«La politique de dividendes doit être au centre des préoccupations des sociétés cotées en Bourse», affirme Yazid Benmouhoub, le directeur général de la Bourse d'Alger qui espère, ainsi, capter l'intérêt des sociétés ayant un potentiel économique et financier solides. Pour le DG de cette institution financière, l'entrée en bourse d'une entreprise est non seulement un moyen d'engranger des gains financiers et de la croissance, c'est aussi l'assurance de labellisation de l'entreprise en question. Avant d'arriver à cet appel, le DG de la Bourse d'Alger, qui a animé une conférence au siège du quotidien DK News, a fait le bilan de cette institution financière. Il a surtout décrit le contexte économique du pays pour situer les difficultés qui empêchent la Bourse d'Alger de sortir de l'ornière des 5 entreprises. Jusqu'à ce jour, il n'y que 5 sociétés cotées en Bourse en Algérie. «La question qui se pose, souvent, au sujet de la Bourse est : est-ce que la Bourse peut réellement jouer un rôle dans le financement de l'économie ?», s'inquiète Benmouhoub, dès l'entame de son intervention. Présentement, il ne faut pas être un grand expert financier pour répondre aisément par la négative. Le DG de la Bourse d'Alger donne quelques éclaircissements sur le manque d'enthousiasme des acteurs économiques du pays à faire de la Bourse d'Alger un grand marché financier qui pourrait aider les entreprises du pays et booster la croissance économique. «Il y a plusieurs raisons qu'on peut expliquer. Il y a d'abord la période de sa création en 1990. Avec les événements qu'a connus la décennie qui s'en suivra, ce n'était pas la période idéale pour le développement d'un marché de capitaux. Entre 2000 et 2014, il y a eu l'embellie financière importante qui a permis à l'Algérie de réaliser des avancées considérables sur, pratiquement, tous les plans.» Le DG de la Bourse estime cependant que cette embellie n'était pas favorable à l'établissement qu'il dirige pour jouer un rôle prépondérant dans la circulation de grands capitaux. Il donne son explication : «Toujours durant cette période 2000/2014, le secteur bancaire qui reste le principal acteur dans le financement de l'économie nationale a eu une décennie de surliquidités, qui a obligé les pouvoirs publics à accorder des bonifications des taux d'intérêts des crédits d'investissements pour pouvoir attirer des entreprises et absorber cette surliquidité. Nous avons souffert d'un excès de liquidité. Aucune Bourse ne se développe durant la période de surliquidité.» Il avouera, en outre, que la Bourse d'Alger n'était pas concurrentielle en termes de coût et de financement pour attirer les entreprises et de conclure ce chapitre. «Nous sommes très loin des capacités du marché financier.» Le stress financier du pays favorable à la Bourse d'Alger ? Mais le conférencier estime que la situation a changé depuis le second semestre 2014 : «Depuis le second semestre 2014, la situation a totalement changé. Aujourd'hui, les chiffres de la Banque d'Algérie indiquent que la liquidité a baissé de 74%. Cela veut dire que le secteur bancaire n'a plus les mêmes capacités de financement que celles antérieures à 2014. Dans cette situation de stress financier, nous pensons que la bourse peut jouer un rôle. Je n'irai pas jusqu'à dire que la Bourse pourrait être l'alternative aux banques. Seulement, nous souhaitons que la bourse puisse accompagner le financement des entreprises pour faire baisser la pression sur le secteur bancaire.» Comment ? Le patron de la Bourse préconise la recapitalisation des PME et PMI. «C'est-à-dire lever des fonds auprès de la Bourse. Une fois le capital de ces PME/PMI augmenté, elles peuvent accéder aux crédits bancaires. Elles peuvent aussi élargir leurs capacités d'endettement et se mettre en position de force pour négocier des taux d'intérêts en leur faveur.» Pour Benmouhoub, la cotation en Bourse d'une entreprise renvoie une image extrêmement favorable de cette entité économique. «Cela veut dire qu'elle est gérée selon les standards internationaux et dans la transparence. Nous lançons un appel aux entreprises privées à venir en Bourse, à lever des fonds et à se développer.» L'orateur juge le contexte économique favorable au développement de la Bourse d'Alger. Selon lui, les pouvoirs publics misent sur un développement économique tiré par l'industrie dont une partie est destinée à l'export. «On labellise les produits made in Algeria, il serait bon aussi de labelliser l'entreprise algérienne si elle veut aller vers le marché international». Il est clair pour le patron de la Bourse d'Alger que le meilleur moyen de labelliser l'entreprise est son entrée en Bourse. Pour l'occasion, le conférencier a mis en exergue certaines décisions techniques de la Bourse d'Alger en vue de faciliter les transactions. Par ailleurs, des banques privées seraient intéressées pour se positionner au sein de la Bourse d'Alger en vue de jouer un rôle au sein de ce marché financier. Abachi L.