En 2005, un hebdomadaire national avait publié le témoignage d'un citoyen qui s'était fait extorquer une somme en euros par un Ivoirien qui s'était fait passer pour un riche héritier désirant investir en Algérie. La nouveauté est que cette escroquerie a eu à distance par boîtes e-mail interposées. Des crédules et des cupides continuent toujours à se faire avoir suivant la même méthode. Une affaire similaire a connu son épilogue tout récemment au tribunal d'Abane-Ramdane, à Alger. En 2005, un hebdomadaire national avait publié le témoignage d'un citoyen qui s'était fait extorquer une somme en euros par un Ivoirien qui s'était fait passer pour un riche héritier désirant investir en Algérie. La nouveauté est que cette escroquerie a eu à distance par boîtes e-mail interposées. Des crédules et des cupides continuent toujours à se faire avoir suivant la même méthode. Une affaire similaire a connu son épilogue tout récemment au tribunal d'Abane-Ramdane, à Alger. Comme chaque fin d'après-midi, Ahmed, 35 ans, entra dans le cybercafé de son quartier pour jeter un coup d'œil sur ses deux boîtes e-mail. L'une d'elles, contrairement aux autres fois, contenait un message qu'il trouva à la fois curieux et intéressant. Il lui avait été envoyé par un individu qu'il ne connaissait pas et qui s'était présenté comme un Nigérien voulant quitter son pays pour s'installer en Algérie où il comptait investir dans une affaire qui rapporte. Ahmed, tout d'abord, lui demanda comment il avait eu son e-mail et celui-ci lui répondit que le hasard y était pour beaucoup. «Comme je ne connaissais personne dans votre pays, j'ai décidé de me fier au hasard ; j'ai surfé sur le Net et je suis tombé sur votre adresse.» Ensuite, l'inconnu fit savoir à Ahmed qu'il était informaticien et qu'il avait l'intention de lancer une petite usine d'ordinateurs portables avec l'héritage qu'il allait toucher dès qu'il se serait acquitté de quelques formalités administratives que demande la banque britannique où son héritage se trouvait. Et il en profita pour lui demander les prix de ce type de produits en Algérie. Ahmed lui répondit que ceux-ci avaient considérablement baissé et qu'ils oscillaient entre 35.000 et 60.000 DA. Et l'autre lui annonça qu'il avait mené des études pour que ceux qu'il avait l'intention de fabriquer ne coûtent pas plus de 20.000 DA. Ahmed se mit alors à jubiler et lui écrivit : - Si vous lancez sur le marché algérien des ordinateurs portables à ce prix-là, leur succès commercial est garanti ! Ils ne se vendront pas comme des petits-pains au chocolat mais comme des baguettes ! Quelques jours passèrent. Ahmed reçut un autre message de son interlocuteur du Niger lui expliquant que sa décision de venir en Algérie n'était plus qu'une question de temps parce qu'il lui fallait d'abord faire transiter son héritage qui se trouve en Angleterre par une banque de Niamey avant de le transférer en Algérie. Puis, il lui ajouta en le tutoyant pour lui faire comprendre qu'ils étaient désormais amis et embarqués sur les ailes d'un même destin : - Mob cher Ahmed, tu seras mon associé à hauteur de 50%. Ma belle étoile me dit que je ne pouvais pas mieux tomber. Je vais te faire un aveu. J'ai fait analyser les messages que tu m'as envoyés par un spécialiste et il a été formel : tu es quelqu'un de foncièrement honnête. Mon investissement se fera avec toi ou ne se fera pas du tout ! Ahmed, que la cupidité et les millions de dinars virtuels faisaient saliver, se mit à frétiller d'impatience et il demanda : - Quand viendras-tu en Algérie ? - Je ne sais pas. Cela ne dépend pas de moi mais d'un certain nombre de facteurs. Il faut d'abord que je trouve de l'argent pour payer le notaire et l'avocat anglais qui s'occuperont du transfert de mon