Menaçant de muscler son arsenal nucléaire, Donald Trump a exigé d'inclure la Chine dans un traité nucléaire avec la Russie, conclu pendant la guerre froide. Sauf que plusieurs éléments laissent croire que Pékin n'est pas disposé à accepter ce qu'il a déjà qualifié de "chantage". Donald Trump joue des muscles face à son rival chinois. En annonçant son retrait du Traité bilatéral sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI), conclu avec Moscou pendant la guerre froide, le locataire de la Maison-Blanche a déclaré qu'il souhaitait désormais inclure le géant asiatique dans ce document. Et avant d'en arriver là, a-t-il menacé, Washington continuera d'accroître son arsenal nucléaire. Pékin a réagi à cette déclaration en dénonçant un "chantage" et en exhortant Washington à réfléchir avant de prendre toute décision concernant son retrait. "Depuis l'époque de Mao Zedong, la Chine a toujours rejeté tous les appels à rejoindre les processus de réduction ou de contrôle des armements stratégiques. Elle ne l'acceptera jamais", explique à Sputnik, Viktor Mizine, expert en sécurité internationale et politologue de l'Institut d'État des relations internationales de Moscou. Le chercheur précise que Pékin est en pleine modernisation de son arsenal militaire et s'éloigne de la conception de la dissuasion minimale pour construire sa propre triade nucléaire, à l'instar de celles adoptées par la Russie et les États-Unis. "Selon les autorités militaires, les Chinois s'en tiendront sans doute à une doctrine de représailles telle que Vladimir Poutine l'a décrite lors de son intervention au Club international de discussion Valdaï", poursuit M. Mizine. La stratégie en question repose sur l'idée que "la Russie ne se réserve pas le droit de procéder à une frappe préventive dans le cadre de sa doctrine militaire. Nous n'attaquerons jamais personne en premier", expliquait hier le Kremlin revenant sur les propos du Président mal interprétés par certains. Un autre élément faisant obstacle à l'adhésion du géant asiatique au Traité FNI est son armement: plus de 90% de ses missiles sont à portée intermédiaire. "Pékin l'explique par la nécessité de dissuader ses confrères de Taïwan et par une sorte de confrontation avec l'Inde sur la question des frontières", note le politologue. Pour la Chine, qui a normalisé la plupart de ses frontières continentales, l'Inde reste le seul voisin avec qui un conflit territorial terrestre perdure et ce, depuis 30 ans. Quant à Taïwan, l'Empire du milieu le considère comme "sa province rebelle"; les rapports avec l'île étant pour le moins tendus. "Rendre universel ce traité bilatéral est sans perspectives. La Chine ne l'intégrera jamais. De même pour l'Inde, le Pakistan, Israël et l'Iran", conclut l'expert. Donald Trump s'est attiré la réprobation de plusieurs capitales, en annonçant sa volonté de sortir du Traité FNI. Bruxelles, Paris, Berlin, Rome, Vienne et Madrid ont exprimé leur préoccupation face à cette initiative. Le Kremlin a de son côté averti que cette démarche rendrait le monde "plus dangereux".