La bande dessinée algérienne d'aujourd'hui part encore une fois à la rencontre des festivaliers d'Angoulême. Pour ce 40e anniversaire du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême qui se déroulera du 31 janvier au 3 février, l'Algérie sera au rendez-vous avec une exposition collective pour retracer cinquante ans de création en bande dessinée. La bande dessinée algérienne d'aujourd'hui part encore une fois à la rencontre des festivaliers d'Angoulême. Pour ce 40e anniversaire du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême qui se déroulera du 31 janvier au 3 février, l'Algérie sera au rendez-vous avec une exposition collective pour retracer cinquante ans de création en bande dessinée. Des tout premiers auteurs, inspirés par la bande dessinée populaire importée d'Europe, jusqu'à la jeune génération d'aujourd'hui nourrie d'esthétique manga, un panorama complet, en un peu plus de quatre-vingts panneaux illustrés, d'une production nationale en plein essor. Une exposition qui se fera avec le concours du Festival international de la bande dessinée d'Alger. Cinquante créateurs pour les cinquante ans du 9e art algérien. Une exposition anniversaire en forme de rétrospectifs historiques. Car l'Histoire, qui n'est jamais que la mémoire de ce qu'a été l'actualité, est bien sûr au cœur de ce que raconte la bande dessinée algérienne, attachée à suivre depuis un demi-siècle les méandres d'un roman national complexe et agité. C'est à partir des années 50 que les jeunes Algériens découvrent la bande dessinée, d'abord grâce aux albums importés. Blek le Roc notamment, du studio italien EsseGesse (soit Giovanni Sinchetto, Dario Guzzon et Pietro Sartoris) passionne la jeunesse. D'ailleurs, quand débute la guerre d'indépendance, le héros deviendra l'une des incarnations des combattants de la libération. Parmi ces dizaines de milliers de lecteurs émergent les premiers dessinateurs algériens, après l'indépendance de 1962. La première bande dessinée nationale, Naˆar, une sirène à Sidi-Fredj, voit le jour en 1967. Et surtout, c'est à cette époque qu'apparaît le premier journal de bande dessinée : M'Quidèch publiera de nombreux strips et histoires, en français et en arabe, jusqu'en 1974. Viennent les émeutes d'octobre 1988, une nouvelle Constitution est adoptée, ouvrant la voie à la liberté d'expression... Pas pour longtemps, comme on le sait. À cette époque pourtant, les dessinateurs se rassemblent et créent El Manchar (La Scie), le premier journal satirique d'Algérie. L'équivalent d'un Canard Enchaîné, d'un Charlie Hebdo, mêlant textes engagés, dessins et bandes dessinées sociales et politiques. Tiré à 200 000 exemplaires, il ne vit que de ses ventes, malgré les propositions de subventions du pouvoir. De nouveaux auteurs (Gyps, Hic, notamment) y apparaissent. En 1992, le pays connaît une tournure dramatique avec des assassinats et la bande dessinée va payer un lourd tribut. Après l'assassinat du président Mohamed Boudiaf et d'un écrivain et journaliste, le dessinateur Slim est le premier à rallier le Maroc puis la France, tandis que plusieurs de ses confrères subissent un sort funeste : le célèbre dessinateur, billettiste, chroniqueur et éditorialiste Saïd Mekbel est abattu d'une balle dans la tête ; Brahim Guerroui, dit Gébé, est kidnappé et assassiné ; Dorbane succombe lors de l'explosion d'une voiture, dans un attentat. El Manchar cesse de paraître et, à l'instar de nombreux journalistes de la presse algérienne, les dessinateurs entrent dans la clandestinité. Les années 2000 offrent à l'Algérie un peu de répit et de liberté. Le premier Festival international de la bande dessinée d'Alger y est créé en 2008. Beaucoup de jeunes auteurs en profitent pour faire leurs premiers pas. En cinq éditions, cette manifestation a permis d'ouvrir le pays en invitant des créateurs du monde entier. C'est surtout un formidable tremplin pour le secteur de l'édition. Alors que les premiers auteurs et dessinateurs conservaient un ton très humoristique, tous les styles sont maintenant représentés. Curieusement, les plus jeunes se sont appropriés les codes du manga pour mieux retranscrire leur quotidien, les problèmes de l'Algérie ou de leur intégration en France. L'histoire de leur pays tient une place importante dans leur travail : la guerre d'indépendance, la manifestation du 17 octobre 1961 en France, les souvenirs de leurs parents, le drame des harkis... C'est de cette riche histoire dont témoignera l'exposition collective proposée aux Ateliers Magelis – plus de quatre vingt panneaux présentant les auteurs de la première et de la deuxième génération – conçue avec le concours du Festival international de la bande dessinée d'Alger. Une histoire qui est également, comme le souligne Francis Groux, fondateur du Festival d'Angoulême, « un terreau fertile, pour une bande dessinée algérienne en devenir ». L'exposition sera également