argent. J'ai d'abord besoin en toute urgence de 500 euros. - Et tu peux les avoir ? - Je ne sais pas … Tu sais, au Niger, on ne roule pas sur l'or. Je vais suer pour trouver ces 500 euro… Et ce n'est que la partie émergée de l'iceberg… De grosses dépenses m'attendent et je ne sais pas comment faire pour trouver l'argent.Quelle curieuse situation ! J'ai beaucoup d'argent qui sommeille dans une banque mais je ne peux en disposer que si je dépense une somme que je n'ai pas … - Mais je suis là, moi… Si tu veux, je peux venir au Niger pour t'apporter cet argent… - Oh ! Merci, mon ami… Si tu pouvais me passer ces 500 euros tu m'enlèveras une épine. Et tu n'as pas besoin de venir au Niger. C'est moi qui viens à Alger ces jours-ci… Je dois discuter avec une ou deux banques… Je t'enverrai un message pour te prévenir de mon arrivée… Quelques jours plus tard, Ahmed rencontra à Alger son ami du Niger et futur investisseur en Algérie. Il était si bien habillé qu'Ahmed se dit qu'il avait beaucoup plus l'air d'un sénateur américain de Chicago que d'un informaticien nigérien s'ennuyant à Niamey! Ils prirent un café à l'hôtel Essafir et Ahmed lui remit les 500 euros dont il avait besoin. Il voulut l'inviter chez lui mais celui-ci lui fit savoir qu'il était obligé de décliner l'invitation parce qu'il avait été invité par des compatriotes. Une semaine plus tard, ils se retrouvèrent au même endroit. Cette fois-ci, il était plutôt désespéré. - Ah ! Mon ami... je crois que notre affaire ne verra jamais le jour… J'ai obtenu le visa pour me rendre en Angleterre mais je ne pourrai jamais payer le notaire et l'avocat qui doivent s'occuper de mon affaire… Ils me réclament 4.000 euros… Ils sont fous ! Si j'avais 40.00 euros, je les investirais au Niger ! Excuse-moi de t'avoir entraîné dans cette affaire de fous… - Il ne te manque que ces 4.000 euros ? s'enquit Ahmed qui avait du mal à enlever de sa tête le rêve de devenir patron d'une entreprise fabricant des ordinateurs portables. - Oui… il ne manque que ces 4.000 euros… J'ai déjà un billet d'avion aller-retour pour Londres. - Bon…accorde-moi quelques jours ; je vais essayer de te trouver ces 4.000 euros. Ahmed sortit toutes ses économies, les emmena au Square Port Saïd et les échangea contre des euros qu'il donna ensuite à son ami et futur associé qui prit congé de lui presqu'aussitôt parce que, selon lui, il avait un rendez-vous urgent avec un fonctionnaire de son ambassade qui devait lui remettre une lettre de recommandation auprès d'un fonctionnaire établi à Londres. Il s'écoula une semaine, deux, trois et même un mois sans que l'investisseur en question ne donne signe de vie. Ce n'est qu'à ce moment là qu'Ahmed se réveilla comme si quelqu'un lui avait donné une gifle. Il réalisa qu'il avait donné à un inconnu 4.500 euros ! Quelqu'un dont il ne soupçonnait même pas l'existence trois mois plus tôt. Ahmed avait appris aussi ce que se faire ensorceler voulait dire. Il parla de cette affaire à un de ses amis et celui-ci lui dit qu'il y avait de fortes chances que le Nigérien en question habite à Alger. Il déposa alors plainte contre lui avec pour seuls indices ses nom et prénom ainsi que son portrait. La police ne tarda pas à l'arrêter. Contre toute attente, Ahmed découvrit que son identité n'avait rien à voir avec celle qu'il lui avait déclinée. Pis ; il nia toute implication dans cette affaire d'escroquerie. Mais, il fut reconnu par de nombreux gérants de cybercafé d'Alger qui le décrivirent comme quelqu'un de discret. Il se mettait toujours là où personne ne risquait de voir ce qu'il faisait alors qu'à première vue il ne faisait que rédiger des E-mails en très grande quantité. On trouva même quelques traces de ses messages où il se faisait passer pour un investisseur. Les