Pourtant décrété site sauvegardé, à Sidi El Houari (la Calère), un projet de réalisation sur ce site de deux tours promotionnelles avec locaux commerciaux et bureaux (en R+11) a fait réagir l'Ordre des architectes, les associations Bel Horizon, et Oran architecture et culture, ainsi que le Collectif des enseignants en architecture, qui ont déposé au niveau de la wilaya d'Oran, ainsi qu'au président de la commission des marchés, un recours/opposition à l'avis d'appel national ouvert avec exigences de capacités minimales N°2/2018 lancé par Agefor. Amel Bentolba - Oran (Le Soir) - L'opposition se veut ferme quant à la réalisation de ces deux tours de 11 étages, pour des raisons plus qu'évidentes, a dénoncé ce collectif hier, lors d'un point de presse. «Le site du projet se trouve à l'intérieur du périmètre du secteur sauvegardé de Sidi-El-Houari par le décret exécutif n°15-13 du 22 janvier 2015, qui délimite en coordonnées le périmètre en question, conformément à ce décret, seul le plan de sauvegarde peut définir l'aménagement et le règlement pour toute intervention à l'intérieur de ce périmètre.» Le Collectif des défenseurs du site sauvegardé de Sidi-El-Houari précise qu'ils ne sont pas là à vouloir empêcher que l'on touche à Sidi El Houari mais que cela se fasse, disent-ils, dans le respect de la loi et des règlements urbanistiques, et de sauvegarde du patrimoine. «le projet doit se faire uniquement dans un cadre d'aménagement et de vision globale conformément à l'article 43 de la loi n°98-04 du 15 juin relative à la protection du patrimoine culturel, et une autorisation préalable et spécifique de la part du ministère de la Culture conformément à l'article 49 de la même loi.» Intervenant durant cette rencontre avec la presse, le président de l'association Bel Horizon, M. Metaer, a rappelé que même si le site de Sidi-El-Houari a été sauvegardé en 2015, «sans plan de mise en valeur, cela ne veut absolument rien dire. C'est une situation intenable d'une part et puis burlesque, non seulement c'est un secteur sauvegardé mais c'est l'Etat qui se propose d'élever des tours de 11 étages !?». La somme qui devait permettre la réalisation de l'étude estimée à un milliard 400 millions de centimes avait été gelée par le ministère de la Culture. Pourtant, dira le collectif lors d'une réunion avec le wali d'Oran le 22 janvier 2018, le gel avait été levé. Seulement cinq mois après, dans les faits, rien n'a été entrepris dans ce sens. «Cette situation explique pourquoi il y a ce genre d'initiatives (projet des deux tours de 11 étages), et ce n'est pas l'œuvre d'un privé, mais l'agence foncière d'Oran qui dans un mouchoir veut élever des tours, alors qu'il n'a jamais été question de tours», a tenu à rappeler le président de l'association. L'Ordre des architectes tient à préciser que ce n'est pas le projet des tours de 11 étages en lui-même qui les dérange. «Mais le contexte, déjà pour ce faire il faut la composition d'un jury pluridisciplinaire, eux ont agi unilatéralement.» Pour le collectif, le candidat retenu «l'Epic Cnic» n'est pas habilité à assurer la maîtrise d'œuvre en architecture. Et de rappeler le décret présidentiel 15-247 du 16 septembre 2015 portant code des marchés, «la nature du projet oblige de passer par la procédure du concours (art. 47 et 48). De ce fait, nous demandons l'arrêt du projet et l'annulation de l'attribution provisoire citée en objet». Pour le Collectif des enseignants en architecture, de 2015 à 2018, la situation de la sauvegarde de Sidi El Houari régresse. «Aujourd'hui, on se retrouve avec un discours qui dit que le côté de la Marine n'est pas concerné par cette sauvegarde. Et que des projets d'embellissement en vue des Jeux méditerranéens sont prévus sur cette partie. Ce que nous devons faire, c'est rétablir l'ordre et remettre la discussion sur le plan de sauvegarde de Sidi-El-Houari car il s'agit d'une revendication.» Pour l'heure, les autorités locales n'ont pas réagi aux lettres d'opposition du collectif, si la situation reste en l'état, le collectif n'exclut pas le recours à la justice. A. B.