La caisse nationale des retraites (CNR) connaît un déséquilibre financier considérable. «Sans l'apport de l'Etat qui lui a accordé 500 milliards de DA, les retraités auraient été privés de leurs pensions ces deux derniers mois», selon le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mourad Zemali. Samira Azzegag - Alger (Le soir) - «C'est regrettable, mais c'est la vérité.» C'est en ces termes que Mourad Zemali s'est lâché par rapport à la situation financière de la CNR, jeudi, en marge de la cérémonie de clôture du «Programme de coopération Sud-Sud pour les pays d'Afrique dans les domaines du dialogue social et de la Sécurité sociale». Il a révélé, donc, «toutes les difficultés que rencontre la caisse nationale depuis quelques mois. L'Etat lui a versé 500 milliards de DA, afin de pouvoir payer les pensions des retraités qui s'élèvent à 1 200 milliards de dinars. Quant au nombre des retraités, il a atteint un chiffre record de 3 millions à la fin 2017, jamais enregistré auparavant. Cette hausse considérable serait due principalement aux départs à la retraite anticipée. et c'est pour cette raison que la tutelle a pris de nouvelles dispositions, fixant l'âge de départ à 65 ans. N'était cette mesure, le nombre des retraités aurait explosé et aurait causé une crise financière à la CNR», a estimé le ministre qui regrette que le taux de cotisations soit faible, puisqu'il est de 600 milliards DA seulement, soit un déficit de 50%. «L'évolution annuelle du taux des cotisations à la Sécurité sociale reste minime avec un taux de 2%», continue à désapprouver l'intervenant, puisque cette situation est le résultat des dépassements des «employeurs nombreux à transgresser la loi», en ne déclarant pas leurs employés. Pour pallier ce déficit, la CNR a lancé une campagne de sensibilisation et a engagé une opération de mise à jour ou d'assainissement du registre des retraités. Deux convocations sont envoyées aux retraités et si au bout de deux mois, après l'envoi de la dernière convocation, aucun retour n'est fait, des mesures systématiques seront prises. Cette initiative vise à recenser le nombre des retraités décédés, mais jamais déclarés, qui continueraient à percevoir quand même leurs pensions. La mise à jour du registre permettrait de recenser le nombre des retraités «fantômes» existants. Dans ce même volet, la CNR serait en train de finaliser une convention avec les opérateurs de téléphonie mobile, qui consiste à envoyer des SMS aux retraités, pour vérification de leur existence. Les vérifications «ennuyeuses» pour le remboursement des traitements et soins médicaux sont également une autre mesure engagée pour «sauver» et protéger la CNR. Pour clore le dossier, Zemali rappelle que le système national de Sécurité sociale est «très généreux», puisqu'il couvre, outre les pensions des retraités, les différents risques. Interrogé sur les syndicats autonomes, M. Zemali a déclaré que «46 syndicats nationaux se sont conformés jusque-là au cahier des charges élaboré par le département du travail, notamment en termes de représentativité, dont le seuil réglementaire est fixé par la loi à 20% de l'effectif global de l'entreprise. les syndicats ne disposant pas de 20% de représentativité ne sont pas en droit de revendiquer ou de négocier, d'où l'obligation pour eux de se mettre en conformité avec la loi», tranche le ministre, qui rappelle que la démarche de son département envers les syndicats au nombre de 65 recensés en Algérie «vise à assainir la situation et s'inscrit dans le cadre de l'application de la loi, chaque syndicat étant tenu de transmettre annuellement les informations concernant le nombre de ses adhérents à l'employeur et au ministère du Travail». En ce qui concerne le Programme de coopération Sud-Sud pour les pays d'Afrique dans les domaines du dialogue social et de la Sécurité sociale, Mourad Zemali a réitéré l'engagement de notre pays au respect des normes internationales du travail, à la promotion du dialogue social et au développement de la protection sociale. De son côté, le directeur du Bureau de l'OIT en Algérie, Mohamed Ali Deyahi, a tenu à saluer l'Algérie «pour sa capacité à couvrir 90% de la population et pour l'effort financier qu'elle consent pour appuyer cette stratégie. Et c'est ce qui a encouragé l'OIT à faire de l'expérience algérienne un modèle à suivre». 90 000 travailleurs étrangers recensés en Algérie Le nombre des ressortissants étrangers travaillant en Algérie a atteint 90 000, dont la majorité de nationalité chinoise, exerçant dans le bâtiment, a déclaré le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mourad Zemali, en marge de la cérémonie de clôture du «Programme de coopération sud-sud pour les pays d'Afrique dans les domaines du dialogue social et de la sécurité sociale». Outre la nationalité chinoise, «ces ressortissants déclarés, arrivent également de l'Egypte, Turquie...», a avancé le ministre, qui affirme que les travailleurs étrangers sont acceptés en Algérie, uniquement si ces derniers maîtrisaient une spécialité qui ne figure pas dans le fichier de l'Agence nationale de l'emploi (Anem). Pour ceux travaillant dans l'informel, leur nombre reste inestimable, mais l'administration algérienne essaye de gérer ce dossier très sensible et compliqué, en raison de «sa dimension humanitaire», qu'il faut prendre en compte. Toujours est-il, «des sanctions et des poursuites judiciaires» sont appliquées à l'encontre des employeurs qui profiteraient de la main-d'œuvre étrangère sans la déclarer». L'Inspection du travail a d'ores et déjà été interpellée pour certains cas. Samira A.