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L'avenir est incertain
La crise financière vue par les citoyens
Publié dans Le Midi Libre le 26 - 10 - 2008

Les discussions dans les cafés s'animent et le krach boursier s'est même fait inviter dans les foyers algériens. Force est de constater que les journaux relatant quotidiennement les épisodes de cette crise se vendent comme des petits pains.
Les discussions dans les cafés s'animent et le krach boursier s'est même fait inviter dans les foyers algériens. Force est de constater que les journaux relatant quotidiennement les épisodes de cette crise se vendent comme des petits pains.
La crise financière qui secoue le monde en ce moment ne laisse pas nos concitoyens indifférents. Bien au contraire, les discussions dans les cafés s'animent et le krach boursier s'est même fait inviter dans les foyers algériens. Force est de constater que les journaux relatant quotidiennement les épisodes de cette crise se vendent comme des petits pains. C'est dire donc que les retraités, les fonctionnaires et même les jeunes se sentent interpellés par la conjoncture actuelle qui annonce des horizons peu prometteurs pour les économies du monde entier.
Le front large et les yeux clairs, le visage de Mustapha, 27 ans, exprime de l'inquiétude. Mustapha gère sa propre petite entreprise de torréfaction de café depuis deux ans. Grâce à la formule ANSEJ, il a pu décrocher, difficilement tout de même, un crédit pour lancer son affaire. Mais, aujourd'hui plus que jamais, cette atmosphère économique morose le tracasse sérieusement. « Qu'on arrête de nous prendre pour je ne sais quoi. Nous ne vivons pas sur une île coupée du monde pour que cette crise ne puisse pas nous toucher. Notre économie est essentiellement rentière. Et hier, j'ai bien vu comment les cours du pétrole ont chuté. Les discours et les arguments de nos gouvernants ne me rassurent pas », nous confie-t-il d'emblée. Pour Mustapha, qui n'a pas encore remboursé la totalité de son crédit contracté auprès d'une banque publique, si par malheur cette crise épingle notre économie, tous ses rêves se volatiliseront en un clin d'œil.
« Je ne suis qu'un jeune entrepreneur qui demeure à la merci de la situation des marchés mondiaux. Les journaux télévisés français montrent très bien comment des petits entrepreneurs ont payé les frais de cette crise. En manque de liquidités, les banques ne donnent plus de crédit et les taux de ces derniers s'envolent. Même si nous sommes sous-développés, nous demeurons très dépendants de l'étranger. Et un pareil scénario n'est pas à écarter dans notre pays », soutient notre interlocuteur qui a poursuivi des études d'économie à l'université de Blida.
Les officiels ne convainquent pas
Samir, 31 ans, vient lui aussi de lancer son affaire depuis à peine une année. Proposant divers services informatique, maintenance, gestion de réseaux et autres, sa petite boite a su imposer le respect dans un marché tout de même saturé. Mais Samir ne s'en réjouit pas pour autant. Et pour cause, la crise financière actuelle alimente ses craintes et ses angoisses. « Nous avons une économie très fragile. Je suis sûr que nos revenus vont énormément baisser avec la chute du prix de pétrole. Cela va provoquer des perturbations néfastes sur l'ensemble des activités de notre marché. Les entreprises vont avoir du mal à consentir à des investissements. Il y aura ainsi moins de projets et beaucoup moins de profits », analyse Samir qui va revoir le plan de développement de sa boite dans un pareil contexte. Le dollar retrouve sa vigueur d'antan et il sera donc difficile de se procurer du matériel informatique neuf importé de l'étranger.
Si de nombreux jeunes entrepreneurs à la santé financière fragile appréhendent réellement les conséquences de cette crise sur notre pays, d'autres citoyens, simples employés où même étudiants ne sont également guère rassurés par le discours de nos responsables. « On est déjà passé par une période très difficile où les prix de tous les produits alimentaires se sont dangereusement envolés. Alors qu'arrivera-t-il avec cette nouvelle crise ? Je ne suis pas un économiste, mais on ne va pas me berner en me disant que rien de grave n'arrivera chez nous. Jusqu'à maintenant, à chaque fois que les marchés mondiaux s'affolent, nous en subissons les contrecoups. Cette nouvelle tempête fait vraiment peur », déplore Fayçal, 44 ans, père de famille et fonctionnaire dans une entreprise publique. Fayçal qui s'inquiète pour son pouvoir d'achat croit savoir que le temps nous joue plus en faveur de l'Algérie dont le gouvernement ne s'est jamais soucié du soutien de la protection des franges les plus précaires de notre société. « Comme d'habitude, ce sont les pauvres qui vont en pâtir les premiers », relève-t-il avec une pointe de dépit.
Hamza est, quant à lui, étudiant à la fac de commerce de Dély Ibrahim. De son propre aveu, chaque jour, ses amis et lui débattent de cette crise. « Nous ne pouvons pas continuer à ignorer cette crise d'autant plus que c'est le monde entier qui entre en récession. Mais, ce qui nous inquiète le plus, c'est notre avenir car ça va être vraiment dur de trouver du boulot dans cette conjoncture. Les entreprises, les grandes comme les petites, auront certainement d'autres priorités que celle d'offrir des emplois », affirme Hamza. Ses amis, Amel, Nesrine et Mohamed abondent dans le même sens. Eux aussi craignent le chômage et l'émigration n'est plus une bonne option. « En Europe, les faillites s'enchaînent et le chômage gagne du terrain. L'avenir n'est pas là-bas », expliquent-ils. Que faut-il faire alors ? « Observer et attendre les développements de la situation avant de se lancer dans un projet ». Malheureusement, même cette option ne met pas à l'abri de la peur de l'avenir incertain. Une peur réellement visible sur les visages des Algériens.
