« N'attendez rien de celui qui a avantage, c'est à qui souffre de faire le premier pas » F.Proust. Transition forcée, dictée ou négociée, élections anticipées et nouvelle constitution, qu'en est-il au juste de ce discours repris dans tous les cercles et tous les podiums et ce, depuis que ce certes, regrettable 4ème mandat semble avoir déchaîné les passions et l'actualité au point et que dénoncer cette option apparaisse comme la quintessence de toute contestation politique, pire de toute pensée politique. Ce qui est présenté comme un signe de faiblesse du pouvoir , à savoir ce président très malade, est au contraire la preuve et le signal que nous sommes face à un monolithe ou du moins qui sait le devenir, pouvant tout se permettre, un pouvoir sans nul doute, soutenu par toutes les puissances étrangères et qui n'est surtout bousculé par aucune échéance ni contestation réelle. Dans un pays où le citoyen reste bâillonné, où les véritables scandales financiers sont occultés et où les noms des décideurs, c'est-à-dire explicitement, ceux qui détiennent et disposent de la rente sont cryptés et rigoureusement tenus au secret, parler de transition, relève-t-il de l'amateurisme ou carrément du canular ? Dans ce processus de transition tant amplifié, on retrouve une topologie qui prône sournoisement la continuité, et par des termes tels que « transition en douceur » ou encore « changement de l'intérieur », on ne peut que confirmer, encore une fois que le seul débat politique autorisé et agrée doit s'articuler autour et aux crochets du véritable pouvoir pour, au mieux, négocier une place, via des élections ou des cooptations et pourquoi pas, via un autre scénario de putsch, nos « hommes » politiques l'ont prouvé par le passé, ils ne s'encombrent pas outre mesure quand il s'agit de sauver le système ; la nouveauté est que cette fois-ci même la mouvance islamiste du FIS semble hélas, définitivement embrigadée par ces délires tendancieux d'une transhumance du système vers lui-même. Changer le système de l'intérieur au motif qu'il serait dans une impasse est encore un leurre, une chimère et une offre de soumission à peine voilée, surtout venant de la part de ceux justement, qui ont si bien connu les salles d'attente de ce pouvoir de gangsters et de tortionnaires ; ainsi ces agents « politiques » continuent de tromper le peuple en faisant croire urbi et orbi que les malheurs de cette nation cesseront au lendemain du départ de Bouteflika et, n'hésitant pas, sans pudeur, à se placer comme une alternative auprès, bien sûr, de leurs maîtres, ils continuent leur jeu pervers de l'amnésie, de la rumeur et de la politique de service. Dans ce décor de marionnettiste, la course est au pouvoir et à rien d'autre, les têtes perchées vers les cimes et détournées des miradors et du peuple bien sûr, construire un Etat semble à l'opposé de tous les projets qui nous sont étalés tel un jour de kermesse, ce langage électoraliste qui fait rage nous rappelle de sombres épisodes d'une histoire qui a toutes les chances de se répéter. Le Drs, maître de cérémonie Dans leur macabre mise en scène d'une lutte de clans gérée et régulée par journaux interposés, comme si le DRS avait l'habitude de répondre par écrit, les gros calibres des vitrines ont été chargés de faire la une et surtout de faire croire que le Drs était définitivement mis hors d'état de nuire, c'est à dire, qu'il ne jouait plus aucun rôle en dehors de celui dicté par ces quelques décrets présidentiels. Quand on sait que le Drs détient des dossiers sur presque chaque Algérien, que le cœur battant du pouvoir depuis 1958 est le MALG, le digne aïeul de la SM baptisé Drs pour gérer la sale guerre antisubversive, que Bouteflika en 1999 n'a pu accéder à la magistrature suprême que grâce au Drs, après avoir donné la garantie de « gommer » tous les crimes commis entre 1992 et 1999 et dont les épisodes sadiques ont arraché la vie à près de 250 Mille Algériens sans parler de ces milliers de torturés, de disparus, d'orphelins, de déportés, d'exilés, de ruinés et bien sûr de cette junte de délinquants milliardaires nés dans une mer de sang[i] ; comment peut-on penser un seul instant qu'il puisse y avoir le moindre changement, le moindre pas vers un quelconque changement ou espoir de changement sans que le DRS y prenne part ? Comment faire croire à une solution