Le classement, pour la première fois à Oran, de cinq forts dans la liste du patrimoine national est une "bouffée d'oxygène" susceptible de donner un nouveau souffle à ces sites, qui représentent autant de témoins d'événements historiques importants dans la capitale de l'Ouest du pays. Réalisé début 2019, le classement simultanément de ces forts constitue un événement remarquable récompensant tous ceux qui ont fourni des efforts et un nouveau départ pour "dépoussiérer" ces sites et les réhabiliter, a indiqué à l'APS le responsable de l'antenne de l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés, Massinissa Ourabah. Le classement de ces sites comme biens historiques protégés, approuvé par la commission nationale spécialisée relevant du ministère de la Culture, concerne le fort de Santa Cruz sur les hauteurs du mont Murdjadjo, le fort "Saint Grégoire" dans la forêt du même mont, le fort "San Pedro" à haï Es-sanawbar (ex Planteurs), le fort "San Diego" à haï "Bab El Hamra" et le fort "Rozalcazar", plus connu comme le Palais Rouge, au centre-ville d'Oran, a précisé M. Ourabah. Les cinq forts historiques font partie de l'ancien système de défense de la ville d'Oran qui comprend 12 sites historiques. Il s'agit ainsi d'un patrimoine qui, selon M.Ourabah, témoigne de l'histoire de la région, édifié durant différentes époques de l'histoire de la ville, passant par les Mérinides jusqu'à l'occupation espagnole, qui a entrepris plusieurs changements. Selon des sources historiques, Oran est une véritable citadelle fortifiée, considérée dans le bassin méditerranéen comme la ville qui possède le plus de forts, avec plus de 20 palais fortifiés, d'autres forts plus petits ainsi que des tours d'observation.
Des forts qui défient le temps Une année après le classement de ces cinq forts, la situation de ces monuments demeure toutefois encore sans suivi sur le terrain de la part des autorités locales, a regretté M. Ourabah, signalant que l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés qui gère ces sites, "n'a pas les moyens pour leur réhabilitation". Laissés à l'abandon, ces sites historiques sont dépourvus de clôtures, d'éclairage, d'assainissement et d'eau. Ils sont, pour la plupart, situés dans des endroits jugés à risque, à l'instar des forts "San Pedro" et "San Diego", a-t-il déploré, faisant savoir que les agents de l'Office font face à de nombreux problèmes pour y assurer la sécurité, d'autant que les lieux ont fait l'objet de squat, en plus de la prolifération de constructions illicites près du fort San Pedro, situé dans le quartier populaire des Planteurs. "Ces forts sont classés et donc protégés par la force de la loi et nécessitent une réhabilitation, surtout qu'ils sont situés face à la mer et occupent des positions stratégiques", a déclaré le chef de service patrimoine à la direction de la Culture, jamel-Eddine Barka, signalant que cette dernière a proposé, juste après le classement, des opérations "urgentes" pour la protection de ces monuments. Dans ce cadre, la direction de la Culture a pris contact avec le ministère des Finances pour inscrire des opérations urgentes dans la Loi de finances 2020 portant sur la pose de poutres métalliques de consolidation pour la préservation de ces forts, selon M.Barka, qui a souligné que dans l'ensemble, la situation de chaque fort varie entre "bonne", comme le fort de Santa Cruz, "moyenne" comme Rozalcazar, et "mauvaise" comme le fort Saint Grégoire.
De mission de défense du passé à une vocation touristique Les cinq forts peuvent devenir des destinations touristiques d'excellence et source de développement en cas d'efforts de différents secteurs, à l'instar de ceux du tourisme et de l'artisanat, de la culture, et d'efforts de chercheurs en patrimoine et histoire, d'architectes et d'associations.