S. A.
La crise financière qui secoue le monde en ce moment ne laisse pas nos concitoyens indifférents. Bien au contraire, les discussions dans les cafés s'animent et le krach boursier s'est même fait inviter dans les foyers algériens. Force est de constater que les journaux relatant quotidiennement les épisodes de cette crise se vendent comme des petits pains. C'est dire donc que les retraités, les fonctionnaires et même les jeunes se sentent interpellés par la conjoncture actuelle qui annonce des horizons peu prometteurs pour les économies du monde entier.
Le front large et les yeux clairs, le visage de Mustapha, 27 ans, exprime de l'inquiétude. Mustapha gère sa propre petite entreprise de torréfaction de café depuis deux ans. Grâce à la formule ANSEJ, il a pu décrocher, difficilement tout de même, un crédit pour lancer son affaire. Mais, aujourd'hui plus que jamais, cette atmosphère économique morose le tracasse sérieusement. « Qu'on arrête de nous prendre pour je ne sais quoi. Nous ne vivons pas sur une île coupée du monde pour que cette crise ne puisse pas nous toucher. Notre économie est essentiellement rentière. Et hier, j'ai bien vu comment les cours du pétrole ont chuté. Les discours et les arguments de nos gouvernants ne me rassurent pas », nous confie-t-il d'emblée. Pour Mustapha, qui n'a pas encore remboursé la totalité de son crédit contracté auprès d'une banque publique, si par malheur cette crise épingle notre économie, tous ses rêves se volatiliseront en un clin d'œil.
« Je ne suis qu'un jeune entrepreneur qui demeure à la merci de la situation des marchés mondiaux. Les journaux télévisés français montrent très bien comment des petits entrepreneurs ont payé les frais de cette crise. En manque de liquidités, les banques ne donnent plus de crédit et les taux de ces derniers s'envolent. Même si nous sommes sous-développés, nous demeurons très dépendants de l'étranger. Et un pareil scénario n'est pas à écarter dans notre pays », soutient notre interlocuteur qui a poursuivi des études d'économie à l'université de Blida.
Les officiels ne convainquent pas
Samir, 31 ans, vient lui aussi de lancer son affaire depuis à peine une année. Proposant divers services informatique, maintenance, gestion de réseaux et autres, sa petite boite a su imposer le respect dans un marché tout de même saturé. Mais Samir ne s'en réjouit pas pour autant. Et pour cause, la crise financière actuelle alimente ses craintes et ses angoisses. « Nous avons une économie très fragile. Je suis sûr que nos revenus vont énormément baisser avec la chute du prix de pétrole. Cela va provoquer des perturbations néfastes sur l'ensemble des activités de notre marché. Les entreprises vont avoir du mal à consentir à des investissements. Il y aura ainsi moins de projets et beaucoup moins de profits », analyse Samir qui va revoir le plan de développement de sa boite dans un pareil contexte. Le dollar retrouve sa vigueur d'antan et il sera donc difficile de se procurer du matériel informatique neuf importé de l'étranger.
Si de nombreux jeunes entrepreneurs à la santé financière fragile appréhendent réellement les conséquences de cette crise sur notre pays, d'autres citoyens, simples employés où même étudiants ne sont également guère rassurés par le discours de nos responsables. « On est déjà passé par une période très difficile où les prix de tous les produits alimentaires se sont dangereusement envolés. Alors qu'arrivera-t-il avec cette nouvelle crise ? Je ne suis pas un économiste, mais on ne va pas me berner en me disant que rien de grave n'arrivera chez nous. Jusqu'à maintenant, à chaque fois que les marchés mondiaux s'affolent, nous en subissons les contrecoups. Cette nouvelle tempête fait vraiment peur », déplore Fayçal, 44 ans, père de famille et fonctionnaire dans une entreprise publique. Fayçal qui s'inquiète pour son pouvoir d'achat croit savoir que le temps nous joue plus en faveur de l'Algérie dont le gouvernement ne s'est jamais soucié du soutien de la protection des franges les plus précaires de notre société. « Comme d'habitude, ce sont les pauvres qui vont en pâtir les premiers », relève-t-il avec une pointe de dépit.
Hamza est, quant à lui, étudiant à la fac de commerce de Dély Ibrahim. De son propre aveu, chaque jour, ses amis et lui débattent de cette crise. « Nous ne pouvons pas continuer à ignorer cette crise d'autant plus que c'est le monde entier qui entre en récession. Mais, ce qui nous inquiète le plus, c'est notre avenir car ça va être vraiment dur de trouver du boulot dans cette conjoncture. Les entreprises, les grandes comme les petites, auront certainement d'autres priorités que celle d'offrir des emplois », affirme Hamza. Ses amis, Amel, Nesrine et Mohamed abondent dans le même sens. Eux aussi craignent le chômage et l'émigration n'est plus une bonne option. « En Europe, les faillites s'enchaînent et le chômage gagne du terrain. L'avenir n'est pas là-bas », expliquent-ils. Que faut-il faire alors ? « Observer et attendre les développements de la situation avant de se lancer dans un projet ». Malheureusement, même cette option ne met pas à l'abri de la peur de l'avenir incertain. Une peur réellement visible sur les visages des Algériens.
S. A.


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