Malgré les informations diffusées par The Times sur la nomination "imminente" du général russe Alexandre Prokoptchouk à la tête d'Interpol, le Sud-Coréen Kim Jong-yang a été élu nouveau président de l'organisation. Le responsable exerçait les fonctions de président par intérim après la démission de l'ancien président Meng Hongwei. Le Sud-Coréen Kim Jong-yang a été élu mercredi président d'Interpol pour un mandat de deux ans face au candidat russe Alexandre Prokoptchouk, a annoncé l'organisation de police mondiale sur Twitter. Kim Jong-yang était déjà président par intérim d'Interpol depuis la démission de son ancien patron, Meng Hongwei, accusé de corruption en Chine et qui a mystérieusement disparu début octobre au cours d'un voyage dans son pays. Réunis à Dubaï, les délégués d'Interpol ont élu le Sud-Coréen lors d'une assemblée générale. Le quotidien The Times avait affirmé la semaine dernière, citant des sources britanniques, que M. Prokoptchouk était le favori du scrutin et que son élection était "imminente". Bien que le poste de président soit plus honorifique qu'opérationnel, la candidature du général russe de 56 ans avait agité plusieurs esprits, qui craignaient que l'organisation internationale ne devienne un outil au service du Kremlin. En réponse, le ministère russe de l'Intérieur a dénoncé mardi une "politisation inadmissible" d'Interpol face à la levée de boucliers suscitée par des informations indiquant qu'un général russe était favori pour présider l'organisation internationale. Le Kremlin, de son côté, a pointé du doigt l'ingérence des sénateurs américains dans les affaires internes d'Interpol. Une candidature qui agite tant les esprits? Depuis plus d'un mois, Interpol fonctionne sans président. L'élection pour choisir un nouveau dirigeant aurait pu se dérouler calmement… si The Times n'avait pas décidé de faire du bruit, en annonçant la nomination "imminente" d'un général russe à ce poste. Qui est Alexandre Prokoptchuk et dans quelles circonstances se dérouleront les élections? Eu égard au rôle politiquement neutre qu'il doit jouer, Interpol a été confronté depuis lundi à une levée des boucliers contre la candidature d'un général russe à la présidence de l'organisation, un poste plus honorifique qu'opérationnel. Citant des sources britanniques, le quotidien The Times a affirmé dimanche que le général russe Alexandre Prokoptchuk, 56 ans, était donné favori aux prochaines élections du nouveau patron de cette organisation internationale. Son rival dans la lutte pour accéder à cette position sera l'actuel président par intérim d'Interpol, le Sud-coréen Kim Jong-yong.
Qui est le général Prokoptchuk? Alexandre Prokoptchuk, 57 ans, a été l'un des quatre vice-présidents d'Interpol au cours des deux dernières années. Né en Ukraine en 1961, il est diplômé de l'Université d'État de Kiev (langues et littérature romanes et germaniques). Le responsable parle cinq langues: anglais, allemand, français, italien et polonais. Il a débuté sa carrière dans les organisations du Komsomol de la République soviétique d'Ukraine. En 1986, il s'est installé à Moscou et a travaillé dans l'éducation, puis dans l'administration fiscale. Depuis 2003, M.Prokoptchuk faisait partie du ministère de l'Intérieur. De 2011 à 2016, il a dirigé le bureau central national d'Interpol auprès du ministère. Lors de son service au ministère il a été promu général. En 2016, le responsable a été nommé vice-président d'Interpol sous la présidence de Meng Hongwei.
Pourquoi Interpol a-t-elle besoin d'un nouveau président? L'élection de Meng Hongwei à la tête d'Interpol fin 2016 avait été vécue comme une victoire pour la Chine, en dépit des inquiétudes que cela avait fait naître parmi les défenseurs des droits de l'Homme. Début octobre dernier, le parquet de Lyon, ville où se trouve le siège d'Interpol, a annoncé avoir lancé une enquête concernant la disparition inquiétante de Meng Hongwei, 64 ans. Peu après, Interpol a annoncé la démission de son président chinois, porté disparu depuis plus de dix jours, peu après que Pékin eut annoncé qu'il faisait l'objet d'une enquête dans son pays, soupçonné d'avoir "violé la loi". Les règles d'Interpol prévoient que son premier vice-président, le Sud-coréen Kim Jong-yang, devienne président par intérim.
Quand et comment se déroulent les élections à Interpol? L'élection du président d'Interpol aura lieu le mercredi 21 novembre à Dubaï, où se tiendra l'assemblée générale de l'organisation, avec la participation de 192 délégués des pays membres. "Conformément à l'article 7(2) du Statut, le Président est élu par tous les membres de la Commission (…). Seuls les membres présents prennent part à l'élection. Pour être élu, le Président doit obtenir les voix d'au moins cinq membres, lors d'un vote à bulletins secrets. Si aucun candidat n'obtient la majorité requise à l'issue du premier tour de scrutin, un deuxième tour est organisé entre les deux candidats ayant obtenu le plus de voix. En cas d'égalité de voix entre deux candidats lors du dernier tour de scrutin, la préférence est donnée au membre ayant préséance du fait de la date de sa prise de fonctions en tant que membre de la Commission. Si les deux candidats ont la même ancienneté, le plus âgé l'emporte", disent les règles de fonctionnement de l'organisation.
Quels sont les pouvoirs du président? En fait, être président d'Interpol est en grande partie une fonction symbolique. Selon les règlements d'Interpol, il doit présider et diriger les débats lors des sessions de l'Assemblée générale et de son comité exécutif, surveiller la conformité des activités d'Interpol aux décisions de l'Assemblée générale et du Comité exécutif, maintenir une communication directe et constante avec le secrétaire général de l'organisation. La direction opérationnelle et la coordination d'Interpol entre les pays membres sont assurées par un autre organe, le Secrétariat général. Il est dirigé par le représentant allemand Jürgen Stock depuis 2014.
Qui est contre le candidat russe? Face à une nomination, selon The Times, "imminente" de M.Prokoptchuk, un groupe de sénateurs américains a appelé les membres de l'assemblée générale d'Interpol, ainsi que la Maison Blanche, à s'opposer à sa candidature car la Russie "utilise régulièrement Interpol pour régler ses comptes et attaquer des opposants politiques, des dissidents et des journalistes". Kiev, de son côté, s'est aussi embrasé. Le chef du ministère ukrainien de l'Intérieur, Arsen Avakov, a déclaré que la bataille pour Interpol commençait. De plus, un député de la Rada d'Ukraine, Mustafa Nayyem, a lancé une campagne sur Facebook invitant les citoyens de différents pays à demander à leurs délégations de voter contre la nomination de M.Prokoptchuk. L'homme d'affaires britannique William Browder, condamné à plusieurs reprises en Russie pour des fraudes fiscales, a estimé qu'il serait "scandaleux" que Prokoptchuk prenne la tête de l'organisation. "Cet individu n'a pas arrêté de me traquer et à cause de lui j'ai été arrêté sept fois par Interpol", a-t-il déclaré à la BBC.
Qu'en pense la Russie? En réponse, le ministère russe de l'Intérieur a dénoncé mardi une "politisation inadmissible" d'Interpol face à la levée de boucliers suscitée par des informations indiquant qu'un général russe était favori pour présider l'organisation internationale. "Nous considérons inadmissible la politisation d'Interpol en tant d'organisation internationale professionnelle", a réagi la porte-parole du ministère, Irina Volk, dans un communiqué, soulignant l'expérience du candidat russe Alexandre Prokoptchuk et assurant qu'il agirait "exclusivement dans les intérêts de la communauté policière internationale" en cas de victoire. Le Kremlin, de son côté, a pointé du doigt l'ingérence des sénateurs américains dans les affaires internes d'Interpol.
Interpol claque la porte au nez du Kosovo Examinée à l'assemblée générale des 192 États membres d'Interpol, l'adhésion du Kosovo n'a pas totalisé les deux tiers des voix nécessaires et a finalement été rejetée par cette structure internationale, pour la troisième fois. Réunie pour sa 87e session à Dubaï, l'assemblée générale d'Interpol a de nouveau rejeté ce mardi la demande d'adhésion de la république autoproclamée du Kosovo, tout en annonçant dans un communiqué sa décision "d'admettre Kiribati et le Vanuatu en tant que nouveaux pays membres", portant ainsi le nombre de ceux-ci à 194. L'Organisation internationale de police criminelle, qui siège à Lyon, a précisé que la majorité requise des deux tiers n'avait pas pu être atteinte pour la candidature du Kosovo et ce, pour la troisième fois depuis 2015. Face à cette décision, le Kosovo a exprimé "sa profonde déception", affirmant que son échec était dû à "la féroce campagne" de son voisin, la Serbie, selon le communiqué cité par Le Figaro. La province autonome serbe du Kosovo-Métochie a unilatéralement proclamé son indépendance en février 2008. En 2010, la Cour internationale de Justice (CIJ) a reconnu l'indépendance de la région.