La disparition de l'ancien secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, survenue samedi, a suscité de nombreuses réactions venant de responsables d'institutions internationales et de dirigeants d'Etats, saluant un "homme de paix" qui avait parfaitement incarné les Nations unies durant ses dix années à la tête de l'organisation. "C'est avec une immense tristesse que la famille Annan et la Fondation Kofi Annan annoncent que Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations unies et lauréat du Nobel de la paix, est décédé paisiblement samedi 18 août après une courte maladie", a annoncé sa fondation dans un communiqué. L'ex-SG des Nations unies est décédé à l'âge de 80 ans dans un hôpital de Berne en Suisse, après une longue carrière dédiée entièrement à l'action diplomatique et humanitaire. Kofi Annan s'était vite adapté à son nouveau rôle, multipliant les apparitions à la télévision et les participations aux dîners mondains à New York. Jusqu'à devenir une vedette, qualifiée par certains de "rock star de la diplomatie". Il avait irrité Washington en estimant "illégale" l'invasion de l'Irak en 2003, qui n'avait pas été entérinée par le Conseil de sécurité. Né en avril 1938 au Ghana, Kofi Annan avait étudié à l'université de Kumasi, puis dans une université américaine, avant d'entrer à l'Institut des hautes études internationales de Genève, où il avait obtenu son doctorat en économie. Il avait rejoint le système de l''ONU en 1962 en tant que fonctionnaire auprès de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à Genève. Depuis, il avait été chargé de plusieurs missions au sein de des instances de l'organisation onusienne, dont celles de sous-secrétaire général à la gestion des ressources humaines, coordonnateur des questions de sécurité et secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix. Le 1er janvier 1997, il entamait son 1er mandat de SG de l'ONU. Sur recommandation du Conseil de sécurité, l'Assemblée générale l'avait réélu en juin 2001 pour un second mandat jusqu'au décembre 2006. Au vu du "rôle déterminent" qu'il avait joué pour insuffler une nouvelle vie à l'Organisation, il avait été lauréat du prix Nobel de la paix en 2001. Malgré son départ des Nations unies, Kofi Annan demeurait toujours actif. En février 2012, il avait été choisi par l'ONU et la Ligue arabe pour mener une médiation dans le conflit syrien, mais il avait démissionné cinq mois plus tard, affirmant que sa mission était "impossible" en raison des dissensions entre les grandes puissances. Il s'était engagé en faveur des actions humanitaires, en dirigeant notamment la commission sur les droits des musulmans rohingyas de la Birmanie forcés à l'exode au Bangladesh. Il avait aussi créé une fondation consacrée au développement durable et à la paix et faisait partie du groupe des Elders ("les anciens"), créé par Nelson Mandela pour promouvoir la paix et les droits de l'homme. Ayant cumulé plus de 40 ans de carrière, Kofi Annan était le premier SG issu de l'Afrique sub-saharienne qui avait contribué à rendre l'ONU plus présente sur la scène mondiale.
Les hommages affluent De son Afrique natale à l'Amérique, les grands dirigeants rendaient hommage samedi à l'ancien secrétaire général de l'ONU et prix Nobel de la paix Kofi Annan, décédé en Suisse à l'âge de 80 ans, après avoir été au centre de la diplomatie mondiale pendant une décennie troublée. Kofi Annan est "décédé paisiblement samedi 18 août après une courte maladie", a annoncé "avec une immense tristesse" sa fondation dans un communiqué de Genève, indiquant que son épouse et ses enfants étaient à ses côtés pour ses derniers jours en Suisse où il vivait. Les hommages ont afflué, du Ghana, son pays natal, à l'actuel secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui a souligné "une force qui guidait vers le bien", en passant par l'ex-président américain Barack Obama et les grands dirigeants européens. "Kofi Annan a voué sa vie à faire du monde un endroit plus pacifique", a soutenu l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, louant un diplomate ayant "œuvré inlassablement pour nous unir". L'ancien président américain Bill Clinton, à la Maison Blanche lors de l'entrée en fonction de Kofi Annan à la tête de l'ONU à la fin des années 90, a loué un homme fidèle "à ses racines ghanéennes", qui a "toujours traité les autres avec respect et dignité". Barack Obama a lui salué "l'intégrité, la détermination, l'optimisme" de l'ex-N.1 de l'ONU qui a aussi contribué à "motiver et inspirer" la "prochaine génération de leaders". "Nous n'oublierons jamais son regard calme et résolu, ni la force de ses combats", a tweeté le président français Emmanuel Macron, alors que son homologue russe Vladimir Poutine a déclaré avoir "sincèrement admiré la sagesse et le courage" du diplomate. La Première ministre britannique Theresa May a rendu hommage à "un grand leader et réformateur de l'ONU" tandis que la chancelière allemande Angela Merkel a insisté sur une "voix" qui "va beaucoup nous manquer à une époque où la recherche en commun de solutions aux problèmes mondiaux est plus urgente que jamais". "Il ne tient qu'à nous de continuer le travail qu'il a commencé", a renchéri le Premier ministre canadien Justin Trudeau.
