Persuadés que Pyongyang procédera tôt ou tard à un nouveau test de missile balistique ou nucléaire, les Etats-Unis ont décidé d'évaluer leurs options militaires pour riposter à la poursuite du programme d'armement nord-coréen. «Les options militaires sont déjà en train d'être étudiées», a déclaré un conseiller en politique étrangère de la Maison-Blanche, sous couvert d'anonymat. Estimant qu'un nouvel essai — tir de missile balistique ou test nucléaire — était «possible», ce responsable a ajouté à propos du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un : «Malheureusement, cela ne nous surprend pas, il continue de développer son programme, il continue de lancer des missiles en mer du Japon. Avec ce régime, la question n'est pas de savoir si (cela va arriver) mais juste de savoir quand». Donald Trump avait, quant à lui, déjà prévenu jeudi que les Etats-Unis allaient s'occuper du «problème» nord-coréen, avec ou sans la Chine. De nombreux observateurs s'attendent à ce que le régime de Pyongyang, dirigé d'une main de fer Kim Jong-un, marque aujourd'hui — 105e anniversaire de la naissance de Kim Il-Sung, premier dirigeant du pays — avec un nouveau tir de missile balistique ou même son sixième test nucléaire. Ces tirs ont été interdits par la communauté internationale. «La Corée du Nord est un problème» qui «sera traité», avait affirmé Donald Trump. «Un conflit peut éclater à tout moment» Le ministre américain de la Défense, Jim Mattis, a, de son côté, affirmé le même jour que les Etats-Unis tentaient de calmer le jeu. «En ce qui concerne la Corée du Nord, nous travaillons avec nos partenaires internationaux afin de désamorcer la situation, mais le fait est que la Corée du Nord doit changer son comportement ; les pays de la communauté internationale qui se préoccupent de ce sujet sont tous d'accord sur ce point», a-t-il déclaré en recevant son homologue turc Fikri Isik à Washington. De son côté, Pyongyang a promis hier une «réponse sans pitié» à toute provocation américaine. L'information a été annoncée par KCNA, l'agence de presse officielle de la Corée du Nord. Citant la récente frappe américaine en Syrie, KCNA a affirmé que l'Administration de Donald Trump était «entrée dans l'ère des menaces ouvertes et du chantage» contre la Corée du Nord. Devant la crainte d'une guerre imminente et se basant sur le fait qu'il n'y a pas de fumée sans feu, le gouvernement chinois a décidé de limiter au strict nécessaire ses échanges avec la Corée du Nord. La chaîne d'Etat chinoise CCTV a annoncé sur les réseaux sociaux que les vols de la compagnie aérienne publique Air China entre Pékin et Pyongyang seront suspendus à partir de lundi. Appels à la retenue La Chine avait averti auparavant qu'un conflit pouvait «éclater à tout moment» en Corée du Nord. «Le dialogue est la seule issue», a déclaré le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi lors d'un point de presse à Pékin en compagnie de son homologue français Jean-Marc Ayrault. Quiconque provoquerait un conflit dans la péninsule coréenne «devra assumer une responsabilité historique et en payer le prix», a martelé le ministre chinois. Dans le dossier du nucléaire nord-coréen, «le vainqueur ne sera pas celui qui tient les propos les plus durs ou qui montre le plus ses muscles. Si une guerre a lieu, le résultat sera une situation dont personne ne sortira vainqueur», a prévenu M. Wang, sans citer explicitement les récentes menaces du président américain. La Chine est considérée comme la seule alliée de la Corée du Nord. Bien qu'appelant régulièrement les Etats-Unis à la retenue, elle s'oppose cependant aussi au programme nucléaire à visée militaire du régime de Kim Jong-un. L'inquiétude chinoise est partagée par la Russie qui a appelé hier aussi toutes les parties à la «retenue» et à éviter toute action qui pourrait être interprétée par la Corée du Nord comme une «provocation». «Moscou suit avec une grande inquiétude la montée des tensions dans la péninsule coréenne. Nous appelons tous les pays à la retenue et les mettons en garde contre toute action qui pourrait être interprétée comme une provocation», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. La crainte de la Chine et de la Russie de voir la péninsule coréenne sombrer dans la guerre a, rappelle-t-on, commencé lorsque le président américain Donald Trump avait annoncé samedi dernier l'envoi dans la région du porte-avions Carl Vinson, escorté par trois navires lance-missiles. Quelques jours plus tard, il avait évoqué une «armada» comprenant des sous-marins. Un porte-avions tel que le Carl Vinson transporte en général 70 à 80 avions ou hélicoptères, dont une cinquantaine d'avions de combat.