-Dans une volte-face similaire à celle du défunt Abdelkader HACHANI en 1991,le leader du FFS Hocine Ait Ahmed(à la seule exception que ce revirement est loin de faire cette fois l'unanimité des militants), vient de décider de s'engager dans la course pour la conquête de l'APN, brisant ainsi le tabou de sa participation aux élections qu'il considéraient jusque-là comme une mascarade, ayant toujours jugé que les jeux étant faits ,il est hors de question pour lui de servir de lièvre pour quelle raison que ce soit dans des compétitions ou les vainqueurs sont connus d'emblée pour justifier ses croisades aussi bien à l'encontre des usurpateurs du pouvoir qu'à l'encontre du locataire d'El-Mouradia qu'il ne cesse de considérer comme la façade civile par excellence de la dictature militaire et dont il a toujours contesté la légitimité. -Interprétant sa décision comme une tactique destinée à déjouer les stratagèmes des autorités ,il semble négliger l'embarras des électeurs algériens, s'agissant d'une icône nationale, qui se trouvent ainsi à la croisée des chemins disputés entre leur désir de soutenir la dernière figure emblématique de notre glorieuse révolution qu'il ne faut pas abandonner seule face au Goliath et leur détermination à répondre à l'appel au boycott lancé par le FCN qui fait de la solidarité des citoyens son cheval de bataille pour la rupture du système en vue d'une transition pacifique souhaitée vers la démocratie mais rendue inaccessible pour une multitude de facteurs. -Ce choix inexplicable pose autant de questions aussi bien sur l'opportunité de la décision, eut égard à sa réputation d'homme résolument opposé au régime à l'égard de qui son animosité ne prête pas à équivoque que sur les mobiles que le contexte national avec ses contradictions et ses aléas n'autorise ni ne justifie mais qui, au contraire, est salué par les autorités qui se voient ainsi tirées d'embarras par l'effet contraire du risque pris par le patron du FFS qui se traduit en termes constitutionnels par le regain de la légitimité perdue mais qui a toutes les chances d'être récupérée à la faveur de ce concours qui aboutit à point nommé. -Indépendamment des impératifs du changement de cap ,Mr Ait Ahmed parait manquer pour une première fois de clairvoyance et qui par cette attitude inconsidérée hypothèque plusieurs décennies de combats permettant aux éradicateurs de remplir un double objectifs: a)-Mettre à contribution la collaboration d'un allié au prestige jusque-là irréprochable pour contenir les dissidences qui s'accentuent chaque jour au sein de la coalition présidentielle perçues comme un mauvais présage d'une possible implosion du sérail, b)-Permettre sa »récupération »alors qu'il vient de renoncer à la défense des idéaux de son parti préférant verser dans la compromission en acceptant de s'inscrire sans contre partie dans la logique des décideurs . -En voulant conquérir, selon lui, le pouvoir par les moyens pacifiques, Mr Ait Ahmed,sans doute leurré par le discours prononcé à ORAN par Bouteflika sur la transparence des élections,est en train d'abattre sa dernière carte au grand dam de ses militants auxquels l'occasion est donnée de faire une autre fois le constat de faillite d'un parti longtemps considéré comme le havre des démocrates et un rempart contre l'hégémonie du parti unique d'autrefois torpillant ainsi les efforts tendant à montrer à la communauté internationale la face fardée du pouvoir au profit de qui il servira à coup sur ,à l'instar du RCD,de fusible. -Bien qu'ayant soutenu n'obéir à aucun pacte,l'impacte de la force occulte,soucieuse de compter dans ses rangs une figure de cette envergure longtemps courtisée par le pouvoir,sur le revirement dans la tendance du parti est palpable et le scénario de BOUDHIAF dans son coté instrumentaliste semble se répéter une nouvelle fois malgré que quoiqu'il arrive,le divorce entre les deux parties sera consommé différemment et,en tout état de cause ,ne saurait etre aussi tragique que celui du 29 juin 1994. -Cette initiative en dit long sur un parti en proie de plus en plus à ses dissensions et consacre la fin de la saga d'un homme qui vient de faire table rase de ses engagements envers toute une nation qui garde encore les stigmates de la tragédie nationale et de plusieurs décennies d'autoritarisme au profit d'un changement qui se veut pacifique mais qui dans le contexte d'un pouvoir résolu à ne céder pour rien au monde demeure toutefois hypothétique du moins à moyen terme, marquant ainsi le pari manqué du FFS. -Une chose reste cependant à retenir,est que les bonnes intentions ne sont pas toujours un gage de fidélité et ne suffisent point pour rassurer l'opinion publique nationale, encore moins pour concilier entre ses idéaux et la nouvelle trajectoire tracée d'une main de maitre par l'Etat-DRS. HAMMANA Mahmoud,retraité.