En abordant le compromis gazier avancé par Paris et Berlin, Sergueï Lavrov a déclaré qu'il voudrait bien croire en la victoire de ces derniers et du bon sens, mais a noté le fait que les amendements à la directive gazière européenne étaient des tentatives d'appliquer des décisions adoptées aujourd'hui aux projets lancés il y a des années. Évoquant le compromis sur les amendements à la directive gazière européenne, le chef de la diplomatie russe a déclaré qu'il voudrait bien croire en la victoire du bon sens. "On dit que c'est une grande victoire de l'Allemagne et de la France, une grande victoire du bon sens. Je voudrais y croire", a-t-il déclaré lors d'un point de presse. Et d'ajouter que c'est en goûtant que l'on sait si c'est bon. "On verra par quoi tout ceci se terminera. À vrai dire, l'évolution de cette histoire suscite l'étonnement. Il y avait un projet que tous les participants ont qualifié de purement commercial, profitable pour le monde des affaires européen et assurant une sécurité européenne supplémentaire de l'Europe, y compris pour l'Allemagne et d'autres pays qui ont commencé à renoncer à l'énergie nucléaire et celle du charbon. Tout semblait marcher", a indiqué le ministre. Pratiquement toutes les objections contre ce projet étaient politiques. Un des arguments était l'augmentation de la dépendance de l'Europe vis-à-vis de la Russie. "Le projet a été lancé quand la directive actuelle était en vigueur, quand la transparence juridique de ce projet ne suscitait aucun doute. Alors, un amendement spécial a été fait et adopté aujourd'hui, mais concerne ce projet lancé il y a deux ans. À mon avis, il n'est pas très correct d'agir ainsi", a ajouté le ministre. Et d'estimer que probablement il y avait des situations où un mauvais compromis était meilleur qu'une bonne dispute. Le Conseil de l'UE et le Parlement européen ont approuvé, le 12 février, des amendements à la directive gazière européenne qui concernent les parties maritimes des gazoducs des pays tiers, comme par exemple le Nord Stream 2. Selon le communiqué du Parlement européen, ces amendements ont pour but de s'assurer que les règles du marché gazier interne de l'UE soient appliquées aux gazoducs en provenance des pays tiers. Le 8 février, la France et l'Allemagne ont soumis à leurs partenaires de l'UE un compromis pour permettre l'adoption de nouvelles règles sur le transport du gaz, sans bloquer le projet de gazoduc Nord Stream 2. Il prévoit notamment que l'application des règles européennes pour les gazoducs avec des pays tiers, comme la Russie, incombe aux pays de l'UE où les installations sont reliées pour la première fois au réseau européen. Dans le cas du Nord Stream 2, ce sera l'Allemagne.
Kurz a expliqué à Trump pourquoi Vienne préférait le gaz russe La réalisation du projet Nord Stream 2 a été évoquée lors de la rencontre entre le Président américain et le chancelier autrichien, le 20 février à la Maison-Blanche. Selon Sébastian Kurz, Vienne n'entend pas renoncer à ce gazoduc qui peut lui garantir des livraisons énergétiques sûres. Intéressée à bénéficier de livraisons énergétiques sûres, l'Autriche continuera de soutenir le projet Nord Stream 2 malgré l'opposition de Washington, a déclaré mercredi le chancelier autrichien, Sebastian Kurz, à l'issue de sa rencontre avec Donald Trump à la Maison-Blanche. "[Donald Trump, ndlr] a clairement dit que les États-Unis étaient contre ce projet. Nous en sommes au courant. Nous soutenons ce projet puisque des livraisons énergétiques sûres en Autriche nous intéressent […] Finalement, il y a une sorte d'entente à ce sujet en Europe. Et nous continuerons de promouvoir ce projet", a-t-il précisé dans une interview accordée à ORF. M.Kurz s'est également exprimé à propos de possibles livraisons de gaz naturel liquéfié américain en Autriche. "Acheter du gaz au États-Unis ne nous poserait pas de problème. Mais tant que le prix russe est meilleur, la Russie est un partenaire plus attractif pour nous dans ce domaine. Je pense que comme ancien homme d'affaire, il [Donald Trump, ndlr] peut comprendre que nous ayons des intérêts différents à ce sujet", a-t-il expliqué.
Merkel ne voit pas de raison de renoncer au gaz russe Le transit de gaz russe via l'Ukraine ne doit pas empêcher la mise en service de nouveaux gazoducs, dont le Nord Stream 2, a estimé Angela Merkel lors de la Conférence de Munich sur la sécurité. L'Allemagne compte poursuivre ses importations de gaz russe et veut maintenir son transit via le territoire ukrainien malgré la mise en place du gazoduc Nord Stream 2, a déclaré la chancelière fédérale Angela Merkel. "L'Ukraine doit rester un pays transitaire, mais d'autres gazoducs doivent toujours exister (…). Je me range du côté de M.Porochenko, mais les questions liées au Nord Stream 2 restent également importantes pour moi", a-t-elle expliqué samedi lors de la Conférence de Munich sur la sécurité. La chancelière allemande a également jugé nécessaire pour l'Europe de diversifier ses sources d'énergie. "Il est raisonnable d'utiliser le gaz liquéfié américain livré à des prix raisonnables, mais nous n'allons pas exclure la Russie de notre champ visuel. Du point de vue géostratégique, l'Allemagne n'a pas le droit de rompre ses relations avec la Russie", a souligné Mme Merkel. Le gazoduc Nord Stream 2 doit permettre de doubler les capacités du premier Nord Stream, qui achemine du gaz de la côte Baltique de la Russie jusqu'à l'Allemagne. Soutenu sous conditions par la France, ce projet est fortement critiqué par les Pays baltes ainsi que par la Pologne et suscite une vive opposition de la part des États-Unis. Le projet Nord Stream 2 est réalisé par la société russe Gazprom, en coopération avec les entreprises européennes Engie, OMV, Shell, Uniper et Wintershall. Le gazoduc reliant la Russie à l'Allemagne via la mer Baltique devrait être mis en service d'ici fin 2019. Les États-Unis s'y opposent énergiquement. La Russie a déclaré plusieurs fois qu'il s'agissait d'un gazoduc absolument commercial et compétitif. Par ailleurs, Vladimir Poutine a souligné que l'élaboration du Nord Stream 2 ne signifiait pas pour autant l'arrêt du transit de gaz russe via l'Ukraine.