Pour concrétiser cette aspiration, une première initiative prise dernièrement par les ministères de la Culture et de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'aménagement du territoire a porté sur l'organisation de sessions de formation pour les spécialistes en patrimoine sur "les politiques publiques de protection et d'aménagement et l'exploitation des forts de la ville d'Oran", en coordination avec l'ambassade d'Algérie en Espagne. A ce propos, l'experte espagnole Maria José Balasco, de l'université polytechnique de Valence (Espagne), une des encadreurs de la session de formation, a estimé que la ville d'Oran dispose de nombreux forts et possède un système défensif excellent, ce qui nécessite de savoir comment améliorer et exploiter ces sites, ce qui est "très important dans le domaine touristique", selon lui. A titre indicatif, le fort de Santa Cruz, connu chez les Oranais comme le "fort de la montagne", est un des lieux célèbres sur le plan national, attirant chaque année, des centaines d'Algériens et d'étrangers de différentes nationalités, sachant qu'il est intégré dans le circuit touristique de la ville d'Oran. Ce fort, qui surplombe la ville d'Oran, accueille de nombreuses activités culturelles, ce qui fait de lui un pôle touristique incontesté que les habitants d'Oran et les spécialistes espèrent le classement comme patrimoine universel. Des enseignants universitaires participant à l'hommage rendu au militant Sid Ali Abdelhamid, à l'occasion de la publication de son livre "Ce que j'ai vécu", ont mis en avant le devoir d'informer les générations montantes des faits et événements liés au déclenchement de la Guerre de libération nationale eu égard à "l'importance de l'Histoire dans la vie de la Nation". En célébration du 98e anniversaire de l'auteur de "Ce que j'ai vécu", rédigé en langue française publié par les Editions Dahlab, les participants à ce rendez-vous organisé dans une ambiance livresque à la Bibliothèque nationale algérienne (BNA), ont mis en valeur la personnalité de Sid Ali Abdelhamid, le qualifiant de "repère pour les générations futures", compte tenu des détails rapportés dans son recueil qui met sous les projecteurs une étape importante de l'histoire de la pré-révolution algérienne. Intervenant à cette occasion, le chercheur Saïd Chibane a estimé qu'il ne suffisait pas de lire les mémoires des auteurs témoins de cette période, mais de veiller à la distribution des contenus afin de les préserver, et afin de mettre au clair certains faits et écarter les ambiguïtés". Aux yeux de M. Chibane, le Moudjahid Abdelhamid est "connu pour ses positions immuables et rigoureuses, à l'instar de ses confrères, envers plusieurs questions de l'époque, notamment celles liées à la 'crise identitaire', et il a sauvé l'unité du Mouvement national en adoptant une approche très correcte même". Né en 1921 à la Casbah, le militant retrace, à travers ces mémoires, l'époque où il rejoignit le Mouvement national, le Parti du Peuple algérien (PPA) et le Comité révolutionnaire d'Unité et d'action (CRUA). Il rapporte, par ailleurs, ces souvenirs au lendemain du déclenchement de la guerre, où il a été détenu à plusieurs reprises avant de retrouver ses compagnons d'armes et grands militants à l'instar de Messali Hadj, Abane Ramdane, Hocine Asselah, Hocine Aït Ahmed, Ahmed Bouda, Mohamed Belouizdad et bien d'autres. Des personnalités vraisemblablement gravées à jamais dans la mémoire de l'auteur, car très présentes dans la rétrospective de son autobiographie. A méditer également à travers cette œuvre mémorielle, la crise de 1953 qui avait secoué le PPA- MTLD (Mouvement du Triomphe des libertés démocratiques), la naissance du CRUA, les principales crises jalonnant la lutte armée, les rôles avant-gardistes qui ont ponctué les étapes de la guerre ou encore la série des arrestations perpétrée contre d'imminents Moudjahidine. Fils de la Casbah, l'auteur se remémore dans le détail les faits historiques qui s'étaient déroulés dans son quartier alors que la guerre battait son plein, et les réunions qui se tenaient en catimini, ce qui a fait de lui, selon l'enseignant Hamid Tahri, "une sommité et un pionnier de la lutte, de par son engagement, armé de foi et de sens élevé de l'unité, à libérer l'Algérie de la fatidique et dévastatrice occupation française".