L'Union chrétienne-démocrate (CDU) au pouvoir en Allemagne a lancé une "discussion de travail" de deux jours sur la question des réfugiés. Cette discussion se déroule à Berlin à l'initiative de la présidente du parti, Annegret Kramp-Karrenbauer, en présence de représentants de l'Union chrétienne-sociale (CSU), de juristes, de chercheurs et de politologues de différents Länder allemands - soit une centaine de participants au total, écrit le quotidien Nezavissimaïa gazeta. A l'issue de la discussion seront élaborées des recommandations qui seront transmises au parlement et au gouvernement fédéral. Cette réunion de deux jours ne vise pas seulement à élaborer de nouvelles mesures d'organisation du travail avec les migrants, mais également à analyser les événements de 2015, quand la chancelière allemande Angela Merkel avait de facto ouvert les frontières de l'Allemagne aux millions de réfugiés. Les discussions tournent autour de la migration, de la sécurité et de l'intégration. La CDU a la tâche difficile d'élaborer des mesures nationales en matière de politique migratoire tout en respectant la pratique de l'UE "étant donné que tout ce que nous faisons au niveau national se reflète directement sur les discussions sur ce thème dans d'autres pays membres de l'UE", a noté la numéro un du parti. 4,5 millions de personnes sont entrées en Allemagne entre 2015 et 2017, dont 2,5 millions en provenance d'autres pays de l'UE, 1,5 million de réfugiés et de demandeurs d'asile, ainsi que 500.000 personnes dans le cadre de la migration de travail et d'étude. Angela Merkel a refusé de participer aux discussions, tout comme Thomas de Maizière, ancien ministre allemand de l'Intérieur, qui était en charge du problème migratoire au sein du gouvernement Merkel en 2011. La réunion a été ouverte par Annegret Kramp-Karrenbauer et le ministre de l'Intérieur de Bavière Joachim Herrmann. Mais si la chef de la CDU a parlé de coordonner la politique nationale en matière de migration avec celle de l'UE, le ministre bavarois a évoqué des mesures supplémentaires pour protéger les frontières nationales contre les migrants. Joachim Herrmann a notamment suggéré de renforcer le travail pour prévenir les causes de la migration, avant tout en provenance d'Afrique. D'autres participants ont préconisé des mesures visant à prévenir la pénétration de réfugiés en UE, à commencer par la construction de camps spéciaux en Méditerranée où seraient étudiées les motivations des migrants, jusqu'à la privation des droits et des privilèges des individus qui vivent en Allemagne depuis longtemps. Le débat sur les conséquences de la politique migratoire a été initié par Annegret Kramp-Karrenbauer immédiatement après son élection à la tête du parti. Elle avait ainsi l'intention de "surmonter le passé négatif pour les chrétiens-démocrates afin de ne pas créer d'obstacles aux élections de cette année". Angela Merkel elle-même a publiquement déclaré qu'elle assumait ses actions en matière de politique migratoire et qu'elle les trouvait "justes". C'est pourquoi il ne faut pas exclure qu'en organisant ces discussions, Annegret Kramp-Karrenbauer cherchait à dissiper au sein de la CDU le mythe de la "chancelière de fer". De toute évidence la nouvelle chef de la CDU songe sérieusement au siège de chancelière.