Abdallah CHEBBAH. Avril, 2019 Il y a plus de neuf semaines, à chaque vendredi, le peuple Algérien et nos jeunes génies en nombre grandissant, sortent dans la rue pour transmettre un message clair aux détenteurs du pouvoir par les armes que tant et aussi longtemps que ces derniers n'évacuent pas les lieux, les manifestations pacifiques en masse continueront de plus belles à travers tout le territoire national. Le message est assez clair : ROUHOU GÂA. Il est sous-entendu naïvement et honnêtement par ces jeunes, de défaire et de déconstruire les institutions de l'état et la société toute entière pour les reconstruire de nouveau sur des valeurs de bases solides, démocratiques et modernes à l'image des autres pays émergents. Devant l'obstination du grand chef des armées que je nommerai pas et les petits et grands quidams pilleurs qui lui servent de relais et de supports, par crainte de représailles devant le massacre économique, social et culturel qu'ils ont semé, le peuple Algérien est plus que jamais décidé à en découdre avec cette horde de vauriens sortis des entrailles du diable. En 1962, une tentative a échoué parce que le peuple en avait marre de la guerre de décolonisation. Ils l'ont crié haut et fort : sept années, ça suffit. En 1988, on a fait avorter une deuxième tentative, sous-prétexte de l'extrémisme religieux, qui a donné naissance à une guerre civile dont le nombre de morts se chiffre à 250 milles et à plus de 20 milles disparus. En 1992, les tenants du gouvernail ont tout simplement annulé un processus électoral par crainte de leur chute devant un électorat sans conviction politique mais favorable aux islamistes uniquement pour sanctionner le faux parti au pouvoir. L'attente de 57 années de réflexion, de souffrance et de patience a permis au peuple Algérien de bien mûrir la situation et de s'imposer, aujourd'hui, en maitre. Depuis le 22 février, ce peuple, qu'on avait tous cru amorphe et mort, a tout d'un coup, par un sursaut de dignité et de fierté, mener des petites batailles, a fait chambouler la donne en s'imposant pacifiquement au-devant de la scène politique. En l'espace de deux mois, il réussit à défaire les ruses du pouvoir en annulant un cinquième mandat, en démantelant la présidence, les deux chambres parlementaires, le parti unique FLN, le DRS, les trois B et à pousser le pouvoir militaire a interpellé en justice les plus grands malfrats d'oligarques ainsi que certains personnalités politiques impliqués dans tous les scandales de corruption. Le général en chef et ses généraux qui le secondent, se retrouvent dans une impasse. Ils essayent à tout prix de gagner du temps en brouillant la donne. Ils veulent éviter la confrontation avec le peuple qui ne demande qu'à négocier une sortie de crise par une négociation franche autour d'une table avec comme préalable le retrait inconditionnel de l'armée de la scène politique. Le peuple et ses futurs représentants non encore désignés ou élus veulent eux même organisé la transition. Ce que réfute l'armée. La grande guerre se déroulera, probablement, sur un terrain neutre en présence d'un arbitrage car ce qui hantent tous les tenants du régime depuis 1962, ce sont les représailles. Les grandes questions leur seront évidemment posées : Qu'avez-vous fait de ce pays et de son peuple? Où sont passés les milles milliards? Où sont passés les disparus? Qui a assassiné Boudiaf? Ils auront à répondre de la gestion de ce pays. Il reviendra au peuple Algérien de légiférer sur la sentence à prononcer contre les généraux en poste qui d'après moi essaye à tout prix de sauver leur peau en s'adonnant à un nettoyage à tous les niveaux. La justice, en rejoignant dernièrement le peuple devra faire son travail correctement en instruisant les dossiers de tous les bandits cités par le général en chef. Ce qui pourrait sauver l'institution militaire de tous les scandales est entre les mains de cette justice. Finalement, il est grand temps pour le peuple de manifester son choix d'une personnalité compétente, honnête et propre pour désigner son représentant qui aura la lourde tâche de choisir à son tour parmi le peuple d'autres personnes qui mèneront la transition et les affaires courantes jusqu'aux élections présidentielles. Il sera, tout bêtement, demander au peuple de sortir dans la rue, un vendredi et d'inscrire le nom du candidat sur un écriteau. Le nom qui apparaitra en majorité sera désigné et respecté.