deux hommes se sont retrouvés, il y a quelques jours au tribunal d'Alger. Le ressortissant du Niger nia tout en bloc. Trois années de prison ferme ont été requises contre lui. Il doit également payer une amende de 100 mille dinars et rembourser les 4.500 euros qu'il avait extorqués à Ahmed. Quant à Ahmed, il a certainement compris qu'il fallait être complètement cinglé pour croire qu'un quidam puisse aller voir quelqu'un qu'il ne connaît pas pour partager avec lui son héritage ! Comme chaque fin d'après-midi, Ahmed, 35 ans, entra dans le cybercafé de son quartier pour jeter un coup d'œil sur ses deux boîtes e-mail. L'une d'elles, contrairement aux autres fois, contenait un message qu'il trouva à la fois curieux et intéressant. Il lui avait été envoyé par un individu qu'il ne connaissait pas et qui s'était présenté comme un Nigérien voulant quitter son pays pour s'installer en Algérie où il comptait investir dans une affaire qui rapporte. Ahmed, tout d'abord, lui demanda comment il avait eu son e-mail et celui-ci lui répondit que le hasard y était pour beaucoup. «Comme je ne connaissais personne dans votre pays, j'ai décidé de me fier au hasard ; j'ai surfé sur le Net et je suis tombé sur votre adresse.» Ensuite, l'inconnu fit savoir à Ahmed qu'il était informaticien et qu'il avait l'intention de lancer une petite usine d'ordinateurs portables avec l'héritage qu'il allait toucher dès qu'il se serait acquitté de quelques formalités administratives que demande la banque britannique où son héritage se trouvait. Et il en profita pour lui demander les prix de ce type de produits en Algérie. Ahmed lui répondit que ceux-ci avaient considérablement baissé et qu'ils oscillaient entre 35.000 et 60.000 DA. Et l'autre lui annonça qu'il avait mené des études pour que ceux qu'il avait l'intention de fabriquer ne coûtent pas plus de 20.000 DA. Ahmed se mit alors à jubiler et lui écrivit : - Si vous lancez sur le marché algérien des ordinateurs portables à ce prix-là, leur succès commercial est garanti ! Ils ne se vendront pas comme des petits-pains au chocolat mais comme des baguettes ! Quelques jours passèrent. Ahmed reçut un autre message de son interlocuteur du Niger lui expliquant que sa décision de venir en Algérie n'était plus qu'une question de temps parce qu'il lui fallait d'abord faire transiter son héritage qui se trouve en Angleterre par une banque de Niamey avant de le transférer en Algérie. Puis, il lui ajouta en le tutoyant pour lui faire comprendre qu'ils étaient désormais amis et embarqués sur les ailes d'un même destin : - Mob cher Ahmed, tu seras mon associé à hauteur de 50%. Ma belle étoile me dit que je ne pouvais pas mieux tomber. Je vais te faire un aveu. J'ai fait analyser les messages que tu m'as envoyés par un spécialiste et il a été formel : tu es quelqu'un de foncièrement honnête. Mon investissement se fera avec toi ou ne se fera pas du tout ! Ahmed, que la cupidité et les millions de dinars virtuels faisaient saliver, se mit à frétiller d'impatience et il demanda : - Quand viendras-tu en Algérie ? - Je ne sais pas. Cela ne dépend pas de moi mais d'un certain nombre de facteurs. Il faut d'abord que je trouve de l'argent pour payer le notaire et l'avocat anglais qui s'occuperont du transfert de mon argent. J'ai d'abord besoin en toute urgence de 500 euros. - Et tu peux les avoir ? - Je ne sais pas … Tu sais, au Niger, on ne roule pas sur l'or. Je vais suer pour trouver ces 500 euro… Et ce n'est que la partie émergée de l'iceberg… De grosses dépenses m'attendent et je ne sais pas comment faire pour trouver l'argent.Quelle curieuse situation ! J'ai beaucoup d'argent qui sommeille dans une banque mais je ne peux en disposer que si je dépense une somme que je n'ai pas … - Mais je suis