Après les nuits ternes d'un été caniculaire à mettre aux oubliettes, la parenthèse du mois sacré du Ramadhan a complètement changé les habitudes nocturnes des citoyens. Dès les premiers moments de la rupture du jeûne, c'est tout un décor d'animation qui se met en place au centre-ville et ailleurs dans les quartiers périphériques. Des balades et des rencontres conviviales entre amis autours d'un café ou des boissons fraîches, de l'eau minérale de préférence pour se réhydrater, prennent rapidement le relais d'une journée dure et éprouvante. Les discussions s'animent et s'orientent, contexte oblige, vers les sujets brûlant de l'actualité de ce Ramadhan qui, dans quelques jours, débouchera sur deux événements majeurs, la rentrée scolaire et l'Aïd El Fitr. Certains préfèrent ne pas trop s'étaler sur les sujets qui fâchent et adoptent plutôt une mine optimiste « pour oublier », disent ils, et se plongent dans le bain de l'actualité sportive, à l'occasion des éliminatoires de la coupe du monde. Toutefois, entre les commentaires des uns et des autres, force est de constater que le moral n'est pas toujours au beau fixe dans un contexte social particulièrement éprouvant pour les ménages. Chemin faisant, l'érosion du pouvoir d'achat et la baisse remarquable de l'activité commerciale n'échappent d'ailleurs pas aux commentaires échangés entre les citoyens. A la place des Martyrs, cercle privilégié des initiés à la chose politique locale, les débats concernent davantage les derniers rebondissements dans l'actualité de la municipalité de la ville, rythmée par les épisodes interminables du feuilleton de retrait de confiance. L'animation qui caractérise les rues, parfois encombrées, de la ville donne, cependant, l'impression qu'en dépit du climat social délétère, le commun des gens ne se prive pas de s'adonner à ses hobbies nocturnes. Les veillées du Ramadhan sont une occasion de s'échapper aux soucis des exigences quotidiennes de la vie. Sur le plan spirituel, les mosquées ne désemplissent pas en cette occasion que les fidèles saisissent pour prolonger leurs prières et profiter des vertus religieuses de ce mois sacré. Cette sérénité est toutefois perturbée par le chahut des hordes d'enfants qui investissent les rues dès la rupture du jeûne pour s'adonner à différents jeux, parfois dangereux. Signe, on ne peut mieux, d'une délinquance juvénile qui ne dit pas son nom, ces comportements agaçants à plus d'un égard, interpellent la conscience des parents, lesquels semblent ne pas se soucier des vices de la rue auxquels leur progéniture s'adonne en pleine nuit.