Le secrétaire général de l'Union générale arabe d'assurance (UGAA), Abdelkhalek Raouf Khelil, a appelé lundi à Alger les grandes sociétés activant dans le monde arabe, notamment les sociétés pétrolières et gazières, à s'orienter vers le marché arabe de réassurance et tirer profit des potentialités financières que recèlent les compagnies arabes de réassurance, invitant ces dernières à mobiliser leurs énergies pour présenter des offres absorbant ce marché. S'exprimant lors de la conférence arabe sur la justice et l'assurance dans le monde arabe, organisée par l'UGAA en collaboration avec l'Union algérienne des sociétés d'assurance et de réassurance (UAR), M. Raouf Khelil a déploré «le recours des sociétés énergétiques activant dans le monde arabe aux sociétés étrangères pour la réassurance de leurs infrastructures, alors que le coût des prestations proposées par les compagnies arabes est beaucoup moins cher». «Nous avons dans les pays arabes 18 compagnies de réassurance qui accomplissent leurs missions dans les meilleures conditions. Nous nous employons au sein de l'UGAA à limiter le paiement des primes d'assurances au monde arabe au lieu de permettre aux étrangers de bénéficier d'un marché estimé à plusieurs millions de dollars», a déclaré le même responsable à l'APS, en marge de la conférence. Il a indiqué que le chiffre d'affaires des sociétés d'assurance arabes était estimé à 30 milliards de dollars, dont 300 millions soumis la procédure de réassurance qui est souscrite à 90% à l'étranger et à moins de 10% seulement auprès des sociétés arabes de réassurance. Interrogé sur la capacité des sociétés d'assurance arabes à satisfaire les besoins des sociétés pétrolières et gazières en matière de réassurance – notamment au vu des changements climatiques et les catastrophes naturelles qui affectent plusieurs pays arabes –, le même responsable a affirmé que ces sociétés disposaient des capacités financières et de l'expertise nécessaires. «Le véritable problème est que nous (pays arabes) souffrons encore d'un complexe envers les étrangers», a déploré M. Raouf Khelil. Selon le même responsable, le nombre de sociétés d'assurance dans le monde arabe est estimé actuellement à 340 sociétés ayant enregistré en 2016 un chiffre d'affaires de l'ordre de 30 milliards de dollars et une croissance avoisinant les 5%. Les communications et interventions inscrites lors de cette conférence ont été centrées sur le rôle du numérique dans la facilitation de la communication des sociétés d'assurance avec le corps de la justice, base essentielle dans le règlement des litiges en matière d'assurance. Le président de l'Union algérienne des sociétés d'assurance et de réassurance (UAR), Brahim Djamel Kassali, a précisé dans son discours d'ouverture, au nom de Monsieur le Ministre des Finances, que le but de la conférence était de raffermir les rapports entre la justice et le secteur des assurances. Quant à Abdelkrim Djadi, procureur général près la cour de de Guelma, il estime que la rencontre se veut une opportunité importante en vue de rechercher les voies à même de jeter les ponts entre les systèmes informatiques existant dans les compagnies d'assurance et ceux existant au ministère de la Justice. En outre, certains participants ont proposé la création de tribunaux spécialisés dans les secteurs des finances et se sont accordés à souligner la nécessité d'assurer une formation précise et continue au profit les magistrats dans les secteurs d'assurance et des banques et autres domaines relevant des finances, afin qu'ils puissent trancher dans les litiges à bon escient, d'autant plus qu'il est question de domaines techniques et complexes nécessitant une formation précise et continue. A cet égard, M. Djadi a révélé que la formation dans le domaine des assurances a été récemment incluse au niveau de l'Ecole supérieure de magistrature, ainsi qu'au niveau des divers tribunaux. Par ailleurs, dans une communication présentée sur l'évolution du marché des assurances en Algérie, le P-dg de la Compagnie algérienne des assurances (CAAT), également représentant du marché algérien des assurances au conseil de l'Union générale des assurances arabes (UGAA), Youcef Benmicia, a précisé que le marché algérien comptait 24 compagnies d'assurances contre 16 compagnies en 2007 et 2 310 agences commerciales à fin 2016 contre 1 304 agences en 2007. Le chiffre d'affaires de ce marché est passé au cours de la même décennie de 45 milliards de DA à 130 milliards de DA (1,2 milliard de dollars US), de même que pour le montant des indemnisations qui est passé de 25 milliards de DA à 70 milliards de DA, dont 46 milliards DA pour les accidents de la route. Vers la fin 2016, les dépôts des compagnies d'assurances auprès des banques ont atteint 265 milliards de DA contre 77 milliards de DA à fin 2007, ce qui signifie que le montant des dépôts a plus que triplé au cours des dix dernières années (de 2007 à fin 2016). APS