http://base.d-p-h.info/fr/fiches/premierdph/fiche-premierdph-3868.html Dans les coulisses du pouvoir, de 1965 à 1991 Suzanne BUKIET, Pierre Yves GUIHENEUF 08 / 1995 Le livre de Ghazi Hidouci nous guide dans les coulisses et les arrière-cours du pouvoir en Algérie depuis l'indépendance. Une analyse menée de l'intérieur même de l'administration par un économiste longtemps fonctionnaire au Plan, puis ministre de l'économie entre 1989 et 1991. Pas à pas, minutieusement, obstinément, en ne s'appuyant que sur des faits et des situations concrètes, il démonteet décortique un système de gouvernement qui, s'il a été poussé jusqu'à la caricature en Algérie, peut se retrouver en bien d'autres endroits du globe. La démarche de l'auteur consiste à démasquer sans cesse, derrière les apparences et les discours, des réalités d'autant moins reluisantes que ces discours sont plus pompeux, que, dit-il, « la plume est lourde et l'expression puérile ». On avance dans cette lecture un peu comme dans un roman policier où, derrière tous les faux-semblants et les rideaux de fumée, il faut constamment revenir aux faits pour tenter de comprendre le dénouement. Et c'est fascinant, car, au fil des pages on a l'impression de commencer à entrevoir l'enclenchement des erreurs politiques, économiques, sociales, culturelles qui, peu à peu, inéluctablement, a conduit à l'effroyable situation présente. En matière éducative par exemple, l'opposition entre une arabisation précipitée, supposée ouvrir les portes des emplois dans l'administration, et une scolarisation bilingue conduisant, en principe, à des débouchés plus diversifiés, n'aboutit, de part et d'autre, qu'à des frustrations génératrices de conflit et d'affrontements. En ce qui concerne l'agriculture, le technocratisme régnant dans les années soixante-dix interdira aux responsables du développement rural de se pencher sur les motivations des paysans ou sur la compréhension de leurs pratiques. Accrochés à un développement « par le haut « , ils se heurteront à des résistances qu'ils s'évertueront à expliquer par l'insuffisance de leurs moyens budgétaires. Là comme dans l'industrie et les autres secteurs, l'abondance des ressources provenant des réserves pétrolières habitue le régime à dépenser sans compter et à gérer sans rigueur. Le réveil sera douloureux…Lorsque, en 1986, la chute du prix du pétrole oblige l'Algérie à engager des réformes, l'appareil politique fait obstacle à tout changement structurel. L'opposition politique se renforce, le Front islamique du salut (FIS)monte en puissance, maladroitement manipulé par le pouvoir. De dérives en dérapages, les années quatre-vingt-dix voient se créer progressivement une situation inextricable. Luttes de pouvoir, incurie de certains dirigeants, complaisance des firmes et des experts étrangers qui profitent de la situation : ce regard porté de l'intérieur sur les rouages d'une machine étatique nous porte à réfléchir sur toutes les dérives possibles d'un pouvoir sans contrôle, uniquement soucieux d'intérêts personnels et claniques s'exerçant sur une population dépossédée de sa culture, tant traditionnelle que moderne. Aujourd'hui, nous dit Ghazi Hidouci, les apprentis-sorciers sont discrédités et la société algérienne cherche une issue à la violence, ce qui passe inévitablement par l'ouverture du champ politique. Elle se poursuivra par le débat social et le véritable travail de construction du pays. GEYSER (Groupe d'Etudes et de Services pour l'Economie des Ressources) – Rue Grande, 04870 Saint Michel l'Observatoire, FRANCE – France – www.geyser.asso.fr – geyser (@) geyser.asso.fr Lectures: