L'élection de Miss Tinhinan 2008 a laissé des plumes ! L'événement qui s'est déroulé dans la précipitation la plus absolue lors de la clôture du festival “ international ” de Tinhinan du 13 au 14 mars – a fait sortir de leurs gonds les quatre Algériennes candidates parmi les 11 étrangères (Iles Comores, Bénin, Côte d'Ivoire, Ghana, Zambie, Zimbabwe, Angola) pour le titre de Miss. Les sept membres du jury – deux femmes et cinq hommes dont un Zimbabwéen – choisis à la hâte par Samadet, le président de l'association des amis de l'Ahaggar – organisatrice de l'événement, ont été poussés à donner le titre à une étrangère.Selon certains membres du jury, le président de cette association aurait insisté auprès d'eux pour que la couronne soit portée par une étrangère. L'élection de Miss Tinhinan en est à sa deuxième édition, le festival en est à sa quatrième, et l'association existe depuis 1992. L'an dernier lors de la première édition de ce concours de beauté, la Miss 2007 était originaire de Tam. Sans doute pour varier ou alors pour honorer les étrangers, ou encore pour être en harmonie avec la légende de Tinhinan, la voyageuse venue d'Afrique, Samadat voulait donner “ le trône ” à une Africaine. l'argument ou les arguments n'avaient pas convaincus les membres du jury qui voulaient coûte que coûte que le premier trophée aille d'abord à une Algérienne et que le second honore une étrangère. Comme les jeux étaient faits d'avance, c'est à Josiane Bizchou, une Angolaise de 25 ans qui nous a dit au départ qu'elle était étudiante à Blida ensuite à Tizi Ouzou et qu'elle faisait architecture, puis les lettres françaises ... bref elle est claire de peau et mesure 1m65, qu'est revenu le trône de la Miss des “ Touaregs ”. La deuxième Miss est originaire de Tamanrasset, s'appelle Nedjma Bakli, elle a à peine 16 ans et a le niveau de deuxième année moyenne. Sa maman s'appelle Soltana, elle est femme de ménage à l'hôpital de la ville de Tam, et membre de l'association des amis de l'Ahaggar. “ Si ma fille ne décroche pas le titre de l'une des Miss, je me suicide ”, a soutenu la maman de Nedjma qui était au four des maquillages et au moulin du jury. Les quatre algériennes candidates sont déjà montées sur le podium l'an dernier. L'une d'elle Nedjma, 20 ans, niveau quatrième année moyenne, avait raflé le titre de deuxième Miss Tinhinan. Sa mère est originaire de Constantine et son père d'Adrar, mais elle est née à Tam. Elle a arrêté ces études pour se consacrer à ce mouvement associatif non rémunérée. Elle veut à présent arrêter de travailler au siège des amis de l'Ahaggar, de 8h30 à 18h, pour rentrer chaque fin de mois les poches vides. Nedjma ne sait pas trop s'il faut travailler ou se marier. “ Je veux être Miss d'abord, puis les portes s'ouvriront peut-être ”, raconte-t-elle effondrée par le fait qu'elle a loupé contrairement à l'an dernier une nomination qui pourrait lui servir de carte de visite.La première Miss était également présente. Son élection l'an dernier n'avait pas changé sa vie. Le soir même, elle était rentrée chez elle avec un diplôme et une musique glorifiante dans ses oreilles. Elle était là dans les coulisses et sur le podium pour la photo et le récit d'une jeune de 22 ans qui vit à Tam avec un second époux rencontré dans le Nord. “ Ces élections sont préfabriquées, j'aurais pu gagner au moins le second titre ” vociférait Boudjal Nassira, inconnue de 31 ans qui gagne sa vie à Hussein Dey en coiffant et embellissant les nanas d'Alger. Elle n'est pas Targuie mais descend souvent à Tam pour voir la famille. Au Nord comme au Sud, l'élection d'une Miss devient un véritable objet de marchandage. Pour la Miss Tinhinan 2008, elle aura gagné une petite chose : Venir à Tam tous les ans avec une prise en charge totale. Nous sommes encore loin de la création d'images. De notre envoyé spécial