Premier secrétaire général issu de l'Afrique subsaharienne, il a contribué à rendre l'ONU plus présente sur la scène internationale pendant ses deux mandats, de 1997 à 2007. L'ancien secrétaire général de l'ONU et prix Nobel de la paix, Kofi Annan, est mort hier à 80 ans, après avoir accédé au rang de vedette de la diplomatie mondiale durant ses 10 années à la tête des Nations unies. «C'est avec une immense tristesse que la famille Annan et la Fondation Kofi Annan annoncent que Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations unies et lauréat du Nobel de la paix, est décédé paisiblement samedi 18 août après une courte maladie», a annoncé sa fondation dans un communiqué à Genève. L'actuel secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a salué en son prédécesseur «une force qui guidait vers le bien». Diplomate de carrière, Kofi Annan a contribué à rendre l'ONU plus présente sur la scène internationale pendant ses deux mandats, de 1997 à 2007. Premier secrétaire général issu de l'Afrique subsaharienne, le Ghanéen a dirigé l'organisation pendant la période trouble de la guerre en Irak, avant de voir son bilan terni par des accusations de corruption dans l'affaire «pétrole contre nourriture». A son départ, il était cependant un des dirigeants de l'ONU les plus populaires. Conjointement avec l'organisation, il a reçu en 2001 le prix Nobel de la paix pour ses «efforts en faveur d'un monde mieux organisé et plus pacifique». «J'ai essayé de placer l'être humain au centre de tout ce que nous entreprenons: de la prévention des conflits au développement et aux droits de l'homme», avait-il déclaré en acceptant le prix Nobel à Oslo. A part quelques années passées comme directeur du tourisme du Ghana, M. Annan a consacré 40 ans de sa vie professionnelle aux Nations unies. Il a été le premier secrétaire général à être issu de l'organisation. Il a d'abord dirigé les ressources humaines de l'ONU, puis les affaires budgétaires, avant de chapeauter à partir de 1993 le maintien de la paix et d'être propulsé quatre ans plus tard à la tête de l'organisation. Lorsqu'il dirigeait le département de maintien de la paix, l'ONU a connu deux des épisodes les plus sombres de son histoire: le génocide rwandais et la guerre en Bosnie. Les Casques bleus se sont retirés en 1994 du Rwanda en proie au chaos et aux violences ethniques. Et un an plus tard, l'ONU n'a pas su empêcher les forces serbes de massacrer plusieurs milliers de musulmans à Srebrenica, en Bosnie. Ces échecs, écrit Kofi Annan dans son autobiographie, «m'ont confronté à ce qui allait devenir mon défi le plus important comme secrétaire général: faire comprendre la légitimité et la nécessité d'intervenir en cas de violation flagrante des droits de l'homme». Annan s'est vite adapté à son nouveau rôle de diplomate en chef, multipliant les apparitions à la télévision et les participations aux dîners mondains à New York, jusqu'à devenir une vedette, qualifié par certains de «rock star de la diplomatie». Kofi Annan devait sa nomination aux Etats-Unis, qui avaient mis leur veto à un second mandat de son prédécesseur, l'Egyptien Boutros Boutros-Ghali. Cela ne l'a pas empêché de faire preuve à l'occasion, d'indépendance vis-à-vis des grandes puissances. Il avait ainsi irrité Washington en estimant «illégale» l'invasion de l'Irak en 2003 parce que cette opération n'avait pas été entérinée par le Conseil de sécurité. Né en avril 1938 à Kumasi, au Ghana, fils d'un cadre d'une filiale du groupe anglo-hollandais Unilever, Kofi Annan a étudié à l'université de Kumasi, puis grâce à une bourse, dans une université américaine, avant d'entrer à l'Institut des hautes études internationales de Genève. En 1965 il épouse Titi Alakija, issue d'une famille nigériane fortunée. Ils auront un fils, Kojo, et une fille, Ama, mais se sépareront à la fin des années 1970. En 1984, il épouse en secondes noces Nane Lagergren, une juriste suédoise qui lui donnera une fille, Nina. En février 2012, il est choisi par l'ONU et la Ligue arabe pour mener une médiation dans la guerre en Syrie, mais il jette l'éponge cinq mois plus tard. Il accusera les grandes puissances d'avoir, par leurs dissensions, transformé sa médiation en «mission impossible». Il a créé une fondation consacrée au développement durable et à la paix, et fait partie du groupe des Elders (terme anglais signifiant «les anciens» ou «les sages»), créé par Nelson Mandela pour promouvoir la paix et les droits de l'homme.