La situation des droits de l'homme en Algérie ne cesse de se détériorer ces dernières années . Dans ce sens, les pouvoirs publics agissent sur trois axes. Le premier consiste à mettre en place un arsenal de lois et règlements destinés à réduire au maximum les libertés individuelles et collectives (l'interdiction de manifester à Alger, la loi sur les associations, le projet de loi relative à la profession d'avocat ...etc). Le deuxième est la mise en place d'un dispositif sécuritaire impressionnant, comme force de frappe contre toute tentative d'expression sur le terrain. Le troisième n'est autre que la main mise sur la justice qui est devenue un moyen de répression par excellence. En matière de répression, il y a l'affaire de Berriane où certains habitants ont connu de terribles souffrances dues aux violations des règles les plus élémentaires des droits de l'homme à tous les niveaux. A Ghardaia, les militants des droits de l'homme sont devenus la cible privilégiée des services et de la justice. Il suffit de voir le nombre de poursuites judiciaires que Fekhar Kamel Eddine et ses camarades ont subies, sans oublier le jeune Mohammed Baba Nadjar, pour se rendre compte du degré de dégradation et de violation des droits humains! Dans la région, il y a aussi la localité de Laghouat qui a connu pour sa part, une répression qui s'est abattue sur les activistes syndicalistes et militants des droits de l'homme. A ce titre, certaines images publiées par les réseaux sociaux sont éloquentes, notamment celles du militant et syndicaliste Yacine Zaid qui lui aussi est poursuivi dans de nombreuses affaires, couronnées par celle qui a débouché sur le procès de Ouargla. A tout cela s'ajoute le manque de respect systématique des procédures prévues par l'article 97 du code pénal, quand il s'agit de poursuites pour attroupement, ainsi que l'utilisation excessive des P.V. de police judiciaire en matière de preuves, au mépris des dispositions de l'article 215 du code de procédures pénales. Cette situation demeure valable pour la quasi-totalité du territoire national, où la rue est devenue le théâtre et l'espace de revendications à caractère essentiellement socioprofessionnelles, pour une bonne partie de la population, en lieu et place des institutions et des corps intermédiaires de l'Etat et de la société qui sont censés trouver des solutions aux problèmes posés ; c'est la raison pour laquelle un certain nombre d'avocats ont décidé d'agir, dans le cadre de la loi régissant la profession d'avocats notamment son article premier, en coordonnant leur action et en conjuguant leurs efforts, à travers un réseau couvrant une bonne partie du territoire national, pour venir en aide à toute personne victime de violation des droits de l'homme. Il n'est pas simple de délimiter avec exactitude les raisons de cette situation, mais une chose est sûre la lâcheté du pouvoir qui a tourné le dos (et continue de le faire) aux énormes sacrifices du peuple Algérien, est, dans une large mesure, la cause de ce qui advenu de l'Algérie d'aujourd'hui. Le pouvoir en place a fait de la lutte anti-terroriste un moyen pour se maintenir et la destruction de tous les ressorts de la société comme objectif pour perdurer, tout en profitant de la manne pétrolière au détriment du bien être des citoyens et surtout de la société qui rate encore une fois un rendez vous historique, pour asseoir un état de droit d'une manière apaisante, eu égard à l'aisance financière que connaît l'Algérie actuellement. Pour mettre un terme aux atteintes aux libertés et aux droits de l'homme dans leurs expressions les plus significatives, cela doit passer inévitablement par l'un des processus suivants : 1) Changement dans l'attitude du régime, après avoir pris conscience que sa politique risque de provoquer une désintégration de l'Etat. Il est peu probable que ce processus se réalise. 2) Mobilisation des couches les plus larges de la société pour un changement pacifique, après avoir pris conscience que la voie suivie par ce régime mène tout droit vers un désastre. Il devient alors du devoir de chaque citoyen d'œuvrer pour le changement. En dehors de ces deux processus, le risque d'un soulèvement spontané ou même concerté (par qui et comment ? Toutes les hypothèses sont malheureusement ouvertes), reste du domaine du possible et même fort probable. Le pouvoir Algérien est parvenu dans son élan destructeur, à broyer des pans entiers de la société. Donc, mis à part les citoyens en tant que tels, qui peuvent jouer un rôle prépondérant – cela s'est vu dans certaines manifestations, ce qui donne beaucoup d'espoir – le reste est largement sous le contrôle du système. Me Ahmine Noureddine Avocat, barreau de Médéa