là, moi… Si tu veux, je peux venir au Niger pour t'apporter cet argent… - Oh ! Merci, mon ami… Si tu pouvais me passer ces 500 euros tu m'enlèveras une épine. Et tu n'as pas besoin de venir au Niger. C'est moi qui viens à Alger ces jours-ci… Je dois discuter avec une ou deux banques… Je t'enverrai un message pour te prévenir de mon arrivée… Quelques jours plus tard, Ahmed rencontra à Alger son ami du Niger et futur investisseur en Algérie. Il était si bien habillé qu'Ahmed se dit qu'il avait beaucoup plus l'air d'un sénateur américain de Chicago que d'un informaticien nigérien s'ennuyant à Niamey! Ils prirent un café à l'hôtel Essafir et Ahmed lui remit les 500 euros dont il avait besoin. Il voulut l'inviter chez lui mais celui-ci lui fit savoir qu'il était obligé de décliner l'invitation parce qu'il avait été invité par des compatriotes. Une semaine plus tard, ils se retrouvèrent au même endroit. Cette fois-ci, il était plutôt désespéré. - Ah ! Mon ami... je crois que notre affaire ne verra jamais le jour… J'ai obtenu le visa pour me rendre en Angleterre mais je ne pourrai jamais payer le notaire et l'avocat qui doivent s'occuper de mon affaire… Ils me réclament 4.000 euros… Ils sont fous ! Si j'avais 40.00 euros, je les investirais au Niger ! Excuse-moi de t'avoir entraîné dans cette affaire de fous… - Il ne te manque que ces 4.000 euros ? s'enquit Ahmed qui avait du mal à enlever de sa tête le rêve de devenir patron d'une entreprise fabricant des ordinateurs portables. - Oui… il ne manque que ces 4.000 euros… J'ai déjà un billet d'avion aller-retour pour Londres. - Bon…accorde-moi quelques jours ; je vais essayer de te trouver ces 4.000 euros. Ahmed sortit toutes ses économies, les emmena au Square Port Saïd et les échangea contre des euros qu'il donna ensuite à son ami et futur associé qui prit congé de lui presqu'aussitôt parce que, selon lui, il avait un rendez-vous urgent avec un fonctionnaire de son ambassade qui devait lui remettre une lettre de recommandation auprès d'un fonctionnaire établi à Londres. Il s'écoula une semaine, deux, trois et même un mois sans que l'investisseur en question ne donne signe de vie. Ce n'est qu'à ce moment là qu'Ahmed se réveilla comme si quelqu'un lui avait donné une gifle. Il réalisa qu'il avait donné à un inconnu 4.500 euros ! Quelqu'un dont il ne soupçonnait même pas l'existence trois mois plus tôt. Ahmed avait appris aussi ce que se faire ensorceler voulait dire. Il parla de cette affaire à un de ses amis et celui-ci lui dit qu'il y avait de fortes chances que le Nigérien en question habite à Alger. Il déposa alors plainte contre lui avec pour seuls indices ses nom et prénom ainsi que son portrait. La police ne tarda pas à l'arrêter. Contre toute attente, Ahmed découvrit que son identité n'avait rien à voir avec celle qu'il lui avait déclinée. Pis ; il nia toute implication dans cette affaire d'escroquerie. Mais, il fut reconnu par de nombreux gérants de cybercafé d'Alger qui le décrivirent comme quelqu'un de discret. Il se mettait toujours là où personne ne risquait de voir ce qu'il faisait alors qu'à première vue il ne faisait que rédiger des E-mails en très grande quantité. On trouva même quelques traces de ses messages où il se faisait passer pour un investisseur. Les deux hommes se sont retrouvés, il y a quelques jours au tribunal d'Alger. Le ressortissant du Niger nia tout en bloc. Trois années de prison ferme ont été requises contre lui. Il doit également payer une amende de 100 mille dinars et rembourser les 4.500 euros qu'il avait extorqués à Ahmed. Quant à Ahmed, il a certainement compris qu'il fallait être complètement cinglé pour croire qu'un quidam puisse aller voir quelqu'un qu'il ne connaît pas pour partager avec lui son héritage !