Une nouvelle fois, les architectes d'Oran interpellent les autorités locales pour une prise de conscience sur les menaces qui pèsent sur le quartier de Sidi El-Houari (et, au de-là, tous les quartiers de la ville) et de la nécessité de les associer dans tout projet urbanistique touchant ce patrimoine historique. "Il n'est pas normal que des décisions portant sur la construction, la démolition ou la réhabilitation d'une construction soient prises sans que les spécialistes du secteur n'aient été consultés", ont relevé des architectes qui ont pris part à une conférence de presse organisée, dimanche après-midi, au siège de l'association Oran Archi-culture. Dénonçant leur marginalisation, le responsable de l'association, Ali Fatemi, le vice-président de l'Ordre des architectes d'Oran, Karim El-Ghazi, ainsi que des architectes présents ont déploré la persistance des autorités à ignorer l'apport, pourtant primordial, de ces concepteurs en bâtiment dans tout projet de construction ou de réhabilitation. "Nous sommes prêts à prendre part au plan de sauvegarde de Sidi El-Houari et nous avons envoyé une correspondance en ce sens au wali, mais nous n'avons reçu aucune réponse", a indiqué Ali Fatemi en soulignant que cette intervention pourrait se faire à titre gracieux. "En l'espace de 15 ans, Sidi El-Houari s'est malheureusement fortement dégradé en raison de l'indifférence des pouvoirs publics et l'inconscience de la société civile", a déploré un architecte en regrettant l'indifférence des pouvoirs publics à l'égard des nombreuses thèses et études réalisées dans les universités sur la question. Alors qu'une de ses consœurs a mis en évidence les bénéfices, notamment économiques, que la ville pourrait retirer de l'exploitation rationnelle et intelligente de sites historique de la valeur de Sidi El-Houari. Il faut rappeler qu'un plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur du secteur sauvegardé (PPSMVSS) doit être élaboré conformément au décret exécutif n°15-13 du 22 janvier 2015 portant création et délimitation du secteur sauvegardé de la vieille ville de Sidi El-Houari. Le PPSMVSS a pour principaux objectifs de fixer les règles générales et les servitudes d'utilisation des sols, les conditions architecturales selon lesquelles sont assurées la conservation des immeubles et du cadre urbain, les mesures particulières de protection, notamment celles relatives aux biens culturels immobiliers protégés. "Nous avons entendu dire qu'un bureau d'études a été désigné mais nous n'avons pas plus de détails sur son identité ni ses références ni encore sur les modalités d'attribution de ce projet", s'est inquiétée une architecte. Le décret exécutif en question précise que la vieille ville s'étale sur une superficie d'un peu plus de 70 hectares, enserrée entre le port (nord), la place du 1er-Novembre (est), Derb (sud) et la forêt du Murdjadjo (ouest). Inquiets du devenir d'un trésor patrimonial rare — notamment après les récentes démolitions qui ont suivi les opérations de relogement — les architectes d'Oran en appellent aux autorités locales afin qu'elles les associent à l'exécution du plan de sauvegarde de Sidi El-Houari. Oran Archi-culture, association d'une centaine d'adhérents née en 2016, et l'Ordre des architectes d'Oran, composé de quelque 400 membres, comptent multiplier les initiatives pour réunir tous les acteurs (associations, urbanistes, universitaires, intellectuels...) autour de la nécessité de s'impliquer dans la préservation des vestiges de la ville mais aussi dans la construction de son avenir. Une véritable gageure en ces temps d'indifférence quasi pathologique. S. Ould Ali