Dernière mise à jour: 09 Janvier 2011, 10:00 am- heure locale Abu Dhabi (GMT+4) Manifestations populaires à travers toute l'Algérie Scénario envisagé voila deux ans déjà Le pire est à venir ! (Première partie) UTOPIA, Made in Algeria (1) 15.12.08 : http://www.lemonde.fr/opinions/chronique/2008/12/16/utopia-made-in-algeria-1_1131128_3232.html Alger, 6 octobre 201… - Allo…Allo…Paris ? - Oui, qui est à l'appareil s'il vous plait ? - C'est bien le palais de l'Elysée? - Mais enfin, qui est à l'appareil? - Comment ça qui est à l'appareil, c'est plutôt à moi de vous poser la question. Vous ne voyez pas sur le cadran du téléphone de souveraineté que j'appelle de l'ambassade de France à Alger ? - Je sais bien, mais je voulais m'assurer de l'identité de l'interlocuteur ? - Ah, parce que vous croyez que « Men Haba oua Deba » (1) comme le disent si bien les Algériens, peut utiliser la ligne de souveraineté pour appeler directement le président de la République française ? Ici l'ambassadeur de France à Alger ! - Pardon Mr l'ambassadeur, ici le colonel aide de camp du chef de l'Etat. - Mais où est le président, je dois lui parler en extrême urgence. - Il préside en ce moment le conseil des ministres. - Je croyais que le conseil des ministres ne se réunissait que le mercredi, et nous sommes dimanche, jour de repos en France, et deuxième jour de la semaine en Algérie… - En fait, il s'agit d'un conseil des ministres restreint, une cellule de crise pour examiner une situation d'urgence… - Rien de fâcheux j'espère… - Encore un enlèvement de soldats français en Afghanistan… - Espérons qu'ils seront relâchés sans dégâts, mais je dois immédiatement parler au président, allez l'informer, je reste en ligne. - Bien Mr l'ambassadeur, je suppose que vous avez des raisons impérieuses pour vouloir déranger le président en pleine réunion de crise. - Et comment, allez le « déranger », j'attends. - Sarkozy à l'appareil. - Mes respects Mr le président… - Alors Mr l'ambassadeur, que se passe-t-il, j'aime bien les contacts directs, mais vous auriez dû respecter quand même la voie hiérarchique et appeler d'abord votre ministre, non ? - Oui, Mr le président, j'avais d'abord appelé le Quai d'Orsay, il m'a été répondu que le ministre avait quitté en urgence son bureau, et personne ne savait où il avait bien pu aller. Il avait même fermé son portable, ainsi que son bipeur. - Et pour cause, il est là. Qu'y a-t-il de si urgent, cela ne pouvait pas attendre le retour du ministre à son bureau ? - Mr le président, je voulais vous rendre compte de troubles graves à Alger. - De quelle nature, les troubles ce n'est pas nouveau dans ce pays. - Des manifestations populaires, Mr le président ! - Ha ha ha, des manifestations à Alger ! Mais mon cher ami, ce pays vit au rythme des manifestations depuis celles qui avaient eu lieu en décembre 1960, et qui avaient abouti à l'indépendance de l'Algérie. Ce n'est pas nouveau : 1963 déjà à Constantine pour protester contre le chômage, 1965 à Annaba contre le coup d'état militaire, 1980 en Kabylie pour des revendications identitaires, 1986 à Constantine pour je ne sais quoi, 1988 à Alger « un chahut de gamins » comme a dit l'autre, 2001 encore en Kabylie, et tous les jours on barre les routes et on brûle des pneus dans ce pays. Où est la nouveauté ? - Si Mr le président, cette fois-ci les manifestations ont explosé dans tout le pays, y compris dans les petites villes m'a-t-on rapporté, c'est le bordel quoi… - Pardon ! - Mes excuses Mr le président, c'est sur le coup de l'émotion que j'appelle en urgence. Ce qui est nouveau, c'est la généralisation de ces manifestations qui ont embrasé tout le pays. Et aussi, pour la première fois, il ne s'agit plus des jeunes seulement, toute la population est dans les rues, hommes, femmes, jeunes, vieux, ouvriers, fellahs, commerçants, chômeurs, étudiants, intellectuels, personne n'est resté chez lui, tout un chacun participe à ce qui peut être considéré comme un soulèvement généralisé, une deuxième révolution quoi. - Merde alors ! Heu, pardon. Comment régissent les autorités, l'armée, la police… - C'est la panique Mr le président, la police s'est jointe aux manifestations, l'armée a refusé de tirer sur la foule comme en 1988 à Alger. Tous les soldats ainsi que leurs officiers partagent le ras le bol de la population, et s'ils n'ont pas rejoint les manifestants, ils sont restés dans leurs casernes, accueillant même les manifestants blessés ou évanouis lors des mouvements de foule. - He bein dis donc ! Cette fois-ci c'est sérieux. Et le président Bouteflika, que fait-il ? Et le gouvernement, où est-il ? - Le président est toujours à son poste m'a-t-on assuré, essayant de faire face à la situation. Mais il semble bien seul. Pour les autres responsables c'est la panique générale. C'est le sauve qui peut, et chacun pour soi. Tous se dirigent vers Boufarik… - Pourquoi, à Boufarik ce serait plus calme ? ––––––––––––––––––––––––––––––––––––– (1) « N'importe quel quidam ».