Évoquant d'éventuelles livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) américain en Europe, le ministre russe de l'Énergie, Alexandre Novak, a expliqué que l'acheminement de ce type de gaz pourrait être économiquement avantageux avant tout sur les marchés où les pipelines sont absents. Ce qui n'est justement pas le cas de l'Europe. Le ministre russe de l'Énergie, Alexandre Novak, a affirmé qu'il ne considérait pas le GNL américain comme un concurrent au gaz russe en Europe. Interrogé sur les possibilités d'une telle concurrence, le responsable russe a mis en avant les avantages géographiques et logistiques du gaz russe. "Je ne vois pas de potentiel de concurrence pour le gaz liquéfié américain, en termes de marché. Nous avons un prix de revient de l'extraction très bas, nous avons une infrastructure déjà créée et amortie. Oui, une nouvelle infrastructure se développe, elle sera également exploitée pendant de nombreuses années", a-t-il indiqué. "Je vois le GNL américain utilisé plutôt sur les marchés où le gaz véhiculé par pipeline est absent. Le gaz par pipeline, s'il est déjà livré, est plus performant que le liquéfié", a ajouté le ministre dans une interview au journal Gazeta.ru. "Le GNL est performant à condition que son acheminement se réalise sur une distance de plus de 3.000 kilomètres, ou bien là où il est inopportun de poser un pipeline", a poursuivi M. Novak. "C'est le cas, par exemple, du marché de l'Asie-Pacifique, en plein développement, de la Chine - et nous avons des gisements proches de la Chine, d'où il est avantageux de livrer le gaz via un pipeline. Il y a d'autres marchés où il est impossible de poser un pipeline, il est plus avantageux de le liquéfier et de le transporter", a indiqué le responsable. À la mi-février, le ministre fédéral allemand de l'Économie et de l'Énergie Peter Altmaier a déclaré qu'il n'y avait aucun accord entre Berlin et Washington prévoyant l'achat de gaz naturel liquéfié américain par l'Allemagne. Dans le même temps, il a annoncé l'intention de l'Allemagne de construire deux terminaux d'importation de GNL. Or, selon M. Altmaier, cette question n'est pas liée à la réalisation du projet Nord Stream 2. Auparavant, dans une interview accordée au journal Welt am Sonntag, le ministre allemand avait déclaré que chaque pays avait le droit de "maintenir les relations économiques et commerciales qu'il juge appropriées". Il avait également salué le compromis entre Berlin et Paris sur les amendements à la directive gazière européenne en le qualifiant de "signal puissant" pour ceux qui veulent entraver le projet Nord Stream 2. Le projet Nord Stream 2 est réalisé par la société russe Gazprom, en coopération avec les entreprises européennes Engie, OMV, Shell, Uniper et Wintershall. Le gazoduc reliant la Russie à l'Allemagne via la mer Baltique devrait être mis en service d'ici fin 2019. Les États-Unis s'y opposent énergiquement. La Russie a déclaré plusieurs fois qu'il s'agissait d'un gazoduc absolument commercial et compétitif. Par ailleurs, Vladimir Poutine a souligné que l'élaboration du Nord Stream 2 ne signifiait pas pour autant l'arrêt du transit de gaz russe via l'Ukraine.