"Fils éminent de l'Afrique" Kofi Annan fut le premier secrétaire général issu de l'Afrique sub-saharienne, et le Ghana, où il était né, a décrété une semaine de deuil à partir de lundi. "Il a considérablement contribué au renom de notre pays par sa position, par sa conduite et son comportement dans le monde", a déclaré le président ghanéen Nana Akufo-Addo. En Afrique du Sud, le parti au pouvoir, l'ANC, s'est souvenu d'un "fils éminent de l'Afrique" qui a œuvré "en faveur (des pays) du Sud en développement". Un autre prix Nobel de la paix, l'archevêque anglican sud-africain Desmond Tutu, a de son côté évoqué "un remarquable être humain qui a représenté notre continent et le monde avec une immense grâce, intégrité et distinction". "Mon ami, mon héros, mon inspiration", a résumé la Nigériane Amina J. Mohammed, vice-secrétaire général de l'ONU. La Ligue arabe a aussi rendu hommage à Kofi Annan, tandis que le ministère égyptien des Affaires étrangères l'a qualifié d'"icône et source de fierté pour tous les Africains et les amoureux de la paix".
Bilan terni Diplomate de carrière, Kofi Annan a contribué à rendre l'ONU plus présente sur la scène internationale pendant ses deux mandats, de 1997 à 2007. Il a dirigé l'organisation pendant la période troublée de la guerre en Irak, avant de voir son bilan terni par des accusations de corruption dans l'affaire "pétrole contre nourriture". A son départ, il était cependant un des dirigeants de l'ONU les plus populaires. Conjointement avec l'organisation, il a reçu en 2001 le Prix Nobel de la Paix pour ses "efforts en faveur d'un monde mieux organisé et plus pacifique". "J'ai essayé de placer l'être humain au centre de tout ce que nous entreprenons: de la prévention des conflits au développement et aux droits de l'homme", avait-il déclaré en acceptant le Nobel. Lorsqu'il dirigeait le département de maintien de la paix, l'ONU a connu deux des épisodes les plus sombres de son histoire: le génocide rwandais et la guerre en Bosnie. Les Casques bleus se sont retirés en 1994 du Rwanda en proie au chaos et aux violences ethniques. Et un an plus tard, l'ONU n'a pas su empêcher les forces serbes de massacrer plusieurs milliers de musulmans à Srebrenica, en Bosnie.
Une vie pour les Nations unies Kofi Annan, a marqué de son empreinte les Nations unies, à la tête de l'organisation pendant dix ans, devenant le seul ancien dirigeant de l'ONU à avoir, jusqu'ici, accédé au rang de vedette de la diplomatie mondiale. Ce diplomate de carrière, charismatique sans être flamboyant, a contribué à rendre l'ONU plus présente sur la scène internationale pendant ses deux mandats, de 1997 à 2007. Premier secrétaire général issu de l'Afrique sub-saharienne, le Ghanéen a dirigé l'organisation pendant la période troublée suivant les attentats du 11-Septembre puis de la guerre en Irak, avant de voir son bilan terni par des accusations de corruption dans l'affaire "pétrole contre nourriture". Lorsqu'il dirigeait le département du maintien de la paix, l'ONU a également connu deux des épisodes les plus sombres de son histoire: le génocide rwandais et la guerre en Bosnie. A son départ du secrétariat général, il était cependant un des dirigeants de l'ONU les plus populaires. Conjointement avec l'organisation, il a reçu en 2001 le prix Nobel de la Paix pour ses "efforts en faveur d'un monde mieux organisé et plus pacifique". "J'ai essayé de placer l'être humain au centre de tout ce que nous entreprenons: de la prévention des conflits au développement et aux droits de l'Homme", avait-il déclaré.