l'occasion de découvrir les nombreux catalogues des jeunes maisons d'édition algériennes. Infos pratiques Exposition : «Bande dessinée algérienne» Lieu : Ateliers Magelis Du jeudi 31 janvier au dimanche 3 février 2013, 10 h/19 h. Production : Association du FIBD, Festival international de la bande dessinée d'Alger Commissariat : Mustapha Nedjai et Dalila Nadjem Des tout premiers auteurs, inspirés par la bande dessinée populaire importée d'Europe, jusqu'à la jeune génération d'aujourd'hui nourrie d'esthétique manga, un panorama complet, en un peu plus de quatre-vingts panneaux illustrés, d'une production nationale en plein essor. Une exposition qui se fera avec le concours du Festival international de la bande dessinée d'Alger. Cinquante créateurs pour les cinquante ans du 9e art algérien. Une exposition anniversaire en forme de rétrospectifs historiques. Car l'Histoire, qui n'est jamais que la mémoire de ce qu'a été l'actualité, est bien sûr au cœur de ce que raconte la bande dessinée algérienne, attachée à suivre depuis un demi-siècle les méandres d'un roman national complexe et agité. C'est à partir des années 50 que les jeunes Algériens découvrent la bande dessinée, d'abord grâce aux albums importés. Blek le Roc notamment, du studio italien EsseGesse (soit Giovanni Sinchetto, Dario Guzzon et Pietro Sartoris) passionne la jeunesse. D'ailleurs, quand débute la guerre d'indépendance, le héros deviendra l'une des incarnations des combattants de la libération. Parmi ces dizaines de milliers de lecteurs émergent les premiers dessinateurs algériens, après l'indépendance de 1962. La première bande dessinée nationale, Naˆar, une sirène à Sidi-Fredj, voit le jour en 1967. Et surtout, c'est à cette époque qu'apparaît le premier journal de bande dessinée : M'Quidèch publiera de nombreux strips et histoires, en français et en arabe, jusqu'en 1974. Viennent les émeutes d'octobre 1988, une nouvelle Constitution est adoptée, ouvrant la voie à la liberté d'expression... Pas pour longtemps, comme on le sait. À cette époque pourtant, les dessinateurs se rassemblent et créent El Manchar (La Scie), le premier journal satirique d'Algérie. L'équivalent d'un Canard Enchaîné, d'un Charlie Hebdo, mêlant textes engagés, dessins et bandes dessinées sociales et politiques. Tiré à 200 000 exemplaires, il ne vit que de ses ventes, malgré les propositions de subventions du pouvoir. De nouveaux auteurs (Gyps, Hic, notamment) y apparaissent. En 1992, le pays connaît une tournure dramatique avec des assassinats et la bande dessinée va payer un lourd tribut. Après l'assassinat du président Mohamed Boudiaf et d'un écrivain et journaliste, le dessinateur Slim est le premier à rallier le Maroc puis la France, tandis que plusieurs de ses confrères subissent un sort funeste : le célèbre dessinateur, billettiste, chroniqueur et éditorialiste Saïd Mekbel est abattu d'une balle dans la tête ; Brahim Guerroui, dit Gébé, est kidnappé et assassiné ; Dorbane succombe lors de l'explosion d'une voiture, dans un attentat. El Manchar cesse de paraître et, à l'instar de nombreux journalistes de la presse algérienne, les dessinateurs entrent dans la clandestinité. Les années 2000 offrent à l'Algérie un peu de répit et de liberté. Le premier Festival international de la bande dessinée d'Alger y est créé en 2008. Beaucoup de jeunes auteurs en profitent pour faire leurs premiers pas. En cinq éditions, cette manifestation a permis d'ouvrir le pays en invitant des créateurs du monde entier. C'est surtout un formidable tremplin pour le secteur de l'édition. Alors que les premiers auteurs et dessinateurs conservaient un ton très humoristique, tous les styles sont maintenant représentés. Curieusement, les plus jeunes se sont appropriés les codes du manga pour mieux retranscrire leur quotidien, les problèmes de l'Algérie ou de leur intégration en France. L'histoire de leur pays tient une place importante dans leur travail : la guerre d'indépendance, la manifestation du 17 octobre 1961 en France, les souvenirs de leurs parents, le drame des harkis... C'est de cette riche histoire dont témoignera l'exposition collective proposée aux Ateliers Magelis – plus de quatre vingt panneaux présentant les auteurs de la première et de la deuxième génération – conçue avec le concours du Festival international de la bande dessinée d'Alger. Une histoire qui est également, comme le souligne Francis Groux, fondateur du Festival d'Angoulême, « un terreau fertile, pour une bande dessinée algérienne en devenir ». L'exposition sera également l'occasion de découvrir les nombreux catalogues des jeunes maisons d'édition algériennes. Infos pratiques Exposition : «Bande dessinée algérienne» Lieu : Ateliers Magelis Du jeudi 31 janvier au dimanche 3 février 2013, 10 h/19 h. Production : Association du FIBD, Festival international de la bande dessinée d'Alger Commissariat : Mustapha Nedjai et Dalila Nadjem