Le nombre d'étrangers exerçant en Algérie pourrait s'avérer beaucoup plus important, si l'on tient compte des travailleurs non déclarés. Il y a 90 000 travailleurs étrangers en Algérie. C'est du moins ce qu'a annoncé le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Mourad Zemali, lors d'une conférence de presse, jeudi, en marge de la cérémonie de clôture du «Programme de coopération Sud-Sud pour les pays d'Afrique dans les domaines du dialogue social et de la Sécurité sociale». Ce chiffre révélé par Mourad Zemali représente les travailleurs étrangers déclarés à la sécurité sociale. Pour autant, le ministre n'a pas détaillé les nationalités de ces travailleurs. Mais il a affirmé que les Chinois sont largement en tête de par le nombre d'ouvriers qui travaillent dans de gros chantiers, comme ceux de la Grande Mosquée d'Alger, des stades de Baraki, de Douéra et d'Oran. Les Turcs viendraient en deuxième position, suivis des Egyptiens. Le ministre, dont les propos ont été repris par l'agence officielle APS, a expliqué dans quelles conditions ces travailleurs sont venus en Algérie. Selon lui, «pour qu'un étranger puisse travailler en Algérie, il faudrait que sa spécialité ne figure pas dans le fichier de l'Agence nationale de l'emploi (ANEM)». Le nombre d'étrangers, notamment chinois, exerçant en Algérie pourrait s'avérer beaucoup plus important, si l'on tient compte des travailleurs non déclarés. Le ministre du Travail a d'ailleurs reconnu l'existence du travail informel des étrangers, tout en affirmant que cela reste difficile à cerner. Mourad Zemali a souligné que «l'administration algérienne essaye de gérer ce dossier très sensible qui a une dimension humanitaire». Le ministre du Travail rappelle dans ce contexte la législation algérienne qui sanctionne le travail au noir. «Des sanctions et des poursuites judiciaires sont appliquées à l'encontre des employeurs qui utilisent la main-d'œuvre étrangère sans la déclarer», a souligné M. Zemali, indiquant que «de nombreuses infractions ont été signalées à l'Inspection du travail». Interrogé sur le dossier de la mise en conformité des syndicats avec la législation et les vives critiques de l'Organisation internationale du travail (OIT), Mourad Zemali s'est contenté de rappeler ce qui prévoit la loi algérienne. Selon lui, «46 syndicats nationaux se sont conformés jusque-là au cahier des charges» élaboré par son département ministériel. Le ministre est revenu sur les seuils de représentativité fixés à 20% de l'effectif global de l'entreprise. «Sous ce seuil réglementaire, tout syndicat ne peut ni négocier ni exiger des revendications, sans pour autant que cela empêche son existence», a-t-il expliqué à l'APS, assurant dans ce sillage que des syndicats avaient contacté son département ministériel «pour demander plus de temps, car ils ont compris que cette façon de faire les aide à s'organiser et à mieux connaître leurs affiliés». Le ministre a affirmé que le gouvernement a besoin de partenaires sociaux forts et organisés. Abordant la situation financière du système de la sécurité sociale et des retraites, Mourad Zemali a tenté de rassurer en affirmant que le gouvernement veille à maintenir ce système viable. Qualifiant ce système basé sur le principe de solidarité de «très généreux», le ministre a précisé que «sans l'intervention de l'Etat qui a accordé 500 milliards de dinars à la Caisse nationale de retraite (CNR), les retraités n'auraient pas pu percevoir la pension des deux derniers mois». Selon le ministre, la CNR a besoin de plus de cotisants pour retrouver son équilibre financier. Cette caisse a besoin de 1200 milliards de dinars pour garantir un paiement régulier et sans interruption des pensions des 3 millions de retraités et des ayants droit. Aujourd'hui, les cotisations ne sont que de 600 milliards de dinars. Cela constitue un déficit de 50%. Un déficit financé par la CNAS et le Trésor.