40 ans aux Nations unies Ces dernières années, Kofi Annan avait repris du service sur la scène diplomatique, prenant la tête d'une commission sur les droits des musulmans rohingyas poussés à fuir au Bangladesh face à la répression de l'armée birmane. Plus de 700.000 Rohingyas ont été forcés à l'exode l'année dernière. Il a aussi créé une fondation consacrée au développement durable et à la paix et faisait partie du groupe des Elders ("les anciens"), créé par Nelson Mandela pour promouvoir la paix et les droits de l'homme. A part quelques années passées comme directeur du tourisme du Ghana, M. Annan a consacré quarante ans de sa vie professionnelle aux Nations unies. Il a été le premier secrétaire général à sortir des rangs de l'organisation. Il a d'abord dirigé les ressources humaines de l'ONU, puis les affaires budgétaires, avant de chapeauter à partir de 1993 le maintien de la paix et d'être propulsé quatre ans plus tard à la tête de l'organisation. Dans son autobiographie, il affirme que l'ONU doit servir "non seulement les Etats mais les peuples" et qu'elle doit être "l'enceinte où les gouvernements rendent des comptes sur la façon dont ils traitent leurs propres citoyens".
Des échecs Le génocide rwandais et la guerre en Bosnie dans les années 90 n'ont pu être empêchés par les Nations unies, Kofi Annan étant alors à la tête des missions de maintien de la paix. Les Casques bleus se sont retirés en 1994 du Rwanda en proie au chaos et aux violences ethniques. Et un an plus tard, l'ONU n'a pas su empêcher les forces serbes de massacrer plusieurs milliers de musulmans à Srebrenica, en Bosnie. Ces échecs "m'ont confronté à ce qui allait devenir mon défi le plus important comme secrétaire général: faire comprendre la légitimité et la nécessité d'intervenir en cas de violation flagrante des droits de l'homme", a écrit Kofi Annan dans son autobiographie.
"Rock star de la diplomatie" Malgré l'ombre jetée par le Rwanda et Srebrenica, Annan s'est vite adapté à son nouveau rôle de diplomate en chef, multipliant les apparitions à la télévision et les participations aux dîners mondains. Jusqu'à devenir une vedette, qualifiée par certains de "rock star de la diplomatie". Kofi Annan devait sa nomination aux Etats-Unis, qui avaient mis leur veto à un second mandat de son prédécesseur, l'Egyptien Boutros Boutros-Ghali. Cela ne l'a pas empêché de faire preuve parfois d'indépendance vis-à-vis des grandes puissances. Ainsi, il a irrité Washington en estimant "illégale" l'invasion de l'Irak en 2003 parce que cette opération n'avait pas été entérinée par le Conseil de sécurité. Alors, quand en 2005 un scandale de corruption lié au programme "pétrole contre nourriture" en Irak éclaboussa Kofi Annan et son fils Kojo, certains commentateurs y virent une vengeance. Une commission d'enquête innocenta Kofi Annan mais découvrit des lacunes dans la gestion du programme: Kojo Annan était en relation avec une société suisse qui avait conclu de juteux contrats dans le cadre du programme.
Du Ghana à New York Né en avril 1938 au Ghana, fils d'un cadre d'une filiale d'Unilever, Kofi Annan a étudié à l'université de Kumasi, puis dans une université américaine, avant d'entrer à l'Institut des hautes études internationales de Genève. En 1965 il épouse Titi Alakija, issue d'une famille nigériane fortunée. Ils auront un fils, Kojo, et une fille, Ama, mais se sépareront à la fin des années 1970. En 1984, il épouse en secondes noces Nane Lagergren, juriste suédoise, qui lui donnera une fille, Nina. En février 2012, il est choisi par l'ONU et la Ligue arabe pour mener une médiation dans la guerre en Syrie, mais il jette l'éponge cinq mois plus tard. Il accusera les grandes puissances d'avoir par leurs dissensions transformé sa médiation en "mission impossible".