la campagne en cours. La saison dernière, celle qui marquait son retour en Premier League, on aurait juré que Mourinho avait travaillé sur sa personnalité. Lui-même l'affirmait en déclarant qu'il était devenu le "Calm one" (*). "J'ai mûri, je suis plus apaisé. Une victoire ne représente plus la lune, et une défaite plus un enfer". Des propos auxquels il a adjoint les actes, avec notamment cette image envoyée d'un coach moyennement joyeux après la victoire acquise en finale de la League Cup (contre Southampton). Mais, depuis, il semble avoir été rattrapé par ses vieux démons. Chassez le naturel et il revient au galop ! Ces derniers temps, l'Angleterre a retrouvé le Mourinho d'avant. Celui qui faisait le spectacle en conférence de presse et qui ne se privait pas pour lancer des piques à l'encontre de ses compères. Ainsi, il y a une semaine, tout en prenant soin de ne pas le nommer, n'a-t-il pas critiqué Antonio Conte, son homologue de Chelsea ? "Il y a des entraineurs qui pleurent et qui ne font que ça quand ils ont des blessés. Moi, ma méthode c'est de faire abstraction", a-t-il lâché. D'aucuns souligneront qu'il parlait d'une manière générale sans forcément viser le technicien italien, mais ça serait mal le connaitre. "Mou" a toujours été habile pour tacler ses rivaux en veillant à utiliser les gants pour ne pas encourir de sanctions. Arsène Wenger et José Mourinho peuvent en témoigner. D'ailleurs, le manager des Blues s'est vite empressé de lui répondre, la preuve qu'il savait très bien à qui la pique était adressée.
Conte, son nouveau "meilleur ennemi" Et le Portugais n'a pas choisi par hasard le jardin dans lequel il allait lancer sa pierre. Conte a aujourd'hui le profil du rival N°1. Parce qu'il est le champion d'Angleterre en titre, parce qu'il est suffisamment fougueux pour ne pas rester sans réaction, et aussi parce qu'il est celui qui a remplacé Mourinho dans le cœur des supporters des Blues. Même s'il aura peut-être du mal à l'avouer, ce dernier reste toujours très attaché au club londonien. Et, par la force des choses, son successeur sur le banc des Blues ne peut qu'être un rival à ses yeux. Et il l'est d'autant plus que la hâche de guerre avec Pep Guardiola et Arsène Wenger parait être enterrée.
5 choses à savoir sur la 10e journée de Premier League Oui, il y a des habitudes dont Mourinho aura du mal à se défaire tant qu'il exercera son métier. À fortiori lorsque l'équipe dont il a la charge est engagée dans la course pour le titre. Ce qui est le cas cette saison puisque les RedDevils sont les premiers poursuivants de City en Premier League. Et s'il faut une preuve de plus pour se convaincre que le qualitatif de "Calm one" n'était qu'un leurre, il suffit d'écouter les propos qu'il avait tenus contre ses joueurs, samedi après la défaite humiliante contre Huddersfield (2-1). Le Lusitanien n'a pas ménagé ses troupes, et il faut remonter à ses dernières semaines à Chelsea (décembre 2015), voire à son passage au Real, pour trouver trace de déclarations aussi abruptes à l'encontre de ses propres protégés. Non, le Special One ne s'est pas assagi. Au contraire, il est plus que jamais fidèle à sa réputation.
