Le secteur bancaire algérien connaît aujourd'hui un véritable assèchement de liquidités. Il n'y a plus assez d'argent comme avant pour assumer les financements des projets d'investissements. En effet, les liquidités bancaires sont passées de 2731 milliards DA en 2014 à 512 milliards de DA en septembre 2017. Elles ont connu une baisse graduelle passant de 1833 milliards en 2015 à 821 milliards DA en 2016. Ces chiffres ont été communiqués jeudi par le directeur général de la Société de gestion de la bourse des valeurs (SGBV) Yazid Benmouhoub. Les recettes des banques sont constituées essentiellement, selon le DG de la Bourse, de placements à court et à très court terme, les crédits à moyen et long terme qui sont de 75%. Il se trouve que le ratio crédit bancaire par rapport aux dépôts a augmenté. «Jusqu'à fin juin 2017, il y a eu moins d'argent placé dans les banques, d'où la nécessité de trouver des palliatifs à ce manque de liquidités et la bourse peut accompagner, notamment dans cette période de stress pour alléger le fardeau du secteur bancaire, ce qui permettra aux entreprises d'avoir des fonds à long terme», a-t-il estimé. Le DG de la Bourse ne manque pas d'ailleurs de saluer la décision des pouvoirs publics d'abandonner le projet d'introduire en bourse des entreprises publiques. Ceci est «bénéfique», selon lui, pour le marché boursier et donnera plus de chance aux PME pour s'y introduire, sur fond de rétrécissement des liquidités bancaires. «Les entreprises publiques ne sont plus sur la liste des sociétés à introduire en Bourse. C'est le choix des pouvoirs publics et c'est un choix bénéfique pour le marché», a-t-il estimé lors d'une journée d'information sur la Bourse d'Alger comme mécanisme de financement alternatif pour les entreprises, organisée au siège de la CACI (Chambre algérienne de commerce et d'industrie). «Une éventuelle introduction en bourse des entreprises publiques aurait un effet d'éviction sur les PME car des sociétés comme le CPA ou Mobilis, si elles ouvrent 20% de leur capital, vont certainement attirer les investisseurs au détriment des PME qui n'ont pas les mêmes capacités d'attrait», a-t-il expliqué. Le Conseil des participations de l`Etat (CPE) avait donné, en 2013, son accord à huit entreprises publiques pour l`ouverture ou l`augmentation de leur capital social à travers la Bourse. Il s`agit de trois cimenteries relevant du groupe public GICA (dont celle d`Aïn Kbira), du Crédit populaire d`Algérie (CPA), de la compagnie d'assurance Caar, de Cosider Carrières (filiale du groupe Cosider), de l`entreprise Hydro-aménagement et de Mobilis. Mais la souscription de la Société des ciments d'Aïn-Kebira (SCAEK) en 2016 a été déclarée «infructueuse» et retirée, puisque la réglementation exige un minimum de 20% du montant total de la souscription alors que la levée de fonds avait atteint à peine 5% des 18,95 milliards de dinars que cette entreprise espérait lever sur le marché financier. Ce choix des pouvoirs publics d'abandonner l'introduction en bourse des entreprises publiques, annoncé à la fin 2017 par le Premier ministre Ahmed Ouyahia, rappelle M. Benmouhoub, est aussi dicté «par la conjoncture financière que traverse le pays, à savoir un manque drastique des liquidités bancaires», une situation où le marché financier devrait jouer un rôle alternatif, selon le même responsable. La bourse, un levier Les PME sont invitées à s'introduire en Bourse pour augmenter leurs capacités de financement et bénéficier en outre de plusieurs avantages fiscaux. M. Benmouhoub a annoncé l'introduction en bourse, durant le semestre en cours, d'une PME privée exerçant dans le secteur du tourisme thermal. Après vingt ans d'existence, la Bourse d'Alger ne compte aujourd'hui dans son portefeuille que 5 titres que sont Saïdal, El-Aurassi, Alliance Assurances, NCA Rouiba et Biopharm, avec une capitalisation boursière inférieure à 40 mds de DA, un encours des obligations du Trésor autour de 400 mds de DA et quelques 13.000 investisseurs.Tout en souhaitant que la bourse d'Alger puisse ouvrir le marché des obligations aux PME, M.Benmouhoub a souligné que le niveau de rémunération des actions en 2016 se situait entre 6,6% et 10,75%. Et d'ajouter : «nous souffrons aujourd'hui du problème de liquidité au niveau du marché boursier, car il n'y a pas assez de transactions». Dans ce sillage, il a annoncé l'arrivée de deux nouveaux intermédiaires en bourse, à savoir Salama Bank et El Baraka Bank qui ont eu le 7 mars dernier leurs agréments. En outre, la bourse d'Alger va acquérir un nouveau système de cotation et un autre système d'information qui permettra la cotation en ligne des actions et de diffuser l'information en instantané pour le marché.