La Bourse de New York a fini sur un repli marqué vendredi dans la foulée d'indicateurs économiques américains jugés préoccupants et d'une réactivation des inquiétudes liées à l'épidémie de coronavirus. L'indice Dow Jones a cédé 0,78% (227,57 points) à 28 992,41. Le S&P-500, plus large, a perdu 35,54 points, soit -1,05%, à 3.337,69. Le Nasdaq Composite a reculé de son côté de 174,38 points (-1,79%) à 9 576,59 points. La Chine a signalé vendredi un rebond des nouveaux cas de contamination au coronavirus tandis que la Corée du Sud devenait un nouveau point de focalisation des risques, avec 100 nouveaux cas. La contraction de l'activité dans le secteur privé en février au Etats-Unis, dans les services comme dans l'industrie, a également incité des investisseurs à prendre leurs bénéfices. "Tout cela crée une carte imprévisible", explique Peter Tuz, président de Chase Investment Counsel à Charlottesville, en Virginie. "Partant en week-end peu de temps après que les marchés d'actions ont atteint des sommets, on ramasse de l'argent sur la table", ajoute-t-il. Pour la deuxième séance d'affilée, les actions ont décroché dans le sillage des poids lourds des technologies. Microsoft cède 3,16%, Amazon.com lâche 2,65% et Apple perd 2,26%. A contre-courant, Dropbox, le spécialiste du stockage de données en ligne qui a publié jeudi soir des résultats trimestriels supérieurs aux attentes et relevé son objectif de marge d'exploitation, s'envole de 20%.
Le repli des actions face au coronavirus atténué par des PMI rassurants Wall Street devrait poursuivre son repli vendredi dans le sillage des marchés asiatiques et européens, le regain d'inquiétude suscité par la propagation du coronavirus en Chine et ailleurs continuant de favoriser les prises de bénéfice après les plus hauts du début de semaine, même si l'activité des entreprises de la zone euro montre des signes rassurants. Les contrats à terme sur les indices new-yorkais signalent une ouverture en baisse de 0,3% à 0,5%. À Paris, le CAC 40 perd 0,11% à 6.055,93 points à 12h10 GMT après avoir perdu jusqu'à 0,86% en tout début de séance. A Londres, le FTSE 100 cède 0,21% et à Francfort, le Dax est inchangé. L'indice EuroStoxx 50 est en baisse de 0,08% et le FTSEurofirst 300 de 0,12% alors que le Stoxx 600 est quasi stable, à 0,9% de son record de mercredi. Les principaux indices européens s'acheminent ainsi vers une performance hebdomadaire négative après deux semaines de hausse soutenue. Le nombre de nouveaux cas d'infection au coronavirus en Chine a de nouveau augmenté jeudi selon les chiffres officiels publiés par Pékin alors que les bilans précédents avaient nourri l'espoir d'un ralentissement de l'épidémie. Le politburo du Parti communiste chinois, de son côté, a reconnu que l'épidémie n'avait pas encore atteint son point d'inflexion. En Europe, les premiers résultats des enquêtes mensuelles d'IHS Markit auprès des directeurs d'achats du secteur privé sont néanmoins plutôt rassurants: l'indice PMI "flash" composite de la zone euro, à 51,6 pour février, dépasse les estimations les plus optimistes et le PMI manufacturier allemand remonte même s'il continue de traduire une contraction. "La légère hausse de l'indice PMI composite de la zone euro est une grosse surprise. Cela devrait éloigner au moins temporairement les craintes d'une récession imminente dans la zone euro", commente Oliver Rakau, économiste d'Oxford Economics, en soulignant que "l'élément le plus frappant est le bond du PMI manufacturier allemand". Le tableau est moins encourageant au Japon, où le PMI manufacturier flash, à 47,6, traduit une contraction de l'activité sans précédent depuis sept ans qui nourrit la crainte d'une récession.
VALEURS EN EUROPE Une fois de plus, le repli touche notamment les secteurs de la cote européenne les plus exposés à la demande chinoise: celui du pétrole et du gaz perd 1,07%, celui de l'automobile 0,89%, celui des matières premières 0,08%. A Paris, ArcelorMittal (-1,23%), TechnipFMC (-1,56%) et Renault (-0,81%) figurent parmi les plus fortes baisses du CAC 40. A Francfort, Daimler cède 1,76% après avoir déclaré que l'épidémie aurait des "conséquences néfastes importantes" sur sa production. A la hausse, Sopra Steria prend 7,22%, la meilleure performance du Stoxx 600, après l'annonce de résultats annuels solides et d'un projet de rachat de Sodifrance (-2,15%).
TAUX Les chiffres meilleurs qu'attendu des PMI flash ont provoqué un retournement de tendance sur le marché obligataire européen avec une nette remontée des rendements: celui du Bund allemand à dix ans est en légère hausse à -0,44% alors qu'il perdait plus de deux points de base à -0,465% juste avant la publication des indices. Sur le marché américain, l'aversion au risque l'emporte en revanche toujours: le rendement à dix ans, à 1,4915%, cède près de quatre points, au plus bas depuis le 5 septembre.
CHANGES Le regain d'aversion au risque bénéficie au yen, en hausse de 0,2% face au dollar, effaçant une partie de ses pertes des deux séances précédentes. L'"indice dollar", qui mesure les fluctuations du billet vert face à un panier de devises de référence, se replie de 0,19% après avoir gagné plus de 2,5% en trois semaines et atteint jeudi son plus haut niveau depuis près de trois ans. L'euro en profite pour remonter à 1,08 dollar. La livre sterling, elle, profite des indices PMI flash britanniques, jugés rassurants par les cambistes.
PÉTROLE Les cours du brut sont en net recul, la reprise de l'augmentation du nombre de nouveaux cas de contamination au coronavirus en Chine et le PMI flash japonais ayant ravivé les craintes pour la demande, qui se conjuguent à l'impact baissier de la vigueur du dollar. Le Brent abandonne 1,97% à 58,14 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 1,87% à 52,87 dollars.
OR Le cours de l'once d'or sur le marché spot, en hausse de près de 1%, a atteint un pic de sept ans à 1.635,98 dollars.