politique sans que les principaux chefs de guerre s'expriment publiquement ? Mais le hic est que justement, le pouvoir occupe une position de force telle qu'il n'a nullement besoin de négocier avec personne ! Le peuple a subi plus de 10 ans de sale guerre sans qu'à aucun moment une véritable solution politique lui soit présentée, la réconciliation à l'Algérienne est unique dans les annales aussi bien du point de vue militaire que politique, ce fût une double défaite pour les libertés et une double victoire pour le pouvoir-Drs. Cette crise née au lendemain de l'annulation du vote qui allait donner la victoire au FIS en 1991, n'a au fond rien changé à la nature du pouvoir, elle lui a juste permis de mettre ses pratiques à l'œuvre, au grand jour et surtout à échelle industrielle, qu'il s'agisse de répression ou de corruption. Les inlassable lampistes savent que non seulement ils ne représentent qu'aux-même, mais, et c'est le plus important, ils savent aussi que leur chance de survie « politique » est très fortement corrélée à leur coefficient de allégeance et de constance vis-à-vis du Drs, c'est pourquoi, sans jamais oser le citer, ils continuent à le défendre bec et ongles contre tous ses adversaires conjoncturels, même lorsqu'il faut aller jusqu'à demander la démission du chef d'état-major de l'ANP qu'on découvre en train de se mêler de politique ! Auraient-ils oubliés ces démocrates qu'arrêter un processus électoral par les chars, les chalumeaux et les camps de concentration c'est pire que se mêler de politique, c'est décapiter ou égorger la politique, encore une fois à chacun son référentiel. Quand le FIS se connecte ouvertement Le FIS toujours interdit est soudainement et paradoxalement apparu pour rejoindre directement ou indirectement ceux qu'il connait pourtant si bien et qui n'ont d'autre obsession que de servir et prendre part au pouvoir. Dans cette démarches deux questions ont été sciemment occultées, celle des victimes et donc des bourreaux et celle liée à la notion d'Etat, ne serait-ce que du point de vue du citoyen muselé, désespéré et exclu surtout. Malheureusement, encore une fois, ces dirigeants islamistes, pourtant forts d'une légitimité combien même datant de 1991, n'ont pas les compétences politiques et morales pour affronter la nature du système, infiltrés et trop pressés de prendre le « pouvoir » (ou une partie du pouvoir) qui leur a été arraché, ils risquent de rejoindre définitivement le lot de la politique des cérémonies et des discours creux. La politique loin des citoyens Quelle politique veulent-ils prêcher tous ces tribuns aguerris ? Celle où tout se joue justement en interne et loin du peuple, ou celle qui associe les Algériens dans un projet pour eux et leur avenir ? Quel Etat veulent-ils, encore une micro société occulte dotée de lois et de juges pour affronter les citoyens et soumettre le pays et ses frontières aux puissances étrangères, ou un Etat garant des libertés, souverain un tant soit peu, doté d'une armée, d'une monnaie, d'une politique fiscale, de pôles d'excellence et surtout au service du citoyen. Sur fond d'impunité et de vassalité les autoproclamées opposants ont décidé de brader encore une fois l'avenir de la nation pour jouer aux sauveurs du système en lui donnant du souffle et même de l'aplomb. Ainsi, ils auront beau critiquer les parcours et analyser les process des dictatures, ils sont incapables de penser un Etat sans prise de pouvoir, ils restent les eternels producteurs de cette politique inapte à penser le fait politique sans partis politiques, sans clans et sans gourous. Le pouvoir qui n'est lié que par ses engagements envers les maîtres du monde, poursuivra son parcours d'allégeance jusqu'au boutiste, continuera à gager l'avenir des générations et de nos sous sols pour garantir des rentrées d'argent et des marchés pour ses pourvoyeurs de « légitimité ». Encore une fois, c'est à la rue et à la rue de déjouer ces plans sataniques et de comprendre une bons fois pour toutes que la politique des tribunes a fait son temps et que si nous ne nous prenons pas en charge d'abord en commençant à réfléchir, nous resterons leurs esclaves et leurs chair à canons à la moindre étincelles. Constantine, le 19 Juin 2015. Z.A. [i] http://www.algeria-watch.org/fr/article/analyse/benderra_vents_contraires.htm * facebook * twitter * google+