Bugatti entend se placer au sommet de la production mondiale. Et ça marche : malgré son tarif extravagant, tous les exemplaires de la nouvelle Divo ont trouvé preneur. Elle est pourtant moins rapide que sa sœur la Chiron… Etre client Bugatti, c'est faire partie d'une caste d'amateurs automobiles hors du commun. Ainsi, en moyenne, chaque propriétaire d'une voiture issu des ateliers de Molsheim, en Alsace, possède quatre-vingt-quatre voitures dans son garage. Autant dire que le superflu fait partie de leur quotidien et que signer un gros chèque n'est pas vraiment un problème. D'ailleurs, le constructeur français, propriété du Groupe Volkswagen, a trié ses clients sur le volet. C'est lors d'un événement privé, ouvert à seulement quelques propriétaires de Chiron, que la Divo a été présentée. Stefan Winkelmann, PDG de Bugatti, affirme que "la totalité des quarante exemplaires ont été vendus immédiatement". Ce malgré un tarif de 5.000.000 € hors taxes, soit 6.000.000 € TTC en France ! A ce prix, l'exclusivité est bien évidemment de mise et les chiffres donnent, comme toujours chez Bugatti, le tournis. Il n'y a pas grand-chose à signaler côté moteur, celui-ci est repris en ligne droite de la Chiron (lire notre article sur la Bugatti Chiron). Il s'agit d'un W16 d'une cylindrée de 8,0 litres, développant une puissance de 1.500 ch. La consommation est à l'avenant, avec une moyenne de 22,5 l/100 km en cycle mixte, de 15,2 l/100 km sur route et 35,2 l/100 km en ville. La vitesse de pointe s'élève quant à elle à un respectable 380 km/h. La Bugatti Divo moins rapide que la Chiron 380 km/h ? C'est certes impressionnant dans l'absolu, mais c'est nettement moins que la Chiron, qui peut grimper jusqu'à 420 km/h. Et pourtant, cette dernière est deux fois moins chère que la Divo… Bugatti a une explication. La nouvelle venue n'est pas conçue pour battre des records de vitesse en ligne droite, mais pour négocier les virages et donner du plaisir à son conducteur. Les ingénieurs ont donc choisi de modifier le carrossage, ce qui les a contraint à baisser la bride électronique. Par contre, elle serait 8 secondes plus rapide sur le circuit routier de Nardo. Pour favoriser l'agilité de la Divo, d'autres modifications ont été opérées. Il en va ainsi de l'aérodynamique, retravaillée pour offrir jusqu'à 456 kg d'appui. C'est 90 kg de plus que la Chiron. Cela est notamment à mettre au crédit de l'aileron arrière large de 1,86 m et de l'impressionnant diffuseur arrière, en partie fabriqué grâce à de l'impression 3D. De plus, par rapport à la Chiron, la Divo est allégée de 35 kg. Cela n'en fait pas pour autant un poids plume, puisque sa masse s'élève tout de même à 1.960 kg. Mais l'efficacité est au rendez-vous, et Bugatti annonce des accélérations latérales jusqu'à 1,6 g. Pour justifier l'exclusivité de la Divo, Bugatti lui a bien évidemment concocté une robe sur mesure. Selon le constructeur, il s'agit de perpétuer la tradition des carrosseries uniques proposées à la grande époque du constructeur alsacien. Si la Divo n'a pas la finesse des traits si délicatement dessinés pas Jean Bugatti dans les années 1930, les designers ont tout de même voulu la rendre immédiatement reconnaissable. Cela passe par trois éléments incontournables : la calandre en fer à cheval, la nervure centrale en écho à la 57 Atlantic, et la ligne latéral en arc de cercle, inspiré des meubles de Carlo Bugatti. La structure de la Chiron est reconnaissable, mais tous les panneaux de carrosserie sont inédits. La face avant apparaît particulièrement impressionnante, avec des phares à diodes logés dans des fentes de seulement 3,5 cm d'épaisseur. Le traitement de la carrosserie, en partie en carbone bleuté, a déjà été vu sur des éditions spéciales de la Veyron. Mais la teinte bleu pétrole du vernis est nouvelle. Le nom de la Divo, enfin, veut aussi faire écho à l'histoire de la marque. Il s'agit d'un hommage au pilote français Albert Divo (de son vrai nom Albert Eugène Diwo), qui a par deux fois remporté la fameuse course sicilienne de la Targa Florio, en 1928 et 1929, au volant d'une Bugatti 35. Les clients sont-ils suffisamment amateurs d'histoire automobile pour saisir la référence ? Bugatti ne le dit pas…