Contrairement à une dizaine de clubs de l'élite qui ont opté pour un coach étranger, le nouveau promu, l'ASAM, a fait confiance à un technicien bien de chez nous, Lakhdar Adjali, l'ex-international qui avait fait les beaux jours du NAHD et d'Amiens, entre autres. Il se veut méthodique, rigoureux et fervent de la discipline et il ne cultive pas la langue de bois. La preuve ? Dans cet entretien, son franc-parler est étonnant et... détonant. Le Soir d'Algérie : Après avoir quelque peu disparu, vous voilà entraîneur en chef du nouveau promu, l'ASAM... Lakhdar Adjali : Non, je n'ai pas disparu. J'ai été l'adjoint de Nacer Sendjak au MOB, puis j'ai drivé Batna pendant vingt jours, ensuite j'ai dirigé Relizane. Mais le grand problème en Algérie, c'est l'état d'esprit. On a instauré le professionnalisme en 2010 mais moi je dis qu'on était de vrais professionnels bien avant. Comment cela ? Je me souviens que lorsque je jouais au NAHD entre 1989 et 1994, on était vraiment des professionnels, parce que le professionnalisme c'était avant tout un état d'esprit et une façon de faire. Or, ce n'est pas en donnant un million de dinars ou plus par mois à un joueur qu'on devient professionnel. Aujourd'hui, tout a changé. La mentalité de la nouvelle génération est différente de mon époque. Les dirigeants ne sont plus les mêmes. Ce sont plutôt des commerçants. Diriger un nouveau promu, c'est un sacré défi pour vous ? Je n'ai jamais eu peur des défis. Je suis quelqu'un qui travaille beaucoup sur le terrain, et mon premier objectif quand je suis rentré au pays en 2014, c'était de prendre en main une équipe nationale des jeunes ou des espoirs. Mais cela n'a pas abouti ? Pourtant j'y croyais, vu mon parcours. Entre 2007 et 2009, j'ai été l'ambassadeur du club d'Amiens au Maghreb. Ensuite, pendant cinq ans, j'étais dans le centre de formation où je me suis occupé de la réserve Pro et des U20. Entre-temps, j'ai obtenu mes diplômes dont l'UEFA «A». En 2014, j'ai rencontré M. Raouraoua et j'avais même été l'auteur d'un exposé. Il semblait intéressé mais il n'y a rien eu de concret. Mes intentions étaient honnêtes, je voulais rentrer au pays pour le servir et transmettre mon expérience et mes connaissances. Vous l'avez fait au niveau des clubs ? J'ai constaté qu'au niveau de la FAF, il n'y avait pas de projet. Il faut savoir que le projet doit être initié au niveau de la Fédération d'abord, ensuite chez les clubs. Moi, je ne suis pas un «khobziste». Au début, dans les clubs on m'appâtait en me disant, nous avons un projet, mais sur place je constatais qu'il n'y avait rien. Aujourd'hui, j'ai compris et j'ai changé de discours. Y a-t-il un semblant de projet à Aïn M'lila ? Non, il n'y a rien du tout. Mon seul projet c'est d'assurer le maintien. J'ai 37 points à récolter au cours de ce championnat et c'est tout. Et c'est du domaine du possible au vu de votre bonne préparation d'avant-saison ? Oui, nous avons fait une bonne préparation avec un stage bénéfique en Tunisie. Je dois reconnaître que la direction du club a été à la hauteur. Quant à l'effectif, je peux vous dire que c'est une équipe qui a été renouvelée à 100%. Voilà qui peut engendrer des difficultés en matière d'adaptation et d'automatismes. Non, moi je compte sur le collectif et le bloc-équipe. Je n'ai pas d'individualités marquantes mais des joueurs qui ont le même niveau que ceux des autres clubs algériens. Vous qui avez porté le maillot du NAHD, ce sera un match particulier pour vous lorsque vous affronterez votre ancienne équipe ? Non, et je considère que Dziri fait un excellent travail. Ni en tant que joueur, ni en tant qu'entraîneur je n'ai croisé la route du NAHD, mais je dois remercier ses dirigeants actuels qui ont mis à notre disposition toutes leurs installations pour qu'on puisse s'entraîner convenablement lors de notre déplacement à Alger le week-end dernier et en particulier «Ammi Larbi» et «Ammi Moussa». Vous allez recevoir l'ogre sétifien, puis vous vous déplacerez à Médéa, puis ce sera la réception de la JSK. Pas tendre le calendrier avec vos débuts ? Non, honnêtement, aucun club adverse ne me fait peur en Algérie. Je fais confiance à mes joueurs et d'ailleurs c'est plutôt eux que je crains mais ils sont bien dans leur tête à 200%, alors, je ne tremble devant personne. Djamel Belmadi est le nouvel entraîneur de l'EN. Vous en pensez quoi ? Djamel est d'abord un ami. Je l'ai connu aussi comme adversaire en France quand il était à Martigues. Mais je l'ai déjà déclaré à plusieurs reprises, le problème du foot algérien ce n'est pas le sélectionneur, mais plutôt le système. On n'a pas pensé à la relève et bien d'autres aspects. A titre d'exemple, en 30 ans, on n'a jamais pu produire un grand défenseur central et la grande perte ce fut Gourcuff. Malgré tout, Belmadi peut-il réussir ? Belmadi a tout pour réussir, mais il faudra l'aider aussi. Avec le soutien, il a des chances de mener à bien l'EN. Mais le soutien de qui ? Le soutien de tout le monde, à commencer par la presse, puis le peuple et les joueurs eux-mêmes. En tout cas, c'est un coach de caractère et ce n'est pas le bonhomme à qui on imposera qui que ce soit. Propos recueillis par Hassan Boukacem